Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Machine de répression pendant le régime d’Hissein Habré: La DDS soutenue par les puissances occidentales
Publié le jeudi 17 septembre 2015  |  Sud Quotidien
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




La Direction de la documentation et de la sécurité (Dds), police de «répression» du régime d’Hissein Habré dont les agissements sont, en parti, à l’origine des charges (actes de torture, crimes de guerres et crimes contre l’humanité) retenues contre l’ancien président tchadien, était soutenue par des puissances occidentales telles que les Etats Unis et la France. L’annonce est du président de la Commission d’enquête sur les détournements et crimes commis par Hissein Habré, Mahammad Hassane Abakar. Hier, mardi 15 septembre, il était à la barre de la Chambre africaine extraordinaire d’assises pour sa déposition.

Les puissances occidentales, alliées d’Hissein Habré pendant son magistère, appuyaient la Direction de la documentation et de la sécurité. Selon le président de la Commission d’enquête sur les détournements et crimes commis par Hissein Habré, Mahammad Hassane Abakar, Hissein Habré avait le soutien de l’ancien président américain, Ronald Reagan. Mieux, indique-t-il, chaque mois, les Etats-Unis allouait à la structure une aide de 5 millions.

A en croire Mahammad Hassane Abakar, une source tirée des archives de la Dds indique qu’une hausse de 5 autre millions était demandée par la Direction de la documentation et de la sécurité. La France a aussi apporté son soutien à la Dds. De l’avis du président de la Commission d’enquête sur les détournements et crimes commis par Hissein Habré, elle donnait des conseils au directeur de la Dds. D’autres puissances comme l’Irak et le Zaïre ont aussi appuyé la structure mise sur pied par Hissein Habré.

VIOLATIONS DE DROITS HUMAINS A LA DDS: HISSEIN HABRE INFORME DES EXACTIONS

Hissein Habré était bien au fait des «brutalités» commises sur des prisonniers de la Direction de la documentation et de la sécurité. La remarque est du président de la Commission d’enquête sur les détournements et crimes commis par Hissein Habré, Mahammad Hassan Abakar. Lors de sa déposition hier, mardi 15 septembre, il a indiqué que la création de la Direction de la documentation et de la sécurité est voulue par Hissein Habré. Selon le témoin Mahammad Hassane Abakar, l’instauration de la Dds répond à la volonté de l’ancien président tchadien de terroriser et de confiner ses compatriotes dans une soumission totale. Mieux, ajoute-t-il, la Direction de documentation et de sécurité a été crée par Décret présidentiel, daté du 25 janvier 1983. Selon ce texte, elle était directement rattachée à la Présidence de la République du fait de la confidentialité de ses activités. De plus, il revenait aussi à Hissein Habré de nommer les directeurs et autres responsables de la Direction de documentation et de sécurité. Pour Mahammad Hassan Abakar, tous ceux portés à la tête de cette structure étaient des hommes de confiance d’Hissein Habré ou ses proches parents.

Les témoignages des anciens agents de ce service révèlent aussi, selon le témoin, qu’Hissein Habré était le maitre de la Direction de la documentation et de la sécurité. Citant l’ancien directeur de la structure, Saleh Younous, Mahammad Hassane Abakar affirme: «en quelque temps, Hissein Habré a transformé la Dds en un instrument de la terreur, contrairement à sa mission première qui était d’informer le président de la République sur le fonctionnement des services étatiques». Le témoin indique, par ailleurs, que l’ancien ministre de l’Intérieur sous le régime d’Hissein Habré, Jimmy Torgoum, lui a dit qu’aucun responsable étatique ne pouvait s’immiscer dans les affaires de la Direction de la documentation et de la sécurité, excepté le président de la République.

Ainsi donc, la Dds était «la chose personnel d’Hissein Habré», trouve Mahammad Hassane Abakar. Et de rapporter qu’un ancien agent de la Dds, Abass Abu Biraim, a affirmé avoir reçu l’ordre de son directeur, à l’époque Djiguiny Koré, de réprimer tout les membres de l’ethnie Zaghowa. Une décision prise par le président de l’époque Hissein Habré, dit le témoin. Selon le témoignage de l’ancien coordonateur de la Dds, Mahamat Djibrine plus connu sous le sobriquet d’El Djonto, et rapporté par le président de la commission, les exécutions des prisonniers se faisaient sur ordre du président de la République.

