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Après les comptes dormants: l’Etat va-t-il s’attaquer aux coffres... silencieux ?
Publié le mardi 18 fevrier 2014   |  Le Temoin


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© Autre presse par DR
Ministère de l`économie et des finances


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Gorgui El Haj, surnommons le ainsi, est un homme d’affaires très actif malgré le poids de l’âge. Honorable père de famille, il vient de décéder. Une mort survenue de façon brutale comme dans la plupart des cas de disparitions. Le défunt a laissé deux épouses et plusieurs enfants. Comme pour tout bon musulman, il faut procéder au partage de son héritage conformément aux recommandations et aux exigences de l’Islam. Parce que l’on est dans un pays de croyance ou de “guem yallah” où il est rare de se préoccuper de sa propre succession avant l'âge de la retraite ou la mort. Et pour cause, tant que l'on n'a pas fini de se constituer un patrimoine et d’épouser une “niarel” ou une “niétel”, la question ne se pose pas vraiment ! Le testament est un sujet tabou s’il n’est pas considéré comme une affaire des “toubabs”. C’est pour cela qu’au Sénégal comme dans toutes les sociétés africaines, les morts sont matériellement et financièrement dépouillés jusqu’au chapelet et autres babouches pour le partage équitable des biens à hériter. À cet effet, les valises, les armoires et les baluchons sont fouillés par les ayants droit afin de pister et lister tous les biens laissés par le défunt. Et souvent, au cours des fouilles minutieuses, il arrive de retrouver des traces de chèques et autres virements, lesquels permettent de remonter jusqu’aux différents comptes ouverts de son vivant par Gorgui El Haj dans les livres de certaines banques de la place. Vous voyez qu’il n’est pas facile de faire disparaître les traces des avoirs placés dans les banques comptes bancaires ! Sauf quand il s’agit d’un coffre bancaire. Parce que si les comptes courants ou d’épargne sont plus faciles à être identifiés et localisés, encore que ce ne soit pas toujours évident, il n’en est pas de même pour les coffres et surtout les coffres à code dont des chiffres commandent l’ouverture. Dieu sait qu’ils sont très nombreux les titulaires qui emportent dans leur tombe le code secret de leur coffre contenant des bijoux, des devises, des titres fonciers et autres objets de valeur. C’est connu, toutes les grandes banques leaders de la place comme la Bicis, la Sgbs, la Cbao-Attijariwafa etc. proposent des services pour la location de coffres moyennant des tarifs variant entre 100.000 fcfa et 175.000 fcfa/an. Tout dépend des modèles, petits ou grands. Toujours est-il que, jusqu’à il y a dix ans environ, nous explique-t-on, la procédure relative à la location de coffres renfermait des dispositions très rigoureuses et compliquées pour la sécurité et la sûreté des lieux. Car, pour accéder aux compartiments des coffres, il faut être l’unique propriétaire donc seul à en détenir la clé. Mieux, la banque ne dispose pas du double de votre clé. En cas de perte, il faut toute une procédure pour obtenir un double suivie d’une opération délicate consistant à faire recours à un serrurier pour ouvrir le coffre. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, la plupart des banques ont acquis des coffres à code numérique. Et qui dit code dit forcément code secret ! Combien de personnes, propriétaires de coffres, sont décédées sans que les héritiers ou proches sachent qu’elles détenaient des coffres dans les banques ? Beaucoup ! Il est donc question de s’attaquer aux coffres dormants pour ne pas dire “silencieux”. À en croire un ancien directeur général d’une banque à la retraite, il est rare de voir des fondés de pouvoir se donner la peine d’enquêter pour localiser les familles dont les défunts parents étaient propriétaires de coffres bancaires. Même s’il s’agit d’un gros ou célèbre client dont la nouvelle de sa mort était connue de tous ! D’ailleurs, confie notre banquier à la retraite, c’est ce qui explique l’existence de nombreux comptes dormants ou coffres « silencieux » au niveau de certaines institutions bancaires. « En général, la plupart des locataires de coffres ont des comptes courants ou d’épargne dans la même banque. Et comme les frais de location de coffres sont systématiquement défalqués du compte du titulaire, le fondé de pouvoir dispose de toutes les informations lui permettant de faire la confrontation entre le compte dormant et le coffre dont les titulaires n’ont plus fait signe de vie » explique notre spécialiste sans trop entrer dans des détails pouvant laisser apparaître la « mauvaise » foi des banques. Une “mauvaise” foi que M. Amadou Ba, l’actuel ministre de l’économie et des finances, aurait devinée lorsqu’il révélait que l’État du Sénégal avait pisté près de 4000 comptes créditeurs abandonnés par leurs propriétaires depuis plusieurs années. C’était à l’Assemblée nationale lors du vote du projet de loi uniforme relatif au traitement des comptes dormants dans les livres des organismes financiers des États membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Face aux députés, le ministre des Finances avait fait état de montants estimés entre 1 et 2 milliards fcfa. “Le Témoin” ne veut pas être plus royaliste que le roi... Mais, mais cette somme estimée à moins de 2 milliards fcfa semble être trop minime par rapport à l’ensemble des banques et établissements financiers du Sénégal. Surtout par rapport à la grosse clientèle sénégalaise et dans un pays où l’espérance de vie à la naissance est de 60 ans environ. Encore, le Sénégalais est fortement enraciné dans la culture de la discrétion quand il est question de parlerd’argen : “Khaliss bougoul thiow !”. L’argent n’aime pas le bruit… N’est-ce pas, honorable banquier à la retraite ? « En tout cas, un bon banquier ne déclare jamais les gros montants concernant les comptes dormants... Surtout des montants qui doivent être reversés dans les livres de la Caisse des Dépôts et Consignations de l’Etat. Car la matière première d’une banque, ce sont les dépôts » reconnaît cet ancien directeur de banque à la retraite que nous avons rencontré ( voir encadré). À l’analyse, « Le Témoin » est convaincu que les montants qui dorment dans les banques de la place dépassent de loin ceux avancés en toute honnêteté par le ministre de l’Economie et des Finances. Car les banques n’en déclareront jamais l’exhaustivité ! Et malgré sa bonne volonté, M. Amadou Ba aurait du mal à réveiller tous les comptes dormants existant dans l’ensemble des banques du Sénégal. Quant aux coffres “silencieux”, ce sera une autre paire de manches. Qu’importe ! Néanmoins, il n’est pas interdit à l’Etat de faire parler ces coffres “silencieux” au profit des ayants-droits. Car, banque “dou mbok”!
Pape NDIAYE

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