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Face aux jihadistes, des experts prônent l’éducation et un monde plus juste
Publié le mercredi 29 juillet 2015  |  AFP
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© Autre presse par DR
Les Djihadistes de Boko Haram ont multiplié leurs attaques




Dakar - Ignorance, pauvreté, injustices: autant de raisons expliquent l’extrémisme islamiste, selon des analystes réunis à Dakar pour une conférence internationale sur l’islam et la paix. Comme solutions, ils prônent l’éducation et un monde plus juste notamment.

"Un des principaux facteurs de l’extrémisme dans le monde est un défaut
d’une bonne compréhension de la religion" musulmane, affirme à l’AFP Murtallah
Busoeri, enseignant à l’Université d’Etat de Lagos.

Il cite l’exemple du Nigeria où, comme dans les trois autres pays du bassin
du lac Tchad - Cameroun, Tchad et Niger -, les membres du groupe islamiste
Boko Haram multiplient les attaques, recourant notamment à des kamikazes.

Les forces nigérianes luttent depuis 2009 contre Boko Haram, qui a fait
allégeance en mars à l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) et contrôle
un vaste territoire à cheval sur l’Irak et la Syrie.

Outre Boko Haram et l’EI, plusieurs autres groupes jihadistes écument le
monde musulman, dont Al-Qaïda (comptant plusieurs mouvements affiliés au
Sahel, au Maghreb et dans la péninsule arabique), ainsi que les shebab en
Somalie.

"Boko Haram, c’est une extension du wahhabisme", version rigoriste de
l’islam appliquée notamment par la majorité sunnite saoudienne, rappelle M.
Bosoeri en marge de la conférence qui, selon les organisateurs, a rassemblé
lundi et mardi à Dakar quelque 500 délégués d’une vingtaine de pays à travers
le monde.

Cette rencontre, parrainée par le président sénégalais Macky Sall et le roi
du Maroc Mohammed VI, s’est tenue à l’initiative de l’association islamique
Jamhiyatou Ansaarud-Din (JAD). Fondée dans les années 1940 au Sénégal, la JAD
a, depuis, essaimé à l’étranger, y compris au Nigeria.

Pour les wahhabites, "les pratiques islamiques en Afrique de l’Ouest
(généralement d’inspiration sunnite) sont celles d’impies et de cafres",
indique Dr Busoeri.

Pour Mohamed El Hanefi Dehah, professeur de passé et civilisations
islamiques à l’Université de Nouakchott, "l’ignorance est la première cause"
de l’extrémisme.

"Des gens sont fascinés par l’islam mais ne savent pas ce que c’est, ce qui
les pousse commettre des actes punis par l’islam pour lequel ils pensent
travailler", estime-t-il.

"Des extrémistes de tous bords s’acharnent à prendre le monde en otage", a
dénoncé le président Sall lundi à l’ouverture de la conférence.

"Il y a dix ans, personne n’imaginait qu’il y aurait des bombes humaines au
Nigeria. Les gens ont peur d’en parler pour ne pas être attaqués. Ils se
trompent. Les assaillants sont simplement à l’affût d’opportunités. Il n’y a
pas de dialogue possible avec les terroristes", a indiqué M. Sall.

- ’Réprobation de la violence’ -

Le Sénégal, pays à 95% musulman, a jusqu’à présent été épargné par les
violences des groupes islamistes radicaux qui touchent des pays voisins comme
le Mali, dont le nord fut contrôle pendant près de dix mois, jusqu’à janvier
2013, par des jihadistes.

En Afrique, l’extrémisme est par ailleurs alimenté par des Africains ayant
étudié en Arabie saoudite et en Iran, notamment, qui se considèrent plus
érudits que leurs concitoyens musulmans, d’après M. Dehah: "Ils pensent que
l’islam pratiqué dans la sous-région n’est pas bon et qu’il faut un jihad
contre nous".

A cela s’ajoute, selon lui, "la pauvreté. On influence facilement des gens
dans des conditions difficiles et on leur donne des bombes. Ils se disent
qu’ils ne perdent rien parce qu’ils sont pauvres".

A ces facteurs, se joignent des "divisions politiques" anciennes, après la
mort du prophète Mahomet, "qui ont fini par devenir idéologiques à l’intérieur
de l’islam avec un vernis ethnique", affirme Penda Mbow, historienne
sénégalaise et spécialiste des questions de religion. Elle cite notamment
l’assimilation du chiisme aux Perses contre les Arabes.

"L’injustice dans le monde est une autre cause. Elle pousse certains à se
révolter", selon M. Dehah.

Face à l’extrémisme islamiste, il faut "construire une paix sociale en
corrigeant les inégalités qui nourrissent le sentiment d’exclusion", a plaidé
Macky Sall lundi.

Pour le ministre marocain en charge des Affaires islamiques Ahmed Toufiq,
"il faut informer les jeunes du caractère pacifique de l’islam".

"L’ONU doit se réformer en intégrant les questions de religion et
promouvoir un monde plus juste dans la répartition des richesses", estime
Penda Mbow.

Pour Murtalla Busoeri, "il faut éradiquer l’illettrisme et les injustices
dans le monde, donner des emplois aux populations".

Dans sa déclaration finale, la conférence de Dakar affirme sa "réprobation
de la violence" et qu’elle "ne saurait accepter les multiples atrocités faites
au nom (de l’islam) ni cautionner les actes de terrorisme et d’extrémisme".
mrb/cs/amd
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