Habré recevait des rapport de la Dds au quotidien

Le chef de l’Etat d’alors était quotidiennement informé des activités de la Dds qui lui envoyait des fiches de renseignement. Des informations tirées des archives de la structure l’attestent, a indiqué le Procureur général, Mbacké Fall. Le président de la Commission d’enquête sur les crimes et détournement d’Hissein Habré, considère également qu’Hissein Habré était belle et bien informé des activités de sa structure. A son avis, l’ancien président tchadien est d’un caractère strict que ses hommes ne pouvaient manquer de lui rapporter le quotidien de la Dds. Mieux, ajoute-t-il, il avait plusieurs sources de renseignement. Des renseignements généraux, la sécurité présidentielle et d’autres informateurs étaient à sa disposition. Selon Mahammad Hassane Abakar, cette Direction de la documentation et de la sécurité était l’organe de veille du chef de l’Etat. De l’avis du témoin, même le personnel subalterne du service était nommé par le président de la République.

DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS : La commission d’enquête mouille Habré

A son départ du Tchad, en novembre 1990, Hissein Habré a emporté 3,5 milliards du Trésor public, selon Le président de la commission d’enquête sur les détournements et crimes d’Hissein Habré. Si l’on en croit Mahammad Hassane Abakar, Hissein Habré avait justifié la requête de la somme au Trésor public par l’achat d’armes destinées à combattre la rébellion. La somme en question est retirée de la Banque centrale des Etats de l’Afrique central à travers un chèque daté du 29 novembre de la même année. L’argent est mis, dit-il, dans des sacs contenant 500 millions chacun. Par ailleurs, Mahammad Hassane Abakar a aussi souligné qu’Hissein Habré avait soutiré de l’argent aux ministères et autres services étatiques. Le parquet général, Mbacké Fall, a rappelé qu’un immeuble appartenant à l’inculpé avait été saisi dans le cadre de l’enquête.

RETRAIT D’HISSEIN HABRE DE LA SALLE D’AUDIENCE : Le moment attendu par ses proches

Chaque jour, les proches de l’ancien président tchadien qui assistent au procès attendent ce moment avant de quitter la salle. Hissein Habré, à l’heure de la pause ou à la fin de journée, communique avec ses parents de la même manière. Il se lève de sa chaise, les mains levées en signe de victoire. Ses proches applaudissent, il avance au milieu de ses gardes et rejoint le box des accusés. Là, il s’arrête pour son deuxième signe de victoire puis disparait avec sa tenue blanche et son turban. C’est à cet instant qu’il sort de son mutisme pour lancer quelques mots de réconfort à ses soutiens. Mais, depuis quelques temps, Hissein Habré a rompu avec cette habitude. Il quitte la salle d’audience aphone.

CHARGES RETENUES CONTRE HISSEIN HABRE : Le parquet montre ses preuves

Les vidéos sont très prisées dans le procès d’Hissein Habré. Hier, à l’audience, sur demande du Procureur général, Mbacké Fall, un compte rendu de la visite de la Commission rogatoire a été projeté. Une vidéo d’une cinquantaine de minutes est revenue sur l’exhumation des fosses communes et la visite de la Direction de la documentation et de la sécurité par les juges d’instruction. Des documents administratifs signés par Hissein Habré ont été montrés. Pendant la diffusion, certains proches d’Hissein Habré ont préféré quitter la salle. L’accusé, quant à lui, est resté impassable, indifférent de son entourage. Comme à l’accoutumée, cloitré sur sa chaise, il est resté imperturbable. En diffusant cette vidéo, indique le Procureur général, Mbacké Fall, le parquet prouve que les accusations retenues contre Hissein Habré ne sont pas basées sur de simples suppositions. Pour rappel, Hissein Habré est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de torture.
Commentaires