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Refus de comparaître à la reprise de son procès: Hissein Habré amené de force par des gardes pénitentiaires
Publié le mercredi 9 septembre 2015  |  Sud Quotidien
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Face au refus d’Hissein Habré de participer à l’audience, il a été amené de force par des éléments de la brigade pénitentiaire d’intervention. Cette décision est survenue après que l’ancien président tchadien a décidé de ne donner aucune suite favorable à l’ordonnance de comparaitre qui lui a été délivrée par un huissier. Et il en sera ainsi, prévient le président Gberdao Gustave Kam, à chaque fois qu’Hissein Habré refuserait de répondre à l’appel de la cour. Hissein Habré a refait face aux juges de la Chambre africaine extraordinaire d’assises hier, lundi 7 septembre, après une suspension de 45 jours.

Face à son refus d’entrer dans la salle d’audience, Hissein Habré a été porté par les forces pénitentiaires (à l’audience). L’ancien président tchadien est ainsi amené à la barre car, soutient, le juge Gberdao Gustave Kam, Hissein Habré a refusé de prendre l’ordonnance de comparaitre qui lui a été délivrée par le greffier. Mieux, indique le président de la Chambre africaine extraordinaire d’assises, une lecture du contenu lui a été faite, malgré tout Hissein Habré a refusé de céder. Ainsi, dès son installation à la place qui lui est réservée, Gberdao Gustave Kam lui a signifié que la décision est prise par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) qui ont l’obligation de le faire comparaitre s’il refuse de collaborer. De même, le président de la Chambre africaine extraordinaire d’assises a aussi informé qu’une telle attitude sera toujours adoptée à chaque fois qu’Hissein Habré refuserait de répondre à l’appel de la cour.

Auparavant, juste après la reprise du procès à 9 heures passées d’une dizaine de minutes et la présentation des deux parties, le président de la Chambre africaine extraordinaire d’assises, Gberdao Gustave Kam, ayant constaté l’absence de l’inculpé, a demandé au procureur général, Mbacké Fall, les raisons de la non comparution d’Hissein Habré. Ce dernier de répondre que l’ordre d’extraction a été envoyé au directeur de la prison du cap manuel et l’inculpé est à la cave du tribunal de Dakar. L’ordre fut ainsi donné au directeur de la prison d’amener Hissein Habré de force à l’audience.

Les minutes s’écoulent et pas l’ombre de l’ancien homme fort de Ndjamena. Et le juge de s’inquiéter de la lenteur de l’exécution de l’ordre de comparution, ce l’oblige même à demander au Procureur général près les CAE ce qui retient Hissein Habré à l’extérieur. Ce dernier attendant une notification de l’administration pénitentiaire fut finalement informé du refus de Hissein Habré de se présenter dans la salle d’audience. Après des interrogations, Gberdao Gustave Kam informe l’audience que l’ordonnance d’extraction envoyée à l’inculpé était libellée de sorte qu’elle ne concerne uniquement que la journée du 21 juillet. Une nouvelle ordonnance l’obligeant à comparaitre fut ainsi rédigée par le greffier, Malick Fall, et l’audience suspendue pendant une vingtaine de minutes. A la reprise, Me Assane Dioma Ndiaye, avocat des victimes a rappelé à la cour qu’elle dispose de moyens pour faire comparaitre l’accusé. Mieux, la partie civile a aussi souhaité qu’Hissein Habré se présente à l’audience à visage découvert, sans son turban. L’avocat commis d’office Mounir Ballal a, quant à lui, laissé au juge le soin d’apprécier la décision à prendre.

AMENE DE FORCE A LA SALLE : Habré sème la «pagaille» à l’audience

Amené contre son gré à la barre des Chambres africaines extraordinaires, Hissein Habré a tenté, dans la mesure du possible, de s’opposer à la décision de la cour. Outre son refus de s’asseoir à la place qui lui est réservée, il s’est aussi mis à parler dès l’entame de la lecture de l’ordonnance de renvoi. Le procès d’Hissein Habré a repris, hier lundi 7 septembre à la salle 4 du Palais de justice Lat Dior de Dakar après une suspension de 45 jours.

Le «combat» entre Hissein Habré et les Chambres africaines extraordinaires s’annonce âpre. En effet, amené de force dans la salle d’audience, l’ancien président tchadien a refusé de s’assoir sur sa chaise. Ainsi, ses gardes étaient obligés de le retenir. Pis, Hissein Habré a notifié à la cour que sa comparution est non conforme à la loi. « Chambres illégales et hors la loi» a-t-il dit à l’équipe de Gberdao Gustave Kam.

