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DIégane Sène (porte-parole de l’Urd): ‘’Djibo Kâ a le malheur d’être compétent’’
Publié le mercredi 26 aout 2015  |  Enquête Plus
Le
© Autre presse par DR
Le députe Djibo Kâ




Le ralliement au camp présidentiel du patron de l’Union pour le renouveau démocratique continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Si certains condamnent cette attitude de Djibo Leyti Kâ de toujours ‘’trahir’’ ses alliés, d’autres dénoncent tout simplement une transhumance déguisée. Mais pour le porte-parole de l’Urd, ceux qui parlent de transhumance n’ont rien compris. Dans cet entretien avec EnQuête, Diégane Sène justifie la décision de Djibo Leyti Ka. Et à l’en croire, le leader de l’Urd a le malheur d’être compétent au point que tous les présidents de la République qui se sont succédé à la tête du pays ont eu besoin de son expertise. Au-delà des questions politiques, Diégane Sène se prononce également sur la situation du pays qu’il qualifie de difficile.



Quelle est la situation actuelle de votre parti, l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) ?

La situation de l’Urd est celle de tous les partis. D’abord il ne faut jamais oublier que dans ce pays, nous sommes dans une situation que l’on pourrait comparer au parlementarisme qui a lieu dans certaines démocraties. On n’en parle plus maintenant mais dans les faits, on le vit. En réalité, les partis politiques n’existent que le temps des campagnes électorales et le temps des élections. Passées ces périodes, c’est l’Assemblée nationale qui prend un peu le relais de la vie politique et sur un autre plan le gouvernement. Les partis sont plus ou moins en veilleuse. C’est la situation que nous avons toujours vécue au Sénégal. Les partis ne vivent véritablement qu’à l’approche des élections, pendant la campagne électorale.

Et votre parti n’échappe pas à la règle ?

Notre parti n’échappe pas à la règle et cela, pour des raisons évidentes liées aux moyens dont nous disposons. Faire vivre un parti, c’est toute une histoire pas du tout facile. Pour les véritables partis, il faut un local, un siège national et d’autres au plan régional, départemental et même régional. Toutes choses qui ne sont pas facile à réunir. Et à cela s’ajoute un personnel à payer pour administrer le parti. Ça, c’est le minimum à faire. Il faut aussi faire vivre le parti à la base. Ce qui suppose des rencontres, une animation et tout cela, c’est de l’argent.

C’est cela qui explique donc le choix des partis politiques de vouloir toujours s’allier avec le pouvoir ?

Non. Cela n’a rien à voir, c’est plutôt des choix électoraux. Mais pour ce qui concerne la vie des partis, je crois que c’est le contraire. Les gens veulent s’allier en période électorale mais chacun choisit d’aller seul après les élections. Il faut individualiser d’une certaine manière l’engagement et l’action politique au niveau de certains leaders pour peut-être mieux apparaître au plan national. Ce qui est désastreux et qui pose un sérieux problème de crédibilité au niveau de certaines alliances politiques, c’est que souvent, des partis qui forment l’alliance n’ont aucune activité de terrain. Je crois que ce sont des choses à revoir et il s’y ajoute d’ailleurs que ce sont les mêmes qui sont beaucoup trop exigeants et attendent beaucoup trop de leurs alliances parce que pour eux, c’est le seul moyen d’exister politiquement. On comprend que ce sont ces partis qui sont généralement les moins ouverts.

L’Urd a décidé de rejoindre la mouvance présidentielle. Qu’est-ce qui a guidé le choix de cette décision ?

Le choix est guidé d’abord par l’appel du président lui-même. N’oubliez pas que le président Macky Sall a fait appel publiquement à l’Urd pour l’accompagner à travers son secrétaire général Djibo Ka. Cet appel est doublé d’un geste qui est remarquable : la visite du président chez Djibo Ka. Dans un tel contexte, il était difficile d’ignorer un tel appel. Et il se trouve que l’appel a trouvé l’Urd en situation de pouvoir y répondre. N’oubliez jamais comme dit le proverbe wolof : entre l’étranger qui cherche où passer la nuit et le propriétaire d’une chambre qui n’ose pas y rester tout seul, fermer la porte ne doit pas être source de conflit entre les deux. Il y a beaucoup de militants de l’Urd qui estiment que Macky Sall a posé les fondamentaux d’une politique qui ne peuvent laisser personne indifférent.

