Le village de Diatock (région de Ziguinchor) a fêté samedi les candidats à son traditionnel "bukut", une séance de rites d’initiation dont la dernière édition a eu lieu il y a 41 ans.
Les quartiers de Bémé, Nianghef, Brico, Pakao et Eramba, qui constituent ce village, ont célébré le "bukut" avec faste.
Pour la fête, Diatock a reçu la visite de milliers de personnes, dont des commerçants venus écouler diverses marchandises. La mobilisation est telle qu’il est difficile de se frayer un chemin sur la principale rue du village.
Des milliers d’invités sont venus de plusieurs endroits de la Casamance, des villages voisins surtout, mais aussi de la Gambie, de la Guinée-Bissau, etc.
Les maisons ne pouvant pas contenir tout ce beau monde, des tentes sont dressées un peu partout dans le village, pour mettre les invités à l’abri de la chaleur et, éventuellement, de la pluie. Les ruelles de Diatock sont vraiment petites pour contenir voitures, motos et leurs occupants.
Ce "bukut" est d’autant plus populaire que dans l’arrondissement de Tendouck – dont dépend administrativement le village -, traditionnellement appelé Blouff, Diatock est, cette année, le seul village à organiser cette séance de rites d’initiation propre aux diola, l’une des ethnies de la Casamance.
La dernière édition du "bukut" de Diatock a eu lieu en 1974. Pour celle de cette année, la 13e selon les organisateurs, les villageois se sont fortement mobilisés, ne lésinant sur presque rien, en termes de moyens.
"La particularité du ’bukut’ de cette année, c’est l’écart qu’il y a entre la présente édition et la dernière. Il y avait en moyenne un ’bukut’ tous les 20 ans", explique à des journalistes le président du comité d’organisation, Chérif, dans le quartier de Bémé, le fief des Goudiaby, l’un des patronymes locaux.
"La principale raison de ce retard du ’bukut’, c’est que tous les enfants étaient entrés dans le ‘bois sacré’ lors de l’édition 1974. Il fallait attendre longtemps pour que les initiés atteignent l’âge requis pour cette initiation", détaille-t-il.
En pays diola, les "ambatie" – candidats à la circoncision et aux rites d’initiation qui vont avec – doivent, en théorie, être âgés de 20 ans au moins, selon le notable.
Pour donner du rythme au "bukut", des membres du comité d’organisation ont donné de nombreux coups de fusil dans le ciel, produisant d’assourdissantes détonations. Mais il y a eu des sons très gais, grâce aux flûtes en action des troupes musicales venues vanter la bravoure de la communauté diola et se livrer à des démonstrations d’invulnérabilité de ses membres.
A l’intérieur des maisons grouillantes de monde, des femmes s’affairent autour de grosses marmites. Elles font la cuisine. Des centaines de bœufs sont immolés pour l’accueil des milliers d’invités honorés, tout comme les futurs circoncis et candidats à l’initiation, par les chants, danses… Tout le folklore de la communauté diola. Dans une ambiance carnavalesque.
Les chants et les danses ont pris davantage d’ampleur lorsque sont arrivés les futurs initiés sur la place publique du quartier de Nianghef, têtes rasées, torses nus et tailles entourées d’un pagne.
Là, ils écoutent religieusement les recommandations des sages, en attendant de rencontrer leurs camarades des autres quartiers, avant le départ pour le "bois sacré", là où aura lieu l’initiation, en dehors du village.
Parents et amis sont là, pour leur manifester leur soutien moral. La première cohorte de candidats au "bukut", réunie samedi, est constituée des aînés. La seconde cohorte comprenant leurs cadets les rejoindra dimanche au "bois sacré", selon Chérif Goudiaby.
Tous les articles d'actualités
