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Son mari mort en détention : Un femme interpelle Habré à l’audience
Publié le mercredi 7 octobre 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Après plusieurs années de souffrance suite à la disparition de son époux et la perte de leurs biens, le témoin Fatimé Toumlé réclame justice à la Cour d’assises des Cae (Chambres africaines extraordinaires) et invite Hissein Habré à l’édifier sur la mort de son mari.

Le témoin Fatimé Toumlé a fait sa déposition hier devant la Cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires (Cae). Dans sa
tenue noire qui renvoie au deuil, cette assistante sociale de formation peine encore à oublier la mort de son mari et le fait qu’elle soit
jetée avec ses enfants dans la rue. Après plusieurs années de souffrance, elle attend aujourd’hui de Hissein Habré des explications :
«Je demande à Habré de clarifier la mort de mon mari, c’était son collaborateur direct. C’est la seule
chance qui nous a été offerte aujourd’hui pour vider notre douleur.
Il y a des gens qui croient qu’on est corrompu. On a souffert. Il faut qu’il soit courageux. Il doit édifier le Peuple tchadien et nous
dire la vérité», interpelle-t-elle l’ancien Président du Tchad qui est resté muet à ses côtés. Les faits qui sont à l’origine de la disparition de
son époux remontent à 1987, indique-t-elle. Le diplomate Ha roun Gody a été appelé par Habré. Après l’avoir nommé en 1984 secrétaire
d’Etat à la santé avec rang de ministre, l’ancien Président du Tchad lui avait confié la charge de faire revenir Maldoum Bada Abas
qui avait déserté. Et d’après les informations qu’elle tenait de son défunt mari, Hissein Habré avait demandé à ce que Maldoum quitte
leur maison où il a été hébergé pendant trois mois. D’ailleurs, révèle le témoin, Habré l’aurait même convoqué une fois à l’insu
de Haroun Gody. Depuis lors, les relations entre les deux hommes commençaient ainsi à se dégrader.
Après cette mission, M. Gody a été limogé de son poste de secrétaire d’Etat. En fait, il s’était opposé à l’impunité qu’on voulait faire
bénéficier aux gardes présidentiels qui avaient tué l’oncle de Idriss Miskin. Lequel demandait à ce que
son petit-fils que les gardes avaient renversé avec leur véhicule soit conduit à l’hôpital. En réalité, précise la veuve, les gardes voulaient que l’affaire soit réglée à l’amiable et qu’ils donnent tout simplement de l’argent pour faire le deuil. Une décision à laquelle s’opposait
Haroun Gody. Mais il en avait pris pour son grade. Même son téléphone fixe a été aussi coupé après son limogeage. Et suite à cet incident,
«il a eu vent que Habré est en train de se préparer pour les arrêter. Il m’a dit que l’heure est grave et qu’il ne va pas rester pour
être humilié. Il m’a dit je vais quitter la maison et tâche de prendre soin des enfants et de ma maman.
Il m’a dit aussi que je pouvais vendre la maison en cas de besoin.
Depuis avril 1987, nous n’avons plus eu de ses nouvelles», a-t-elle remarqué. Quelques jours après sa disparition, poursuit le témoin,
«nous avons eu la visite des agents de la Dds, El Djonto, Mahamat Bidon et d’autres». C’est ainsi que «El Djonto» «m’a demandé si je
savais où était mon mari», a-t-elle ajouté. Et après avoir fait l’inventaire de tous les biens de la maison, explique la dame Toumlé, «ils nous
ont laissés avec deux militaires, avant de revenir deux semaines après avec deux camions remplis de soldats pour tout emporter et
nous chasser du domicile». Mais avant de partir, «El Djonto» lui a parlé, dit-elle, d’une lettre que son mari aurait laissée. Il lui a remis après, une note sans adresse en lui demandant de prendre connaissance du contenu qui disait ceci :
«Fatimé, l’heure est très grave et je suis vendu par les miens. Ce que je te demande, c’est de prendre soin des enfants. Je t’aime.» Cette
lettre, reconnaît-elle, émanait bien de son mari.
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