Quels sont ces fondamentaux ?

La première chose, c’est sa conception de l’alliance et de l’allié politique. On l’oublie souvent. Ce qui a prévalu jusqu’ici et depuis Senghor, on ne voit plus de telles alliances, les gens vont ensemble, gagnent ensemble mais ils ne gouvernent jamais ensemble. Je crois qu’on l’a vu suffisamment, depuis qu’on parle d’alliance. Il n’est plus question de partis dominants comme c’était le cas du temps du Parti Socialiste (Ps) et d’une certaine manière aussi de l’Ups, mais d’alliance politique. Et cela, depuis la fameuse majorité présidentielle élargie du début des années 90 où le Pds, pour la première fois, a fait son entrée dans un gouvernement.

Depuis lors, ce sont plutôt des combinaisons politiques qui sont à la base des alliances. Mais jamais une volonté commune de travailler ensemble. Le Président Macky Sall a tout fait pour que cette situation cesse de prévaloir. Il va avec les gens aux élections, ils gagnent ensemble et il gouverne avec eux. Qui aurait pu penser qu’un président de la deuxième institution du pays serait d’un parti autre que celui du président de la République. Qui aurait pu penser que la quatrième institution serait tenue par quelqu’un qui n’est pas un des piliers du parti au pouvoir même si elle est devenue membre du parti présidentiel par la suite. Qui aurait pu penser qu’on pourrait nommer un premier ministre qui n’est pas dans les arcanes du parti majoritaire. C’est la première fois que tout cela arrive. Donc on ne peut que s’en féliciter et lui donner crédit de son engagement sur ce plan.

La deuxième chose, c’est au niveau de la gestion des faibles moyens financiers du Sénégal dont il estime que s’ils sont bien gérés, peuvent aider le pays à sortir de sa situation de pauvreté. Il suffit que les gens gèrent bien et que ceux qui volaient les milliards ne soient plus en situation de le faire. Tout Sénégalais normal ne peut qu’être d’accord et soutenir une telle démarche.

Troisièmement, la laïcité qui est une chose fondamentale. Tous ces trois points relèvent de l’idéologie qui est une des questions fondamentales pour l’Urd. L’un des piliers du socialisme, c’est la laïcité de l’Etat.

Est-ce que cette décision a été en amont discutée au niveau des instances de l’Urd ?

La décision a été doublement discutée. D’abord individuellement, parce que Djibo Ka, secrétaire général du parti, a tenu à avoir le point de vue individuel de l’ensemble des dirigeants du parti au niveau national. Il n’y avait pas meilleure formule parce qu’en réunion, les opinions peuvent ne pas s’exprimer, les positions peuvent être tues. Mais seul à seul, il y a plus de chance que les gens vident leurs sacs, qu’ils ne soient pas guidés ou influencés par une position qu’ils estiment majoritaire.

Ensuite, nous avons rassemblé la direction du parti qu’on a élargie aux responsables à la base c’est-à-dire au niveau départemental. Nous avons passé toute une journée en réunion au cours de laquelle tout le monde s’est exprimé et on a dégagé les conclusions. En tant que président de la réunion, j’ai la liste des présents, des intervenants et je connais le point de vue de chaque personne sur la question.

Est-ce que tout le monde a été d’accord ?

Il y a eu des réticences, des gens qui n’étaient pas d’accord. Il y a eu trois positions au départ : ceux qui sont contre, ceux qui disent oui mais et ceux qui sont totalement pour. Ceux qui sont contre, ils ne sont pas nombreux.

Quelle a été votre position personnellement ?

Non seulement j’ai approuvé mais j’ai travaillé à cela à mon modeste niveau pour que les militants de l’Urd qui veulent appuyer le président de la République puissent le faire.

Qu’est-ce que vous attendez de cette alliance avec Macky Sall ?

Mais nous attendons de l’alliance deux choses. D’abord, il faut qu’elle soit solide, une alliance gagnante. Et pour qu’elle le soit, il faut que ses composantes soient solides et c’est fondamental. Il faut qu’au niveau de l’Etat, ceux qui auront la tâche d’accompagner le président de la République y aillent avec tout l’engagement nécessaire pour donner le maximum d’eux-mêmes à l’atteinte de ses objectifs. Il faudrait qu’au niveau du parti, les militants et les responsables se mobilisent pour que l’Urd soit une composante agissante et active.

