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Psychose des attentats-suicide de Boko haram en Afrique de l’Ouest : la burqa, un cas
Publié le mercredi 29 juillet 2015  |  Le Quotidien




Les attentats-suicide à la burqa de Boko haram gagnent du terrain au Tchad et au Cameroun après avoir fait d’énormes dégâts au Nigeria. Cela commence à susciter réflexion en Guinée et au… Sénégal.

«Les terroristes changent de stratégie tout le temps et nous devons nous ajuster au fur et à mesure», comme disait l’autre. Au Sénégal, le port du voile n’est pas interdit. Il se pratique sans pour autant que cela n’émeuve ni ne choque. Mais quand le phénomène suscite des inquiétudes au plus haut sommet de l’Etat guinéen, un pays voisin séculaire du Sénégal, le débat mérite d’être posé chez nous. Il commence à susciter réflexion chez des experts et observateurs avertis de l’islamisme radical. (Voir par ailleurs). «(…) J’ai dit que le port du voile pose problème. Laisser l’islamisme s’installer en Guinée, c’est jouer avec la sécurité de la Guinée (...)», a déclaré hier le Président guinéen. Et Alpha Condé d’être plus précis : «(…) J’ai dit il faut un débat national, moi je suis responsable de la sécurité en Guinée. Si demain quelqu’un qui est voilé entre ici et commence à tirer sur les étudiants, qui serait responsable ? C’est moi (…)»

Le Tchad a commencé à payer un lourd tribut face à Boko haram le 15 juin dernier, avec à la clé 33 morts et une centaine de blessés. Pour contrer cette nouvelle méthode de guérilla des extrémistes nigérians, le gouvernement tchadien avait interdit le port de la burqa «dans les lieux publics, les écoles (et) toute l’étendue du territoire». Affichant sa fermeté, Kalzeube Pahimi Deubet annonçait que «des instructions (avaient) été données aux services de sécurité d’entrer dans les marchés et de ramasser toutes les burqas qui y sont vendues et de les bruler». Il prévenait que «tous ceux qui refusaient d’obtempérer et qui se hasarde­raient à braver la mesure en portant la burqa doivent être arrêtés, jugés en référé et condamnés». Mais par la suite, la mesure n’a pas été suivi d’effets ayant conduit à maîtriser l’ennemi. Puisque vont suivre d’autres attentats-suicide dont le plus insolite demeure celui perpétré au marché de la capitale tchadienne par un homme habillé en… burqa. Le Cameroun est en train aussi, à son tour, de subir les assauts meurtriers de Boko haram. Avec aussi des attentats-suicide à la burqa commis par deux femmes kamikazes, vêtues d’un voile intégral, à Fotokol, extrême-Nord du Cameroun. Les deux femmes se sont fait exploser le dimanche 12 juillet dernier à cinq minutes d’intervalle, l’une à l’entrée du camp du Bataillon d’intervention rapide (Bir) et l’autre dans un quartier voisin de cette base. Ce double attentat-suicide imputé à la secte islamiste avait fait 11 morts. Ici aussi, les autorités de cette région camerounaise, cible régulière d’attaques de Boko haram, ont interdit le port du voile intégral pour lutter contre les terroristes. Après Fotokol, Boko haram avait perpétré deux attentats-suicide en l’espace de quelques heures dans la ville de Maroua avec à la clé, selon les sources officielles, 13 morts et 32 blessés. Le Nigeria, bastion de Boko haram, n’est pas épargné par ce type d’attentats-suicide où ils font foison. Ici, les femmes sont devenues la nouvelle arme de guerre de la secte, dans le nord. Souvent des adolescentes, parfois des fillettes sèment la mort, au prix de leur propre sacrifice. Le 22 février 2015, une fillette de 7 ans tue sept personnes en se faisant exploser à Potiskum, dans le nord-est du Nigeria. Une semaine avant, c’est une kamikaze qui utilise le même procédé, à la gare routière de Damaturu, nord du pays toujours, faisant sept morts et 32 blessés. Le 10 janvier dernier, une bombe explosait sur un marché de Maiduguri, faisant 20 morts et 18 blessés. Ceinte sous les explosifs, une fillette de 10 ans.


