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Source d’endettement des hôpitaux, mauvaise qualité des services, climat délétère: Le Sutsas diagnostique les failles de la CMU
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
Les travailleurs de la santé affiliés au SUTSAS ont marché ce matin à Dakar
Le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l`action sociale a organisé une marche, ce jeudi 23 janvier à Dakar. Les revendications des blouses blanches se résument autour de quatre points : l’affection arbitraire des 32 agents de Louga, la restitution de l’enveloppe des heures supplémentaires, le paiement des trois mois de salaire des agents dans les zones difficiles du pays. Ils doivent rencontrer demain vendredi le gouvernement pour des négociations. En attendant les blouses blanches promettent de paralyser le secteur de santé. Ils ont marché de la place de l’Obélisque à la Rts où elles ont tenu un point de presse en présence des représentations du Syndicats d’enseignant entre autres.




La Couverture maladie universelle (Cmu) ne se porte pas toujours à merveille, comme le prétendent les autorités, sur toute l’étendue du pays. Pis, la Cmu entraine beaucoup de structures sanitaires dans son malaise. En effet, le fait que les structures de santé préfinancent le programme les met dans des situations embarrassantes face aux nombreuses charges qui leur incombent. A titre d’exemple, l’Etat doit, rien qu’à la région de Thiès, plus de 316 millions de F Cfa depuis 2014 et 29 millions de F Cfa au district sanitaire de Tambacounda. Ces passifs sont à l’origine de tensions de trésorerie, des protocoles thérapeutiques mal appliqués, des soins incomplets. Quid du climat social délétère du fait de la paupérisation du personnel communautaire ?

La Couverture maladie universelle (Cmu), ce programme phare du gouvernement Sénégalais qui permet à des enfants âgés de moins de 5 ans de se faire consulter gratuitement, n’est-elle pas en train d’asphyxier les structures de santé du pays ? Le diagnostic du Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) pousserait à répondre par l’affirmative. Mballo Dia Thiam et ses camarades qui faisaient face à la presse hier, mercredi 26 août, au siège du Sutsas, ont déploré «le cycle d’endettement dans lequel la Cmu a plongé les structures du fait des retards de remboursement de plusieurs mois.»

Selon le Bureau exécutif national du Sutsas, le fait de demander aux structures de santé de préfinancer le programme les met dans des situations embarrassantes eu égard aux nombreuses charges auxquelles elles doivent faire face. Et, à titre illustratif, Mballo Dia Thiam souligne que, rien que pour la région de Thiès, on note un passif de 101.764.220 de F Cfa en 2014 et 214.349.200 de F Cfa en 2015. Soit un cumul de 316.113.420 F Cfa que l’Etat doit à cette région. Et, pour le seul district sanitaire de Tambacounda, avec l’effectivité de la Cmu, l’Etat traine une ardoise financière de 29.000.000 de F Cfa.

Ces arriérés ne sont pas sans conséquence sur le fonctionnement des structures sanitaires et la qualité des services, des soins prodigués. «Les conséquences se traduisent par des déficits de trésorerie, des protocoles thérapeutiques mal appliqués, des soins incomplets, un climat social délétère du fait de la paupérisation du personnel communautaire», a déclaré M. Thiam. Suffisant pour que le Sutsas estime que la «Cmu n’est possible que dans une approche obligatoire, mais quand tous les motifs de fréquentation des structures sanitaires sont rendus gratuits, les mutuelles de santé seront peu attractives».

Le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale ne cautionne pas non plus la démarche du ministère de la Santé et de l’Action sociale par rapport à l’application de la Couverture maladie universelle. Aussi le Sutsas dénonce-t-il les sorties du chef de l’agence de la Cmu qu’il a jugées «intempestives». Selon Mballo Dia Thiam et ses camarades, «au lieu d’aller chercher les moyens de sa politique, le patron de la Cmu passe tout son temps à proférer des menaces puériles dans un activisme et un populisme débordant».
Pour corriger cette tendance de la Cmu décriée par ces professionnels de la santé, le secrétaire général du Sustas, Mballo Dia Thiam, préconise l’implication de tous. Il faut «poursuivre la réflexion avec l’implication de tous les acteurs, notamment les travailleurs sociaux, tout en rappelant que le financement holistique et systémique est un passage obligé.»

