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Macky Sall, président de la République: "L’affaire Karim Wade n’a rien d’exceptionnel"
Publié le mardi 27 octobre 2015  |  Sud Quotidien
Macky
© aDakar.com par DF
Macky Sall démarre sa tournée économique par Saint-Louis
Dakar, le 26 Octobre 2014- Le président de la République, Macky Sall, a démarré sa tournée économique dans la vallée du fleuve Sénégal. La première étape de cette tournée a été marquée par les passages de Mpal et de Saint-Louis.




«L’affaire Karim Wade n’a rien d’exceptionnel !». Dixit, Macky Sall. Le président de la République qui était l’invité du 18h hier, dimanche, de iTélé (France), est largement revenu sur la condamnation de l’ancien ministre d’Etat, non moins, fils de l’ancien Chef d’Etat, Abdoulaye Wade. N’hésitant pas à recadrer, la journaliste, Audrey Pulvar, le président Sall s’est aussi montré souvent agacé par la pugnacité de notre consœur. Sud Quotidien publie pour ses lecteurs quelques extraits de l’entretien.

Affaire Karim Wade

«Déjà candidat, j’avais indiqué que si j’étais élu, j’allais mettre en place des politiques qui allaient lutter contre la gabegie, les détournements de deniers publics, contre la délinquance financière, surtout la délinquance en col blanc qui a fait trop de mal à l’Afrique, qui manque de ressources de toutes sortes. Au moment où nous devons injecter des ressources considérables pour l’éducation, l’agriculture, on ne peut pas laisser une politique de gaspillage s’installer. La justice sénégalaise a pris le temps qu’il fallait, pendant deux ans et demie en respectant absolument, tous les principes de droit pour que les gens soient jugés d’une manière équitable.»
«Maintenant, il y a des personnes qui sont puissantes, qui ont énormément de moyens, qui peuvent recruter énormément de cabinets de communication, d’avocats, qui occupent la place, qui font de leur situation, une situation exceptionnelle. Or, il n’y a rien d’exceptionnel. Ce n’est pas parce que c’est le fils d’un ancien Chef d’Etat que les gens devraient douter du bon fonctionnement de la Justice du Sénégal. Il y a d’autres personnes en prison dans cette affaire. Oui, c’est le fils d’un ancien Chef d’Etat, mais cela ne fait pas de lui une exception. Le Sénégal est une démocratie incontestable et notre Justice est réputée. Ce n’est pas un hasard que l’Union africaine et le monde entier nous ont demandé de juger Hissein Habré».
«Mieux, en dehors de la CREI, nous avons créé une loi, sur la transparence budgétaire, une loi sur la déclaration du patrimoine qui est une première au Sénégal. Nous avons aussi créé l’OFNAC.»
Quid de l’inversement de la charge de la preuve, considéré comme une violation de la présomption d’innocence, par la FIDH?, lui demande Mme Pulvar.
Macky Sall, visiblement agacé, répond: «Je suis président de la République. Je ne suis pas avocat. Je définis la politique et suis garant du bon fonctionnement des institutions. Je ne peux pas rentrer dans ce débat qui est l’affaire des avocats, du tribunal, des magistrats.»
Dépénalisation des délits de presse

«Dans mon pays, il y a eu un débat qui a précédé mon arrivée à la tête du pays. Un Code de la presse a été engagé, le gouvernement l’avait transféré au Parlement, les députés n’ont pas voulu le voter. Je me suis engagé à travailler pour la dépénalisation des délits de presse. Vous ne verrez jamais, sous ma gouvernance, un journaliste mis en prison pour un délit de presse. Mais, il est normal, lorsqu’on intervient sur une matière qui touche à la sécurité nationale, on doit être interpellés, ce n’est pas parce qu’on est journalistes qu’on est au-dessus des lois. Le délit de presse n’est pas dépénalisé mais, les journalistes n’ont aucun risque au Sénégal. Nous y travaillons, j’ai demandé à mon groupe parlementaire de reprendre ce projet et de l’adopter prochainement au Parlement. Ce n’est pas un décret, mais un projet de loi qui est en cours et c’est l’Assemblée nationale qui doit le valider.»
Dépénalisation de l’homosexualité

