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Le procès de l’ex-président tchadien Habré reprend après 45 jours d’interruption
Publié le lundi 7 septembre 2015  |  AFP
Hissène
© aDakar.com par DR
Hissène Habré, ancien président de la République du Tchad




Dakar- Le procès du président tchadien déchu Hissène Habré pour crimes contre l’humanité reprend lundi devant un tribunal spécial africain à Dakar après une interruption de 45 jours, destinée à permettre à
ses avocats commis d’office de le représenter devant une juridiction qu’il récuse.

Mais l’unique accusé refuse de se défendre devant ce tribunal où il a dû être amené de force lors des deux premiers jours du procès, les 20 et 21 juillet. Persistant dans sa volonté de guérilla judiciaire, il rejette tout contact avec ses trois avocats commis d’office.

Ce procès devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), doit servir de test pour la lutte contre l’impunité sur le continent, où la Cour pénale internationale est fréquemment accusée de ne poursuivre que des dirigeants africains.

En détention depuis deux ans au Sénégal, où il a trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno, Hissène Habré est poursuivi pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture". Il encourt entre 30 ans de prison ferme et les travaux forcés à perpétuité.

Dans un communiqué publié dimanche, les avocats qu’il a désignés, Mes Ibrahima Diawara et François Serres, ont confirmé "les instructions du président Habré reçues ce jour à la prison du Cap Manuel".
Leur client "ne reconnaît ni les CAE, ni les avocats commis d’office qu’il a refusé de recevoir, qui ne sont là que pour sauvegarder les apparences d’une parodie de justice et qui ne sauraient prendre la parole contre sa volonté", indiquent-ils.

"Hissène Habré peut toujours essayer de provoquer d’autres perturbations, il ne dispose pas d’un veto sur l’opportunité de son jugement ou sur le droit des victimes à obtenir justice", assurait au contraire, dans un communiqué publié la semaine dernière par Human Rights Watch (HRW), Reed Brody, cheville
ouvrière de cette procédure au sein de l’ONG.

"Habré a refusé de communiquer avec les avocats commis d’office et il est presque certain qu’il essaiera de les récuser", selon HRW, qui compte sur le président de la Cour, le Burkinabè Gberdao Gustave Kam, pour déjouer toute tentative d’obstruction.

- ’Crimes les mieux documentés d’Afrique’ -

A l’ouverture du procès, les gendarmes avaient évacué des partisans de l’accusé, qui hurlaient des slogans hostiles à la Cour. Le lendemain, Hissène Habré, en boubou et turban blancs, un chapelet à la main, avait crié "Allah akbar!" (Dieu est le plus grand, en arabe) et fait le "V" de la victoire lors de l’ajournement de 45 jours.

Et le 2 septembre, un avocat sénégalais a déposé plainte au nom de victimes tchadiennes devant les CAE contre Idriss Deby Itno, pour "crimes de génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures" lors de sa prise du pouvoir en 1990, une procédure vouée à l’échec mais visant à faire diversion,
selon des juristes.

Jusqu’à peu avant sa chute, Hissène Habré a bénéficié du soutien américain et français contre la Libye du colonel Mouammar Kadhafi, considéré comme un "parrain du terrorisme".
La répression sous son régime (1982-1990), exercée en particulier par la très redoutée Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), sa police politique, a fait 40.000 morts, selon les estimations d’une commission d’enquête tchadienne.

"Evidemment, la découverte des documents de la DDS était un moment essentiel, parce que ces documents constituent une feuille de route. Ils font (des crimes reprochés à Habré, NDLR) les crimes parmi les mieux documentés de l’Afrique. Ces documents retracent dans le détail la répression du peuple
tchadien sous Hissène Habré", a expliqué Reed Brody à l’AFP.

Le procès devrait durer deux mois, au cours desquels environ 100 témoins et victimes sont attendus à la barre. Plus de 4.000 victimes "directes ou indirectes" se sont constituées parties civiles.


bur-sst/jlb


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