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Malgré la richesse de son sous-sol : Saraya minée par la pauvreté
Publié le vendredi 4 septembre 2015  |  Le Quotidien




Le département de Saraya, situé dans la région de Kédougou et à quelques km de la frontière avec le Mali et la Guinée, est plongé dans la pauvreté. Alors que son sous-sol fait partie des plus riches de ce pays. Mais, cette localité est connue pour autre chose : prévalence galopante du Sida, infrastructures de base inexistantes. Bref, Saraya manque de tout.

C‘est un «mendiant» assis sur une mine d’or. Le Comité départemental de développement sur la Couverture maladie universelle (Cmu), organisé la semaine dernière, a permis de constater que la commune de Saraya est plongée dans le dénuement total. Alors qu‘elle abrite plusieurs sites d’orpaillage et plusieurs sociétés d’exploitation et d’exploration du métal précieux. La richesse de son sous-sol est presqu’une malédiction pour ses populations qui font face à plusieurs urgences : «l’électricité n’y est pas continue, les infrastructures sociales de base sont quasi inexistantes dans la commune et même dans le département», se désole le maire. Amer, Ngouda Soumaré poursuit : «Aucune infrastructure digne de ce nom n’est visible à Saraya qui conserve toujours les traits de caractère d’un village. La seule infrastructure qui est construite est le centre de santé dont la mairie a totalement assuré l’eau nécessaire à la construction. A part les locaux, on ne dispose pas de spécialistes : le centre n’a pas de dentistes, les services gynécologiques ne marchent pas malgré le taux élevé de natalité et des femmes en âge de procréation, un anesthésiste est demandé depuis toujours, mais sans succès.»

Quid du bloc opératoire ? «Il n’existe que de nom car, depuis l’ouverture du centre jusqu’à nos jours, la structure n’a pas d’anesthésiste. Du coup, la césarienne ne s’est jamais pratiquée à Saraya. Toutes les femmes qui ont présenté des complications gynécologiques lors de leur accouchement sont évacuées sur Kédougou où certaines ont même succombé en cours de route. Seule la route Saraya-Moussala-Kédougou est bonne dans le département rien d’autre», pestent les populations meurtries dans la misère.
Malgré le nombre important de sociétés minières basées à Saraya, la commune n’y tire presque rien. Ngouda Soumaré fulmine : «Nous ne recevons que des appuis ponctuels des sociétés minières. Nous voulons en tirer davantage de revenus pour mieux faire face aux préoccupations urgentes des populations. De manière officielle, il n’y a pas de chiffres qui attestent que telle ou telle société minière doit verser tel montant à la mairie. C’est de manière ponctuelle que la commune est appuyée surtout dans le cadre de la responsabilité sociétale de l’entreprise. Si nous sommes aidés en ce sens, cela nous permettrait de faire beaucoup de réalisations au profit des populations qui sont aujourd’hui meurtries et déboussolées. Le fonds minier doit définir clairement cela pour que les choses soient claires.»

Banditisme permanent
La découverte de l’or s’accompagne de malédiction. La montée de la délinquance inquiète les autorités administratives. «Il ne se passe pas beaucoup de temps, sans que des agressions ou autres braquages ne soient notés dans la zone. Il y a une réelle insécurité à Saraya bien que des brigades et postes de gendarmerie soient érigés dans beaucoup de villages. Du fait de l’or, la présence des bandits s’est accentuée. Ils ciblent ceux qui ont de l’or ou de l’argent qu’ils cherchent à dépouiller sans hésiter à leur ôter la vie, au besoin. Plusieurs fois de suite, des attaques sont notées avec des pertes en vies humaines enregistrées», se désole le maire.

Un taux élevé de la prévalence du Vih
Par ailleurs, la multiplication des sites d’orpaillage (à Kharakhéna, Sambrambougou, Kolia, Ballory, entre autres) attire les ressortissants des pays limitrophes à la recherche du métal précieux. Bref, plus d’une dizaine de nationalités sont recensées dans le département. Les conséquences sont très fâcheuses. Le maire énumère : «La prostitution s’y pratique à outrance malgré le travail qu’abat la gendarmerie dans la zone.» En cette matinée ensoleillée, le centre de santé est assailli par une armée de prostituées. Assises sur les bancs, voiles bien ajustés, elles attendent le médecin pour faire des consultations et renouveler leurs carnets de santé. Mais, elles refusent de briser le silence dans lequel elles sont emmurées. «Cette situation, renseigne le maire, fait qu’aujourd’hui, Saraya a l’un des taux de prévalence du Vih/Sida les plus élevés du pays. La gendarmerie procède constamment à des rafles dans les sites d’orpaillage pour arrêter celles qui s’y adonnent de manière clandestine mais, le phénomène prend toujours de l’ampleur», s’offusque le maire. Ainsi va la vie à Saraya.
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