Décidé à se faire entendre, il s’est mis à crier: « Libre et indépendant, à bas le néocolonialisme». Récusant toujours la cour, l’ancien président tchadien entonne une chanson dès l’entame de la lecture de l’ordonnance de renvoi. «Taisez-vous, taisez-vous, taisez-vous», venant d’une voix fébrile perturbe la quiétude de la salle 4 du Palais de justice Lat Dior de Dakar où le moindre bruit est surveillé par des gendarmes décidés à faire respecter la l’ordre.

Par ailleurs, à la lecture des charges retenues contre lui, Hissein Habré s’emporte et lance: «mensonge, mensonge». Fatigué par la lecture de l’ordonnance (l’acte d’accusation) longue de 196 pages, l’ancien président s’est quand-même tu pendant un moment. Hissein Habré est allée à la pause dans le vacarme. Acclamé par ses proches, il a quitté la salle, les mains en l’air, symbole de la résistance. Au retour de la pause, Hissein Habré est amené de force, comme ce fut le cas à l’ouverture du procès, soulevé par les éléments de la brigade pénitentiaires d’intervention.

Des proches d’Hissein Habré ont aussi désavoué les Chambres africaines extraordinaires. Dés qu’Hissein Habré s’est présenté à l’audience, porté par les gardes pénitentiaires, certains de ses proches éparpillés dans l’assistance se sont emportés et ont déclaré: «arrêter cette mascarade, bande de corrompus». D’autres, mécontents du traitement infligé à l’ex-homme du Tchad, crient leur amertume. «Ce que vous faites est inhumain», disent-ils. Ils sont expulsés de la salle d’audience manu militari. Un jeune homme, refusant de se faire renvoyer s’est même emporté contre un agent de sécurité. Pour rappel, Hissein Habré, refugié au Sénégal depuis sa chute en 1990, est accusée de crimes de guerres, crimes contre l’humanité et actes de torture pendant son magistère.

ISSUE DU PROCES DE HISSEIN HABRE : Jacqueline Moudeina confiante

Réagissant à la reprise du procès de Hissein Habré, l’avocate des victimes tchadiennes, Jacqueline Moudeina a soutenu: «nous sommes confiants. Les 45 jours d’attente ont été longs pour les victimes d’Hissein Habré. Mais cette attente était nécessaire et justifiée. C’est le moment que les victimes attendaient avec impatience». Toutefois, Jacqueline Moudeina a ajouté que «si Hissein Habré décide à nouveau de choisir le théâtre, une telle attitude ne l’honore pas. Nous verrons bien, mais cela n’arrêtera pas la justice».

S’agissant du renvoi, la robe noire a approuvé la mesure et trouve que «c’est l’attitude de Hissein Habré qui a contraint la cour à désigner des avocats commis d’office, comme la règle des procédures pénales aux Sénégal, car tout accusé à droit à un avocat qu’il le veuille ou non. La cour a donc raison de désigner des avocats pour Hissein Habré, à partir de là, un délai raisonnable s’imposait pour qu’ils prennent connaissance du dossier, condition d’un procès juste et équitable».

REACTIONS SUR LA COMPARUTION FORCEE D’HISSEIN HABRE

ASSANE DIOMA NDIAYE, AVOCAT DES VICTIMES : «Le problème, ce n’est pas la décision qui a été prise, mais le défi qu’Hissein Habré a lancé à la justice»

«C’est la loi qui dit de façon claire que si la l’inculpé refuse de comparaitre, le président constate d’abord ce refus, apprécie et si la cour estime que sa présence est nécessaire, elle ordonne la comparution de force. Ce qui ne veut pas dire usage de violence. Le problème, ce n’est pas la décision qui a été prise, mais le défi qu’Hissein Habré a lancé à la justice. Si tous les accusés décident de défier la justice où serions-nous? Le problème est qu’on respecte son droit, il a gardé le silence, il en a le droit. Mais le reste ne relève pas de son choix. Ce sont des prérogatives reconnues par la cour. Nous espérons qu’il reviendra à la raison. Ce qui était important pour les victimes c’est que le procès puisse prendre son envol.