Eventualité d’une interdiction du port du voile intégral au Sénégal
Les avis divergents des acteurs religieux
Le Sénégal va-t-il interdire le port du voile intégral pour les femmes ? Celui-ci constitue le nouveau moyen des terroristes pour répandre le mal. Si le Tchad, le Cameroun et le Nigeria ont procédé à l’interdiction, au Sénégal les avis divergent dans le monde religieux. Le Quotidien a posé le débat hier.

Acculés par la secte islamiste, Boko haram, qui répand la désolation par des crimes odieux, le Tchad, le Nigeria et le Cameroun ont dû se résoudre à interdire le port du voile intégral pour des raisons de sécurité. Loin de cette tension ambiante, le Sénégal n’est pas la cible de la menace terroriste. Du moins pour l’instant. Mais devrait se méfier, d’après le vice-président de l’Ong Jamra. «Aucun pays ne peut se frapper la poitrine et se glorifier d’être totalement à l’abri du terrorisme. Qui pouvait imaginer qu’en pleines vacances, la Tunisie allait subir cet attentat en pleine plage qui s’est soldé par une trentaine de morts composés essentiellement de touristes étrangers ? Personne n’est donc à l’abri, parce que la lutte contre le terrorisme, comme l’a dit le Président Obama, aucun pays ne peut prétendre pouvoir y faire face seul. Donc, tous les pays doivent prendre des mesures», décline Mame Mactar Guèye. Des mesures préventives que la Guinée entend mettre en place pour ne pas être prise de vitesse par des organisations nébuleuses comme le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar dine qui, toutes, sévissent dans la sous région ouest africaine.

Interdiction en contradiction avec l’islam
Ces directives ne sont-elles pas en contradiction avec l’islam qui recommande à la femme de couvrir son corps ? D’après l’animateur religieux de la Sen Tv, «dans le Coran, Dieu a été clair, c’est-à-dire que la femme doit se couvrir». Par conséquent, souligne Iran Ndao, interdire cela équivaut à une défiance envers le Tout-Puissant. «Ces directives doivent impérativement être appliquées. Ceux qui appelaient le contraire sont contre l’islam. Ceux qui s’aventurent à interdire le port de la burqa se dressent contre le Tout-Puissant, parce que c’est Lui-même Dieu qui l’a prescrit», prévient Oustaz Iran Ndao. Pour lui, la question du terrorisme ne peut prospérer pour faire interdire le voile. Il assène : «Evoquer l’argument du terrorisme est infondé. Ce sont des tentatives de faire dévaloriser l’islam. Le terrorisme n’a rien à voir avec l’islam. Les terroristes sont des personnes mal intentionnées guidées par Satan.»

Iran Ndao : «Je m’opposerai à sa mise en place au Sénégal, quitte à aller en prison»
D’ailleurs Oustaz Iran Ndao prédit une fin malheureuse pour le Président Alpha Condé et son régime, si l’interdiction du port de voile intégral est effective en Guinée. «Si le Président Condé approuve dans son pays l’interdiction du port de la burqa, il n’y verra que des conséquences fâcheuses. Je le mets en garde. S’il veut la stabilité pour son pouvoir, qu’il n’essaie surtout pas d’interdire ce que Dieu a prescrit», avertit-il. Selon M. Ndao, «la femme est un trésor qui doit être gardé». Il avertit quant à la mise en place d’une telle mesure au Sénégal. «Si on essaie d’instaurer l’interdiction du port de la burqa au Sénégal, je ferai partie des farouches opposants, quitte même à aller en prison», défie-t-il.

Pr Khadim Mbacké «ne voit pas l’utilité» pour le Sénégal
Sur ce, il soutient que cette loi ne passera pas au Sénégal. «Les Sénégalais aussi n’accepteront pas cela», martèle le présentateur de l’émission «Sen diné». Sa pensée n’est pas partagée par Mame Mactar Guèye qui estime que «l’Etat a le droit et le devoir de prévenir parce que gouverner, c’est prévoir». Mais nuance-t-il, il y a une «ligne délicate» entre les mesures préventives et le respect des libertés individuelles et de culte. «Je pense qu’il y a un équilibre à avoir pour que les citoyens ne se sentent pas lésés dans leurs droits», dit-il.
Aujourd’hui, le port de voile intégral est très faible chez les femmes. Raison pour laquelle il ne faut pas se précipiter pour le proscrire, d’après le Pr Khadim Mbacké, islamologue et chercheur à l’Ifan. «Le port de ces voiles est rarissime au Sénégal. Il n’y pas d’attentats. Je ne vois pas l’utilité d’une telle mesure au Sénégal», soutient-il précisant que les pays qui ont déjà adopté ces initiatives sont en proie aux attentats terroristes. De plus, le Pr Mbacké avertit que la mise en place d’une telle mesure créerait une instabilité sociale au Sénégal.