Est-ce qu’on peut s’attendre à voir l’Urd dans le gouvernement ?

Je n’en sais rien. Personne ne le sait. Seul le président à la réponse à cette question. Ce qui est sûr, c’est que nous allons faire en sorte de ne pas décevoir sur ce plan-là. C’est ce qui nous semble important en premier lieu. Les gens parlent toujours de partage de pouvoir du gouvernement en oubliant l’essentiel qui est la réalisation des objectifs que le gouvernement s’est assignés en direction des masses. Par exemple au niveau de l’école, nous souhaitons que les accords avec les syndicats d’enseignants soient mis en œuvre et là-dessus, il faut interpeller le gouvernement. Il y a certaines lenteurs dans l’exécution de ces accords qui ne se justifient pas. Il faut que les choses aillent beaucoup plus vite. Pour ce qui concerne des accords avec des partenaires sociaux, ce n’est pas acceptable qu’un ou deux ans après, rien ne bouge alors que les engagements ont été déjà pris.

Mais qu’est-ce que l’Urd peut apporter aujourd’hui à Macky Sall ?

Beaucoup de choses.

Comme quoi par exemple ?

D’abord, Macky Sall, le fondement de son appel, c’était l’expertise de Djibo Ka. C’est un homme d’Etat qui a fait ses preuves. Si j’entends les critiques émises par certains, cela me fait sourire. N’oublions jamais que c’est en 2005 qu’Abdoulaye Wade a dit devant la nation entière et les médias : ‘’On peut être ministre sans être un homme d’Etat. Mais Djibo Ka tu es un homme d’Etat.’’ Cela veut dire que tous ceux qui braillent aujourd’hui dans le camp de l’opposition et qui étaient à l’époque dans le gouvernement de Wade n’étaient pas des hommes d’Etat. Et Wade leur avait demandé de prendre exemple sur Djibo Ka. C’est possible que l’expertise de Djibo puisse servir au président Sall. L’Urd en tant que parti va apporter tout ce qu’elle peut et sait faire, tout son engagement et son enthousiasme à l’œuvre de Macky Sall.

Qu’est-ce que l’Urd peut apporter politiquement à Macky Sall ?

Politiquement, l’Urd peut apporter des voix. Ce qui élit, ce n’est pas deux ou trois personnes. Ce sont des milliers et des milliers d’électeurs qui élisent pour avoir un député.

Mais Djibo Ka a été élu avec le plus fort reste

Oui mais il est député même avec le plus fort reste. N’oublions pas que ce sont les petites sources qui font les grands fleuves. Et si Macky Sall a beaucoup de petits partis, cela devient quelque chose de substantielle.

La deuxième chose est que l’Urd n’est pas, par rapport aux dernières élections législatives, à la mesure de son poids politique électoral. En vérité, nous sommes allés aux élections sans faire campagne parce que nous n’avions pas les moyens. Et puisque nous étions allés seuls, nous n’étions pas dans une alliance car Wade avait libéré tous ses alliés. On a estimé qu’on est seul et il ne faudrait pas que l’on contrarie trop, dans certaines parties du territoire national, l’objectif de Maky Sall d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale. On ne s’est pas engagé dans une véritable bataille parce qu’on ne voulait pas créer des ennuis à l’Apr. Dans certaines localités du pays, les militants de l’Apr vous le confirmeront et ce même comportement a prévalu aux élections locales. Nous sommes allés ensemble et nous avons gagné. C’est le cas dans le département de Mbour, dans une commune comme Fissel ; et quelque part où nous n’avons pas pu aller ensemble pour des raisons techniques, nous avons appelé à voter pour les listes de l’Apr. C’est arrivé dans plusieurs collectivités locales comme à Sessène, à Sandiara et les maires élus de ces localités sont tous de l’Apr et ne peuvent pas dire le contraire.

Votre venue dans le giron du président de la République indispose certains responsables de l’Apr. Est-ce que cela ne vous met pas mal à l’aise ?