«Nous avons notre Code de la famille, nous avons notre culture, nous avons notre civilisation. Il faut que les gens aussi apprennent à respecter nos croyances et nos convictions. Au nom de quoi on doit penser que parce qu’ailleurs, on pense que l’homosexualité doit être dépénalisée, que ça doit être une loi universelle ? Au nom de quoi ça doit être une loi universelle ? Il faut respecter le droit également pour chaque peuple de définir sa propre législation. Je ne vois pas pourquoi on doit nous imposer cette vision. Les gens doivent avoir la modestie de comprendre que tous les pays ne sont pas les mêmes, n’ont pas les mêmes histoires, évolutions, chaque pays a son propre métabolisme. Ce sont des problèmes de société, chaque société doit apprécier selon ses capacités. Personnellement, je pense que les gens ont la liberté de faire ce qu’ils veulent, mais ils n’ont pas la liberté d’imposer aux autres ce qu’ils sont. Qu’ils soient homosexuels, c’est leur problème, ce n’est pas mon problème.»
Avortement

«Le droit de l’avortement est abordé chez-nous, il y a des évolutions positives dans le sens où pour certains cas de viol et d’inceste, l’avortement doit être autorisé. Je pense que dans un proche avenir, cette question devra être abordée au Sénégal.»
Une économie jeune et informelle

«Sur une population de 13.6 millions, nous avons moins de 400.000 salariés, mais plus de 2 millions de travailleurs informels. Nous avons lancé une politique de recensement de toute cette économie informelle. Le taux de chômage, je le situerais entre 16 et 18/20%. C’est beaucoup mais nous avons une population très jeune: au Sénégal, 65% de la population a moins de 25 ans. Plus de 70% n’ont pas encore 35 ans, c’est à la fois important mais relativement correct si on intègre tout ce qui est informel et non pris en charge dans les statistiques officielles.»
Le terrorisme en Afrique

«Ce que François Hollande a fait au Mali a été remarquable, si cette opération Serval n’avait pas eu lieu, peut-être, aujourd’hui, on ne parlerait plus du Mali. Ce qui a été fait en Centrafrique, il faut le saluer. Il faut professionnaliser les Armées africaines, et il faut beaucoup de moyens pour aller faire face à ces groupes terroristes, qui n’ont pas de contraintes. L’Etat islamique (EI) a accès à des ressources pétrolières qu’il vend. Ce n’est pas rien si des groupes comme BokoHaram s’allient à l’EI. La Tunisie est un pays ami qui se bat pour contrer le terrorisme dans son pays, qui doit être aidée et accompagnée. La France ne peut pas être seule présente en Afrique, il faut que l’Europe participe pleinement dans cette campagne. Si ces questions se posent chez-nous, elles se posent aussi en France. Les problèmes sont globaux. Nos Etats n’ont pas les moyens de faire face, nos urgences sont ailleurs sur la santé et l’éducation.»
Emigration

«Je récuse le terme de ‘’migration économique’’, il y a une caricature qui est faite. On ne peut pas dire que tous ceux qui sont Africains et qui migrent sont des migrants économiques, ça ne correspond pas à la réalité. Les réfugiés en Europe, ce ne sont pas les Africains, ils font moins de 4% des réfugiés globalement. La question est sensible en ce moment, mais le vrai problème, c’est le drame qui se passe dans la Méditerranée. Près de 3.000 morts, je ne dirais pas dans l’indifférence, mais avec une réponse inappropriée. Faudrait-il dire que tous ceux qui viennent de Syrie sont des réfugiés, et dire que ceux qui viennent du Sud sont des migrants économiques ? Ce ne serait pas juste pour l’Afrique. Nous voulons travailler avec les Européens dans des schémas durables, dans des politiques de développement en amont dans des pays africains pour donner des perspectives à notre jeunesse».
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