Mame Mactar Guèye : «Le débat mérite d’être posé»
Cependant, si le chercheur minimise les risques pour le Sénégal, le vice-président de Jamra indique que «le débat mérite d’être posé». «Les pays qui ne sont pas encore touchés- la Guinée et le Sénégal- doivent conjuguer leurs efforts et leurs intelligences et surtout solliciter la compréhension des populations. Avec ça, ils peuvent prendre les mesures opportunes», prône M. Guèye signalant que les initiatives n’ont pas pour ambition de combattre l’islam.


Conférence internationale sur la religion musulman et la paix
Devoir de sensibiliser sur la nature pacifique de l’islam
Pour montrer la nature éminemment pacifique de la religion musulmane, l’Association Jamhiyatu Ansarud-dîn Sénégal va organiser le 28 et 29 juillet une conférence internationale sur la paix. Cette rencontre va réunir 500 participants parmi lesquels des savants, érudits de différentes religions, universitaires, chercheurs, décideurs politiques. Selon les organisateurs, elle sera une occasion de diagnostiquer la violence dans le monde et faire des recommandations afin de trouver des solutions à ce problème.

Enlever à l’islam l’image liée à la violence qu’on lui colle du fait des actes terroristes posés par des hommes qui se disent appartenir à cette religion : c’est l’objectif de la conférence internationale sur la paix qui va s’ouvrir ce mardi 28 juillet à Dakar, pour deux jours.

Organisée par l’Association Jamhiyatu Ansarud-dîn Sénégal, cette rencontre sera une occasion de «montrer la nature éminemment pacifique de l’islam d’abord à travers ses textes fondateurs, mais également de l’application qui en est faite quotidiennement par la grande majorité des musulmans du monde».
Selon Amadou Samb, président de la Commission des finances pour l’organisation de cette conférence, il s’agit à travers cette rencontre de faire «le diagnostic, formuler des recommandations qui conduiront à une action pour trouver une solution à cette violence». D’après M. Samb, «l’une des résolutions de cette conférence sera de renforcer le message de paix de l’islam».
Pour lui, si ces personnes ont pu ternir l’image de l’islam à travers cette violence, «c’est parce que la plupart, persuadées que l’islam est une religion de paix, sont restés silencieux. Cela doit changer, le message de paix doit être enseigné partout dans les écoles quelle que soit la confession», a-t-il dit. De même, il estime que «ce discours de paix devra être relayé et devra aboutir à des actions concrètes qui à long terme vont supprimer la base dans laquelle les organisations terroristes sont en train de recruter». C’est-à-dire «l’ignorance, la mauvaise perception de l’islam».
En plus de cette sensibilisation qui doit être faite sur le message de paix, M. Samb soutient qu’il faut supprimer les foyers de pauvreté. Pour cela, il faudra faire jouer la solidarité, propose-t-il.
Avec comme thème général «La contribution de l’islam à l’avènement d’une paix mondiale durable», la conférence sera déclinée en plusieurs sous thèmes. Il y aura une table ronde sur les actions pacifiques de Cheikh Ibrahima Niass et six autres sessions. «Nous parlerons de la femme école de la paix, de la jeunesse vecteur de paix qui est au premier plan dans tous les conflits. Nous parlerons aussi du dialogue inter-religieux, de la paix, condition sine qua non pour le développement, de la solidarité islamique qui fait partie des piliers de l’islam», a-t-on informé.
La question des menaces contre la paix, de l’extrémisme et du terrorisme sera aussi abordée. Selon le président de la Commission des finances, «c’est un sous thème imposé par le contexte». «Nous n’allons pas seulement nous réunir, parler et partir. Nous allons formuler des recommandations et nous nous attendons à ce qu’elles aboutissent à une action concrète pour juguler toutes les menaces», a-t-il souhaité.
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