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Morcellement du parking du stade Léopold Senghor : les chiffres du scandale
Publié le mercredi 16 septembre 2015  |  Le Quotidien




Le pillage organisé sous l’ère Abdoulaye Wade ne semble pas avoir freiné leur ardeur. Des promoteurs immobiliers s’activent encore pour s’accaparer d’une autre partie de la réserve foncière du stade Léopold Senghor. Un terrain très convoité car composé de 54 parcelles. Et pour y arriver, près de 40 millions Cfa ont été mobilisés pour faire déguerpir les principaux occupants : les mécaniciens et les moniteurs d’auto-école.

Le stade Léopold Senghor étouffe. N’ayant presque pas d’issue de secours, l’infrastructure sportive, inaugurée en 1986 et construite grâce à la coopération chinoise, n’a que peu d’espace qui s’offre à elle. Pour autant cela ne fait pas reculer les promoteurs qui cherchent à avoir une emprise sur la dernière réserve foncière du parking.
Déjà agressé du temps du régime de Abdoulaye Wade, le parking du stade Léopold Senghor continue donc d’être la proie des promoteurs immobiliers, comme révélé hier par le Populaire.

Un site de 54 parcelles fait aiguiser les appétits
Mais ces promoteurs affamés après avoir convaincu… financièrement les mécaniciens à vider les lieux, doivent faire face à un autre front, celui des responsables d’auto-école. Ces derniers tiennent à conserver l’espace où se déroulent les examens pour se faire délivrer un permis de conduire. Et ce n’est pas la manne financière annoncée qui va les faire reculer.
A notre passage sur les lieux samedi matin, il y avait de la tension dans l’air lorsqu’un entrepreneur (un certain M. Thiam) était venu pour tenter d’ériger un mur de clôture sur le site sur instruction dudit promoteur. Les moniteurs des auto-écoles s’y sont opposés déployant des gorges chaudes avec l’entrepreneur.
Tentant de se dédouaner, ce dernier de déclarer : «Je n’y suis pour rien. On m’a demandé de boucler le 4e mur. Vous avez affaire avec le promoteur mais pas avec moi. Je ne suis qu’un simple exécutant», s’est défendu le promoteur. Avant de s’engouffrer dans sa voiture pour quitter le parking.

40 millions Cfa pour convaincre les déguerpis
Des explications qui n’ont guère convaincu ces moniteurs d’auto-école qui tiennent à rester sur les lieux. «Si c’est pour l’intérêt public, on est prêts à faire des concessions. Mais si c’est pour entretenir un privé, nous ne sommes pas prêts à céder», a indiqué Alioune Badara Daffé, un des moniteurs. «Ça fait une semaine qu’un promoteur s’est pointé pour dire que ce site lui appartient. Tout le monde doit déguerpir. Qu’il ne compte pas sur nous pour nous déguerpir sur son injonction. Il a amené des nervis. Et ils ont commencé à déplacer les pneus qui constituent les créneaux pour le passage du permis de conduire. On dit non !», a-t-il pesté. Avant de faire des révélations : «Si le site en question lui appartient, pourquoi le promoteur s’entête-t-il à dédommager les mécaniciens à hauteur de 40 millions Cfa pour les faire quitter ?», s’interroge M. Daffé. «Si le site m’appartient, je n’ai pas besoin de dédommager qui que ce soit. Je viens et je prends mon site. Donc cela prouve que les choses ne sont pas claires», ajoute t-il.
Ne disposant d’aucune information concernant le ou les promoteurs, qui semblent évoluer dans l’ombre, Alioune Badara Daffé de souligner que lorsqu’ils aménageaient là-bas on leur avait fait comprendre que le site fait partie de la réserve foncière du stade. «Alors si cette réserve foncière doit être octroyée à une seule personne, ça pose un réel problème. 120 auto-écoles font passer les permis de conduire à leurs clients ici», s’offusque le responsable de la structure regroupant les moniteurs d’auto-école. «Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre ni des jusqu’au-boutistes. Mais on ne va pas se laisser marcher sur les pieds», prévient-il. «Ça fait des décennies qu’on est là. On n’a jamais eu de problèmes. On a fait une cohabitation paisible avec les mécaniciens jusqu’à qu’on les déguerpisse en les dédommageant avec une enveloppe de 40 millions. Nous sommes des agents de l’Etat par transversalité. C’est l’Etat qui doit délivrer le permis aux Sénégalais. On demande un peu de respect quand même», a-t-il conclu.

Une seule parcelle évaluée au moins à 30 millions Cfa
Hier, nous avons fait une nouvelle descente sur les lieux. Le même entrepreneur continuait à ériger le mur de clôture sous les yeux des moniteurs d’auto-école. Ces derniers ont donné rendez-vous ce mardi matin, aux candidats pour l’examen du permis de conduire. «Ils seront près de 800 personnes. On va voir si on va leur interdire l’accès. En tout cas, on est déterminés», a lâché notre interlocuteur.
Il faut dire que l’enjeu financier est réel concernant ce site. En effet, selon diverses sources, avec ces 54 parcelles, le promoteur va se frotter les mains. «Le site est très bien situé. Du coup, une parcelle dans cette partie de Dakar ne coûte pas moins de 30 millions Cfa. Et amusez-vous à multiplier 30 millions par 54… », lance un de nos interlocuteurs bien au fait du dossier. Des chiffres qui donnent le tournis. Reste à savoir si l’Etat va laisser faire…

Où est le ministère des Sports ? Où est l’Etat ?
Décidemment, il y a lieu de se demander : on est dans quel pays ? Est-ce qu’il y a une autorité dans ce pays ? En fait, voilà un pays où on laisse chacun faire ce qu’il veut, même si ce n’est pas dans l’intérêt national.
Ce qui se passe depuis quelques jours sur le parking du stade Léopold Senghor, c’est un vrai scandale ! En effet, comment comprendre qu’au moment où le Sénégal est incapable d’avoir une salle de basket aux normes internationales que des privés se permettent de construire sur le parking d’un stade. Un espace où tout le monde est d’accord qu’une nouvelle salle de basket peut y être construite.
Mais ce qui est incompréhensible, c’est la manière dont la première autorité concernée, le ministère des Sports, gère ce dossier. Contacté par Le Quotidien, le Directeur de cabinet du ministre des Sports, Ibrahima Ndao, avait essayé de se défausser sur l’adjoint de la directrice du stade (en voyage aux Jeux Africains). Avant de se résigner à communiquer. Mais dans ses propos (voir par ailleurs), on devine que la tutelle, bien qu’étant au courant, n’a jusqu’à présent posé aucun acte concret. Comme par exemple demander l’arrêt des travaux. Pendant ce temps, le promoteur continue de dérouler à sa guise, son plan d’agression du site, au vu et au su de tout le monde.
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