Moi, cela ne me met pas mal à l’aise parce que comme je vous l’ai expliqué, je suis de ceux qui pensaient que nous, on devait rallier le camp présidentiel beaucoup plus tôt. Pour des raisons qu’on ne peut pas évoquer dans une interview mais qui tiennent globalement au fait que le chef de l’Etat a un programme que nous jugeons bon pour le pays. Il a une démarche que nous estimons non seulement bon pour le pays mais très pédagogique pour la classe politique. Si l’on suit cette situation, il faut souhaiter qu’elle dure pour qu’après Macky Sall, il n’y ait pas de retour en arrière. Parce que ce serait désastreux pour le pays.

Il n’empêche que votre démarche est considérée par certains comme de la transhumance politique ?

Ceux qui considèrent notre démarche comme une transhumance politique n’ont rien compris. D’abord, ce sont eux les transhumants. J’ai écouté Babacar Gaye parler à la radio, cela m’a fait rire. Il dit que Djibo Ka est un transhumant, qu’il serait une pomme de terre pourrie dans un sac, etc. Mais, après s’être condamné lui-même comme un multi transhumant. D’abord, il était au Rassemblement national démocratique (Rnd). Il laisse Cheikh Anta Diop pour aller militer à la Ligue démocratique (Ld). Il quitte ensuite la Ld pour aller au Pari démocratique sénégalais (Pds) qu’il croyait plus massif. Le Pds n’a pas le pouvoir, il suit le Pls (Parti libéral sénégalais) dans le giron d’Abdou Diouf à l’époque. Mais dès lors que la perte du pouvoir paraissait évidente à tout le monde, il a quitté Ousmane Ngom pour rejoindre le camp présidentiel, le Pds. (…). Donc si ce sont des gens comme Babacar Gaye qui nous critiquent, cela ne me pose aucun problème. Mais jusqu’ici, je n’ai entendu aucun responsable sérieux de l’opposition critiquer la position de l’Urd. Ce n’est ni Pape Diop, ni Mamadou Diop Decroix encore moins un responsable crédible.

Pourtant Diop Decroix a relayé dans la presse votre défection qu’il a prise comme une trahison

C’est totalement faux. Ils ont tenu leur réunion mais Djibo est très clair dans ce qu’il fait. Il était avec eux et leur a expliqué lors d’une réunion qu’il n’est plus avec eux. Il attend qu’il y ait réunion et que tout le monde soit présent pour leur dire : ‘’Ecoutez, on était ensemble mais moi, malheureusement, je prends une autre route.’’ C’est ce que Djibo a fait, il leur a expliqué qu’il partait.

Et comment ont-ils accueilli la nouvelle ?

Ils n’ont rien dit et Djibo est parti. Ce qu’ils ont dit maintenant derrière lui n’engagent qu’eux. Ils peuvent faire des commentaires peut-être mais ils n’ont pas parlé publiquement. Ce n’est pas l’affaire de Djibo Ka encore moins de l’Urd. Maintenant, ils ont pu avoir un porte-parole qui a rendu compte justement de la réunion avec son style, sa manière de faire mais ça, c’est l’affaire du porte-parole.

Est-ce que Djibo Kâ n’a pas trahi les leaders de l’opposition ?

Il ne les a pas trahis. Pourquoi il les aurait trahis ? Ces gens étaient avec Wade. D’autres ont rejoint Wade parce que cela les arrangeait de même que leurs partis, et d’autres ont quitté Wade pour rejoindre Macky Sall. Au Sénégal, ce qui vient de se produire, c’est exactement ce qui s’est toujours produit dans ce pays et comme dans tout pays normal d’ailleurs. En 1962, on aurait pu qualifier les Abdou Diouf et les Babacar Ba de transhumants parce qu’ils étaient des hommes de Mamadou Dia. Mais lorsqu’il y a eu ce dénouement de la crise de décembre, Senghor a fait d’eux des ministres et a fait de l’un d’eux un président. Abdoulaye Wade est allé à deux reprises dans le gouvernement de Diouf et pourtant personne n’a jamais parlé de transhumance à l’époque.

Mais Djibo nous a habitués à changer de camp quand ça l’arrange, notamment en 2000 lorsqu’il est allé rejoindre Abdou Diouf.