Le secrétaire général adjoint du Sutsas, Diamé Sow, lui, souligne que pour une bonne réussite de ce programme, l’Etat doit faire de la gratuité par ciblage. Ainsi, ceux qui ont les moyens de se prendre en charge pourront supporter les démunis et permettre aux structures sanitaires de respirer. Et Diamé Sow de se demander: «quand est-ce que le programme de la Cmu va enrôler le secteur rural?».
S’agissant de la carte de l’égalité des chances, M. Thiam déclare : «Elle doit dépasser le stade de slogan et de vulgarisation et profiter correctement aux ayants droit qui piaffent d’impatience.»

... ET BRANDIT LA RETENTION DE L’INFORMATION SANITAIRE

La rétention de l’information sanitaire sera le point central de la plateforme de lutte du Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas). En point de presse hier, mercredi 26 août, dans ses locaux, le secrétaire général national, Mballo Dia Thiam, a déclaré que c’est «fini la trêve. Nous allons continuer la lutte pour le respect des protocoles signés avec le gouvernement du Sénégal».

Le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a décidé de continuer la lutte pour le respect des accords signés avec le gouvernement, mais sous une autre forme. Après deux mois de trêve (18 juin) due à l’implication de certains députés dans ce dossier, les camarades de Mballo Dia Thiam vont reprendre la lutte. Selon ces derniers qui ont donné un point de presse hier, mercredi 26 août, aucun acte n’est sorti malgré les «innombrables» promesses réaffirmées par le comité national de suivi des accords.

Par conséquent, a souligné M. Thiam, «le Bureau exécutif national (Ben) du Sutsas déplore l’attitude du gouvernement et tient pour responsable de toutes les perturbations que pourrait connaitre le secteur de la santé et de l’action sociale». Et de poursuivre: «pourtant, le Sutsas a donné tout le temps nécessaire et a fait tous les compromis possibles pour une sortie de crise qui épargnerait les populations de tout désagrément. Mais malheureusement, nous sommes en face d’un gouvernement qui essaie de nous avoir à l’usure par le dilatoire avec très peu d’actes ».

Dans les jours à venir, le Sutsas va poursuivre son plan d’action. Pour ce 5ème plan, on pourrait bien s’attendre à une rétention de l’information sanitaire. Toutefois, pour mieux asseoir leur lutte, le Sutsas a informé qu’une assemblée générale de mobilisation et d’information dans toutes les unions régionales, sera convoquée pour se préparer au respect du mot d’ordre. Mais aussi il est prévu le dépôt d’un autre préavis de grève de six mois couvrant la période du 25 septembre 2015 au 23 mars 2016, car le précédant devant expirer le 24 septembre courant. Une manière pour eux d’inscrire leur lutte dans la durée, pour l’application des accords signés.

M. Thiam a aussi annoncé qu’un appel sera lancé aux centrales syndicales autour d’un front pour la prise en charge des questions à incidence financière car, selon lui, cette lutte ne doit pas être sectorielle, mais interpelle tous les travailleurs de tous les secteurs. Le Sutsas a aussi fait remarquer un retard de salaire du côté des contractuels du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ainsi, le Sutsas a exigé une régularisation immédiate de leur situation.

Soulignons que cette plate forme du Sutsas comporte, entre autres points, la signature du décret portant statut du personnel des établissements publics de santé, la modification du décret portant répartition des enveloppes des travaux pour les heures supplémentaires et paiements des heures supplémentaires aux contractuels conformément au Code du travail, le recrutement des agents de santé communautaires dans la fonction publique municipale etc.
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