Maintenant après les péripéties, les turbulences, le vacarme, on n’a pu procéder à la lecture de l’ordonnance de renvoi. Nous espérons que le reste se déroulera dans la plus grande sérénité et qu’Hissein Habré acceptera l’autorité de la loi et les décisions de la cour. Tout accusé a le droit de ne pas parler, de garder le silence, de définir sa stratégie de défense. Nous sommes dans un Etat de droit et le propre de tout citoyen c’est de se plier aux règles de droit. Les victimes souhaitent un procès qui soit au-delà de toute contestation, où les droits de la défense sont garantis. Les avocats commis d’office sont là, nous espérons que le procès se déroule normalement et tous les droits d’Hissein Habré soient respectés».

IBRAHIMA DIAWARA, AVOCAT COMMIS PAR HISSEIN HABRE : « Il a le droit de se taire, pourquoi on veut le faire comparaître malgré lui ?»

«Il (Hissein Habré) a le droit de se taire. Pourquoi on veut le faire comparaitre malgré lui ? Si c’est le cas, il y a autre chose que le droit. C’est pour faire plaisir à ceux qui ont donné de l’argent pour organiser ce procès en leurs disant: nous sommes toujours dans la mission. L’usage de force ne vise qu’à permettre aux adversaires d’Hissein Habré de porter des propos injurieux et insultants à son égard. Pour faire une bonne justice, il faut respecter les règles minimales de droit. Le droit de se défendre est absolu et il appartient à l’accusé de le faire à sa guise».

FRANÇOIS SERRES, AVOCAT COMMIS PAR HISSENE HABRE : «Les autorités doivent se rendre compte qu’elles ont mis la vie de Hissein Habré en danger»

«C’est une violence. Des rapports médicaux prouvent qu’il ne peut être détenu ou présenter à son procès dans la violence. Le régime politique sénégalais et ses autorités judiciaires doivent se rendre comptent qu’ils ont mis la vie de Hissein Habré en danger. Non seulement il est brutalisé à sa sortie de prison, mais aussi quand il était à la cave du tribunal et dans la salle d’audience. Mais Hissein Habré peut être amené de force, nous on ne peut nous forcer à comparaitre. Nous continuerons à dénoncer à l’extérieur de la juridiction, l’illégalité du procès. Quant aux avocats commis d’office, dès ce matin, ils ont violé le code d’éthique et de la déontologie de leur profession. Ils ne peuvent pas représenter Hissein Habré contre son gré. En guise d’exemple, lorsqu’ils sont interrogés sur la comparution forcée d’Hissein Habré, ils se sont remis à la cour, donc sans avis.

ECHOS DU TRIBUNAL…

Forte ambiance devant la salle 4
Une forte ambiance a régné aux abords de la salle 4 où se tient le procès de Hissein Habré. Ses proches ont laissé exprimer leur frustration aux journalistes et autres curieux présents au Palais de justice Lat Dior. Dans leur réquisitoire contre les Chambres africaines extraordinaires, ils estiment que seule la justice divine compte dans cette affaire. Pis la tenue du procès en terre sénégalaise est une honte et son organisation ne vise qu’à plaire à l’occident. Me Ibrahima Diawara et François Serres, avocats commis par Hissein Habré sont restés à l’entrée de la salle. Leur adresse à la presse a été faite dans les couloirs du palais de justice.

Hissein Habré toujours en turban
Comme à l’accoutumée, l’ancien président tchadien est venu à l’audience avec son turban. Tout de blanc vêtu, il avait le visage encagoulé et n’a laissé apparaitre que des yeux cachés derrière des lunettes sombres. Assis au premier rang, Hissein Habré est entouré par sept éléments de la brigade pénitentiaire d’intervention qui veillent sur sa sécurité.

Les avocats commis d’office assurent la défense d’Hissein Habré
Même s’ils sont récusés par leur client, les avocats commis d’office sont décidés à défendre l’ancien président tchadien. Hier, lundi, à la demande du président de la Chambre africaine extraordinaire d’assises, Mounir Ballal et Abdou Ngingue se sont présentés comme étant des avocats de la défense. Mbaye Sène quant à lui n’était pas présent pendant les présentations.

Toute une journée pour lire l’ordonnance de renvoi
Hier, lundi 7 septembre date de la reprise du procès, la seule chose inscrite à l’ordre du jour a été la lecture de l’ordonnance de renvoi. Entamé dés la venue de Hissein Habré dans la salle d’audience, elle s’est poursuivi jusqu’à la pause et durant toute l’après-midi.

Les proches de Hisséne Habré, des tchadiens du Sénégal
«Damay genné kay, Mayma Diam», voilà la réponse servie par un jeune proche d’Hissein Habré à un agent de sécurité qui voulait le faire sortir de la salle d’audience. Le long séjour de l’ancien président tchadien au Sénégal est passé par-là.
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