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Procès de Hissein Habré: Un ex-agent de la DDS demande pardon et invite l’ex-Président tchadien à parler
Publié le mardi 29 septembre 2015  |  Enquête Plus
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




L’ex-chef de service adjoint à la DDS, Bandjim Bandoum, a poursuivi son témoignage dans le cadre du procès de Hissein Habré, mercredi passé. Celui qui est désigné parmi les tortionnaires de la DDS a demandé pardon aux victimes et a invité l’ex-Président tchadien à rompre le silence pour se défendre.



Suspendu depuis mercredi dernier, à cause de la fête de Tabaski, le procès de Hissein Habré reprend ce lundi. Avant la suspension, la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires (CAE) a reçu la suite du témoignage de l’ex-agent de la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité) Bandjim Bandoum. Tout au long du contre-interrogatoire des avocats des parties civiles et de la défense, celui qui est présenté comme un des tortionnaires de la DDS, dans le rapport de la «Commission nationale d’enquête sur les crimes et détournements commis par Hissein Habré de 1982 à 1990 », a persisté à contester cette qualité. ’’Je n’ai jamais torturé de détenu, lors des auditions’’, n’a cessé de dire Bandjim surnommé par les victimes tantôt ‘’Lieutenant Bandjim’’, tantôt ‘’Robert’’ ou ‘’Jacques’’. Lorsque l’un des avocats de la défense lui a demandé d’où lui venait le sobriquet de Lieutenant, il a répondu : ‘’Je ne sais pas et je n’étais pas gradé.’’

Bien qu’il nie avoir fait usage de torture, Bandjim a exprimé des regrets et a demandé pardon aux victimes. ‘’Je demande pardon à tous ceux que j’ai eus à blesser par mon travail à la DDS. Je leur demande pardon, car j’ai couvert des atrocités. Même si cela n’est pas suffisant, je leur demande pardon’’, a imploré l’ex-agent de la DDS qui dit regretter avoir été ‘’une baïonnette intelligente’’. .

Par ailleurs, il est revenu sur les raisons pour lesquelles il a décidé de témoigner, malgré les menaces reçues. ‘’Je n’ai subi aucune pression. J’ai décidé de témoigner, même si c’est au prix de ma vie’’, a-t-il déclaré à l’endroit de Me Williams Bourdon. Pour attester de sa bonne foi, l’ex-responsable de la DDS a laissé entendre qu’il aurait voulu être confronté avec Hissein Habré. C’est pourquoi il l’a invité à rompre le silence. ‘’Moi, j’ai pris mes responsabilités, en décidant de témoigner. Je lui demande de faire autant et de dire un mot. Les Tchadiens en ont besoin pour se réconcilier. Donc, je lui demande de parler’’, a lancé le témoin à l’endroit de l’ex-Président tchadien. Cet appel a laissé de marbre Hissein Habré qui, durant l’interrogatoire, jetait un œil méprisant à son ex-homme de confiance d’hier devenu son accusateur d’aujourd’hui.

Assane Dioma Ndiaye descend le témoin

Depuis le début du procès de Hissein Habré, ce sont uniquement les avocats constitués pour la défense de l’ex-Président tchadien qui malmenaient les témoins à charge. Mais mercredi passé, bien que témoignant à charge, Bandjim Bandoum a été critiqué par Me Assane Dioma Ndiaye, un des conseils des victimes. L’avocat sénégalais semble être dérangé par le rôle d’agent, tout passif que l’ex-responsable de la DDS désigné comme tortionnaire s’est octroyé à la barre. ‘’Avez-vous les mains tachées de sang ou vous estimez que vous êtes blanc comme une colombe ?’’, à cette question de Me Ndiaye, il a répliqué sans sourciller : ‘’J’ai arrêté des gens, j’ai auditionné des gens, mais je n’ai pas torturé. J’ai vu des gens torturer. J’ai entendu des cris au sein de la BSIR’’.

‘’Donc, vous êtes un îlot de lumière dans un océan d’obscurantisme’’, a réagi Me Ndiaye, surtout que non content d’alléguer qu’il n’a jamais torturé, Bandjim a même soutenu qu’il était sociable, c’est pourquoi, lorsqu’il a été arrêté, ses ex-collègues s’étaient montrés humanistes à son endroit. Mais le témoin n’a pas su convaincre l’avocat. Revenant à la charge, Me Ndiaye a asséné : ‘’Nous avons un problème de conscience, en tant qu’avocat. Je ne vous accuse pas, mais vous étiez au cœur d’un système où vous aviez eu de hautes responsabilités. Mais nous avons les déclarations d’une victime qui affirme que vous l’avez torturée’’. Face à ces propos du conseil, le témoin a vite fait de se défendre. ‘’Pour moi je n’ai pas torturé. Si vous faites allusion à Ginette, j’ai assisté à son audition dans le bureau de Issa Arway’’ a confié Bandjim.

Contrairement à Me Assane Dioma Ndiaye qui s’est montré dubitatif par rapport au témoignage de l’ex-agent de la DDS, Me Mbaye Sène est catégorique. ‘’Vous racontez des contrevérités quand vous dites que vous n’avez jamais assisté à une torture’’, a-t-il lancé au témoin. Très en verve, Me Sène de poursuivre : ‘’Votre posture de témoin, dans le cadre de ce procès, est troublante. Le fait que vous ne soyez pas poursuivi ne vous paraît pas inquiétant alors que vous avouez être auteur de certaines accusations et la personne attraite, le Président Habré, clame son innocence ?’’ Et d’ajouter sur la même lancée : ‘’Qu’est-ce qui vous vaut cette impunité ? Vous ne la trouvez pas bizarre ? On vous a aménagé une impunité qui ne dit pas son nom.’’ ‘’L’Etat tchadien a émis un mandat d’arrêt contre moi et je n’ai pas acquis la nationalité française. Si j’étais convoqué par la justice tchadienne, je répondrais’’, a tenté de se défendre Bandjim Bandoum.

A juste titre, la défense a souhaité qu’il soit à la disposition de la Chambre pour une future confrontation avec la victime nommée Ginette. Une cause perdue, du fait qu’aucune contrainte ne pèse sur Bandjim Bandoum qui doit retourner en France où il vit en exil.
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