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Emergence économique du Sénégal : Le Pr Kassé appelle à des «ateliers de sueur»
Publié le mardi 18 aout 2015  |  Le Quotidien




En analysant les politiques économiques durant les 50 dernières années, l’économiste Moustapha Kassé est formel : les différents régimes ont lamentablement échoué. Dans un livre de 261 pages, l’écrivain a soulevé les défis qui ont plombé l’économie du Sénégal.

Sur la couverture du livre L’économie du Sénégal : les 5 défis d’un demi-siècle de croissance atone, un homme désespéré se prend la tête à deux mains. Une image qui traduit la déception de ce citoyen sénégalais meurtri par 50 ans de politiques économiques «moroses». Cet ouvrage de l’économiste, le Pr Moustapha Kassé, peint un tableau sombre de l’économie sénégalaise depuis l’indépendance. «Les statistiques montrent à suffisance que sur un temps long, la croissance est atone et également porteuse de fortes inégalités. Tous les programmes et projets de long terme des gouvernements successifs se sont invariablement fixé comme objectif un taux de croissance de 7% pour réduire la pauvreté, les inégalités et le chômage endémique. Cet objectif n’a jamais été atteint», a constaté d’emblée le doyen honoraire de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) samedi lors de la cérémonie de dédicace de son livre, dans les locaux de l’Harmattan, éditeur de l’ouvrage.

Secteurs agricole et industriel à l’agonie
Passant au peigne fin les politiques des régimes de Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, M. Kassé s’est appuyé sur deux secteurs pour mettre à nu les «impertinences» des programmes économiques. «Au niveau de l’agriculture, le monde agricole est à bout de souffle. Le potentiel d’offre de production a été freiné, notamment par l’application de politiques irréalistes et impertinentes, conséquence de la spécialisation régressive de la rente et d’un système d’absorption improductive de la rente agricole et minière. Toutes les politiques agricoles proclamaient de faire de l’agriculture le moteur de la croissance, aucune n’a réussi l’objectif», souligne l’écrivain. Pourtant, relève-t-il, l’économie agricole dispose de tous les facteurs nécessaires pour réaliser une révolution verte : disponibilité de l’eau avec la petite et la grande irrigation, de la terre, des fertilisants et de paquets technologiques.
Le secteur industriel n’échappe pas au constat alarmant du Pr Kassé. «Le schéma pertinent des années 70 qui reposait sur 4 piliers : les industries agro-alimentaires, les industries chimiques et énergétiques, les industries des ressources maritimes et les industries minières, a été systématiquement démantelé par les politiques néo-libérales (dans les années 80) convaincues que l’industrialisation était impossible», regrette-t-il, soutenant que ces politiques de Abdou Diouf «ont cassé les locomotives industrielles avec un aveuglement et un entêtement inqualifiables».

La société civile et la presse accusées de «complicité»
D’après Moustapha Kassé, la crise de ces deux secteurs a entraîné l’incapacité des politiques agricoles à propulser la croissance. «Plus de 60% de la population agricole contribuent pour moins de 5% à la croissance avec de faibles productivités par cultivateur et par surface cultivée», indique l’économiste. Selon lui, les indicateurs mettent en lumière que la région de Dakar, à elle seule, concentre près de 90% du nombre total d’entreprises, 70% de la valeur ajoutée du secteur industriel, 75% des emplois permanents et plus de 75% des salaires distribués.
Dans cette situation, Moustapha Kassé indexe la «complicité» entre les médias et la société civile à la «faillite» de l’élite sénégalaise. Il estime que le débat économique est «délaissé» par la presse, tandis que la société civile, qualifiée de «nébuleuse», «change d’opinions au gré des intérêts de ses bailleurs». Interpellé sur la politique du Président Macky Sall avec le Plan Sénégal émergent (Pse), le professeur d’Economie, qui clame son «optimisme», soutient que les autorités doivent descendre à la base pour mieux expliquer ce programme aux populations.
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