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Le parcours politique de Habré retracé devant la barre
Publié le mercredi 9 septembre 2015  |  Agence de Presse Sénégalaise
Hissène
© Autre presse par DR
Hissène Habré, l`ancien président du Tchad poursuivi au Sénégal pour crimes contre l`Humanité




Arnaud Dinguamadji, chercheur et historien tchadien faisant partie de la centaine de témoins retenus dans le cadre du procès de l’ancien président du Tchad, a été présenté mercredi devant la barre pour retracer le parcours politique de Hissène Habré en vue d’aider les juges à ‘’mieux cerner le contexte historique’’ des faits pour lesquels il est poursuivi.

Au quatrième jour du procès, les jurés ont voulu commencer par l’interrogatoire d’identité de l’accusé. Mais Habré a refusé de se présenter devant la barre, restant fidèle à sa ligne de défense de départ depuis le début : le silence total.

La Cour a autorisé la diffusion d’un élément radiophonique, à la demande du procureur général, sur le parcours de Habré, en attendant l’arrivée des deux témoins dont l’audition était prévue pour cette journée de mercredi.

Après la diffusion de l’élément sonore, M. Dinguamadji est appelé à la barre pour le début de son témoignage. ‘’Je suis né en 1976. Quand Habré prenait le pouvoir en 1982, je n’avais que six ans et quand il le quittait en 1990, je n’avais que 14 ans. Donc mon témoignage ne peut pas viser la culpabilité ou l’innocence de l’accusé. Il sert à présenter le contexte et situer les enjeux’’, a précisé l’historien tchadien.

Habillé d’un ensemble de costume noir, la voix posée, debout au niveau du prétoire, un long micro braqué devant lui, Arnaud Dinguamadji, le bras levé a juré ‘’de dire la vérité et toute la vérité sans haine et sans crainte’’.

Auteur d’un rapport lors de la phase d’instruction sur la vie politique tchadienne, sous le régime de Habré, Arnaud Dinguamadji, est longuement revenu sur ses différentes activités d’enseignement, de recherche et de journalisme.

Connu sous le nom de Pape Samba, son nom de plume, celui qui a ouvert le bal des témoignages dans le cadre du procès, est l’auteur de quatre ouvrages sur les origines et l’itinéraire des chefs d’Etat tchadiens et les acteurs politiques de premier plan.

‘’Habré fut un enfant très intelligent qui aimait beaucoup lire et qui a fréquenté l’école primaire catholique. Après le Baccalauréat, il a été vite repéré et recruté dans l’administration. Il fut sous-préfets dans plusieurs localités avant de partir en France pour la poursuite de ses études supérieures’’, a expliqué le témoin à côté d’un Habré impassible.

‘’Habré a ensuite bénéficié d’une bourse pour partir à l’Institut des hautes études d’Outre-mer de Paris où il obtient un diplôme en droit. Il recevait en même temps des cours à Science Pô de Paris, mais il est rentré au pays sans soutenir sa thèse d’Etat’’, a poursuivi Arnaud Dinguamadji.

A son retour de Paris, Hissène Habré s’est lancé dans une phase d’émergence politique en 1971 avec la mise en œuvre d’une stratégie basée sur la prise d’otage notamment pour se faire un nom à l’international et bénéficier des fonds pour alimenter ses troupes, analyse le spécialiste de la vie politique tchadienne.

Selon lui, Habré a contribué à l’instrumentalisation des clivages religieux et ethniques au Tchad. ‘’Il s’était présenté comme le grand défenseur des intérêts de la communauté musulmane contre le pouvoir central’’.

’’Cela a beaucoup alimenté les clivages ethno-religieux qui ont débouché sur une guerre civile en 1979’’, a signalé le témoin en projetant des photos des différents acteurs politiques de l’époque dont Habré.

Il a décrit Habré comme une personne ‘’dévorée par l’ambition irrésistible d’arriver au pouvoir avec parfois des méthodes violentes faites de massacres et de guerres et l’homme politique le plus radicalement opposé au régime de Mouamar Kadhafi’’.

‘’Cela fait qu’Habré était perçu comme l’homme politique tchadien capable de ramener la paix et de freiner l’hégémonie libyenne sur le Tchad notamment au niveau de la bande d’Aouzou. Il était le dernier rempart pour les Occidentaux pour se débarrasser de Kadhafi’’, analyse l’historien, rappelant les voyages ‘’en grande pompe’’ de M. Habré à Washington et à Paris.

Au cours de son témoignage, qui va se poursuivre dans l’après-midi, Arnaud Dinguamadji est longuement revenu sur les différentes phases de la vie politique tchadienne sous le régime de Hissein Habré.
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