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Témoignage d’une victime de torture au Tchad: ‘’Des fils électriques étaient introduits dans les organes génitaux des détenues’’
Publié le mercredi 30 septembre 2015  |  Enquête Plus
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Le procès de l’ancien président tchadien Hissein Habré a repris hier au palais de justice de Dakar. Deux victimes de tortures ont témoigné des hideuses conditions dans lesquelles elles ont été détenues.



Le procès Hissein Habré entre dans une nouvelle phase, avec les auditions des victimes. Hier, Ahmat Outaman et Garba Akhaye ont été entendus. Premier à comparaître, Ahmat Maki Outaman s’est voulu clair dans ses propos et illustratif. Ce faisant, il n’a pas hésité à se dévêtir, montrant à la face du monde de terribles cicatrices dans son dos. Trois énormes cicatrices qui, en dehors de ses révélations, témoignent des dures conditions dans lesquelles il a été incarcéré du temps du régime de Hissein Habré. Selon le témoin, c’est son ethnie qui était visée : les Ajaraïs.

Au cours d’une attaque qui a duré deux jours, 12 personnes ont été exécutées. Parmi les victimes, des missionnaires et des militaires qui ont été arrêtés, puis exécutés nuitamment au pied de la montagne avant d’être enterrés tôt le matin. ‘’Le Tchad était une nation dirigée par un chef et tout ce qui s’y passait était dicté par ce chef. Je ne connais aucun détail. En ce temps-là, mon âge ne me permettait pas d’expliquer ce qui s’est passé’’, a-t-il confié. ‘’Je ne suis ni historien, ni écrivain pour relater tout ce qui s’est passé. J’étais détenu à la bâtisse des anciens combattants où on m’a malmené, battu.

Leur objectif était d’effacer par un coup d’éponge tout ce qui s’est passé’’, a-t-il laissé entendre d’un ton affligeant. Toutefois, la défense s’est demandé si les blessures du témoin ne sont pas des scarifications traditionnelles. Mais, Ahmat Maki Outaman ne s’est pas démonté. Systématiquement, il a répondu : ‘’Si les gens pensent que ce sont des scarifications, cela n’engage qu’eux.’’

A la suite d’Ahmat Outaman, Garba Akhaye s’est présenté devant la barre. Ayant séjourné 2 ans et 5 mois en prison, le cultivateur a été fossoyeur et cuisinier dans la prison nommée ‘’Locaux’’. Il a révélé que la nourriture, principalement constituée de boulettes à base de manioc et de sauce, n’était distribuée qu’une seule fois dans la journée, précisément à 17 h. Ainsi, il a souligné que tous ceux qui ont perdu la vie en prison ont été victimes des mauvaises conditions d’incarcération. Mieux, le cultivateur, père de 17 enfants, a renseigné que plus d’une fois, il a enterré des corps sans vie.

‘’Chaque jour, on enterrait trois à quatre victimes’’

Continuant à mettre à nu le système de répression mis en place, il a appris au juge que c’est Hissein Habré qui ordonnait que l’on mette des câbles électriques dans les organes génitaux et sur leurs seins des détenues. Un avocat de la défense a voulu savoir si le témoin a assisté à des séances de torture, Akhaye a répondu qu’une fois, il a croisé une détenue, une certaine Médina, qui éprouvait d’énormes difficultés pour marcher. C’est là qu’on lui a dit qu’on avait introduit un câble électrique dans ses parties intimes.

Toutefois, tout au long des auditions des deux témoins, Hissein Habré, comme à son habitude, est resté impassible. Une fois encore, il a été applaudi au moment de sortir de la salle, à la fin de l’audience. Il leur a dit au revoir avec l’inévitable signe de victoire…
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