Quand on analyse le processus décisionnel qui a amené l’Urd vers Macky Sall, on comprend que Djibo n’agit pas seul. Donc toutes les décisions dont vous venez de parler ont été concertées. Mieux, c’est le parti qui les a prises. En 2000, une partie de l’entourage de Wade ne voulait pas que Djibo le rejoigne, seul Diouf lui parlait par émissaire interposé. C’est pourquoi, le parti dans sa presque totalité a demandé à Djibo d’aller avec celui qui accepte de lui parler.

Mais les Doudou Sarr, Aziz Sow, Samba Diouldé Thiam et autres n’étaient pas d’accord sur la décision.

Mais ils ont été mis en minorité. Ils auraient dû être honnêtes en sachant qu’ils étaient minoritaires. Doudou Sarr et ses amis étaient au nombre de trois. Samba Diouldé Thiam et ses deux amis eux-aussi étaient trois. Pendant ce temps, des milliers de militants de l’Urd voulaient que Djibo Ka aille avec Abdou Diouf parce qu’il ne pouvait pas accéder à Wade qui avait été déjà pris en otage avant même le lancement de la campagne électorale. On a composé avec celui qui nous réservait quelque chose de notre programme dans sa politique.

Comment se fait-il que Djibo puisse traverser tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays ?

Il a le malheur d’être compétent, de connaître l’Etat, d’apparaître à ces chefs d’Etat, responsables de ces pouvoirs politiques dont vous parlez, comme quelqu’un qui est susceptible de leur apporter un plus dans leur action gouvernementale. Tous les chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du pays ont l’ambition de faire des résultats. Pour y arriver, ils essayent de s’entourer de toutes les garanties possibles qu’ils vont chercher là où elles sont et qui peuvent se décliner en termes de compétences. Donc son malheur, c’est justement cela, d’avoir cette culture d’homme d’Etat, cette expérience et d’être généreux. Et c’est quelqu’un aussi qui est d’une honnêteté éprouvée. Djibo, s’il est avec vous, il y va jusqu’au fond. Il ne calcule pas. Il est avec vous aujourd’hui, il est avec vous pour la vie. Ce qui vous séparera, c’est peut-être parce que vous l’aurez trahi. Mais jamais il ne prend l’initiative de se séparer de vous en premier parce que ça lui coûte beaucoup de choses, notamment dans la gestion de son parti. Mais il estime qu’une alliance est quelque chose de sérieux. C’est la parole donnée. On n’a pas à s’allier avec quelqu’un et lui mettre les bâtons dans les roues.

N’est-il pas temps pour Djibo Ka d’organiser la succession dans son parti si on sait qu’il a pris de l’âge ?

Non, il n’a pas pris un sacré coup de vieillesse. Ce sentiment-là est dû au simple fait qu’il ait très tôt été dans le pouvoir alors qu’il n’avait pas trente ans. Cela donne le sentiment d’un baron qu’il n’est pas. Certains qui étaient au pouvoir à l’époque sont déjà oubliés par tout le monde. Lui, il est encore là du fait de sa jeunesse de l’époque qui le poursuit. C’est vrai qu’il n’est pas aussi jeune que ça mais pas aussi vieux que ça non plus. Il ne faut pas oublier qu’en politique, l’âge est toujours une valeur ajoutée.

Mais est-ce que la question de sa succession ne se pose pas en interne ?

La question ne se pose pas. De toute façon, elle se pose au même rythme qu’elle se poserait dans n’importe quel autre parti politique. C’est évident. Tout homme politique est conscient qu’il va partir un jour. L’essentiel est que les jeunes ne bousculent pas trop. Tout parti politique a besoin de jeunes, de moins jeunes, des vieux, de tous les âges.

Comment voyez-vous la situation du pays ?

La situation du pays est certainement difficile au plan social. Mais n’oublions jamais qu’elle l’a toujours été. Moi je me rappelle, il y a dix ans, les gens criaient sur Wade. Il y a quinze c’était Diouf. Maintenant, c’est Macky Sall. Ça veut dire que le pays est difficile. Il ne peut pas en être autrement. Nous sommes un pays sous-développé qui a par conséquent des problèmes sociaux. Au niveau de l’éducation, les problèmes sont récurrents et s’aggravent d’année en année. Cela aussi n’est pas nouveau. Ce qui est important maintenant, c’est la politique qui est mise en œuvre pour atténuer les difficultés.
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