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Organisation de la présidentielle de 2017: Monsieur élections divise la classe politique
Publié le mardi 28 juillet 2015  |  Sud Quotidien
Cérémonie
© aDakar.com par DF
Cérémonie publique d`incinération de drogue
Dakar, le 07 Novembre 2014- Le ministre de l`Intérieur et de la Sécurité publique a participé à une cérémonie publique d`incinération de drogue, en présence du directeur de l`Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), Mame Seydou Ndour. Dakar, le 07 Novembre 2014- Le ministre de l`Intérieur et de la Sécurité publique a participé à une cérémonie publique d`incinération de drogue, en présence du directeur de l`Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), Mame Seydou Ndour. Photo: Abdoulaye Daouda Diallo, ministre de l`intérieur et de la sécurité publique




Peut-on organiser au Sénégal des élections régulières et transparentes avec un ministre de l’Intérieur appartenant au pouvoir en place ? Apparemment, la question ne semble pas se poser pour une bonne partie de l’opposition politique qui réclame vaille que vaille la nomination d’une personnalité neutre pour organiser les élections à venir, notamment la présidentielle de 2017. Peut-on d’ailleurs lui en tenir rigueur quand on sait qu’au Sénégal, les deux seules alternances politiques à la tête de l’Etat (2000 et 2012) ont été pilotées par deux «Monsieur Elections» indépendants. En l’occurrence, le Général Lamine Cissé et l’Inspecteur d’Etat Cheikh Guèye ? En tout cas, à moins d’une année de la prochaine présidentielle, cette question d’une personnalité neutre pour organiser le processus électoral divise de plus en plus la classe politique comme les analystes du sérail. Quand bien même la nécessité du consensus, pour booster le jeu démocratique, s’impose de plus en plus à tous !

PROCESSUS ELECTORAL- DU MINISTRE « POLITIQUE» A LA PERSONNALITE NEUTRE :Chronique d’un pilote à deux visages
À moins d’une année et demie de la présidentielle de 2017, le débat sur l’appartenance politique du ministre de l’Intérieur pour ce qui concerne l’organisation des élections fait la chronique. D’autant que l’opposition politique s’investit de plus en plus pour le choix d’une personne indépendante pour organiser les joutes électorales à venir, histoire de garantir la régularité et la transparence du processus électoral. Pourtant, une revue historique de l’organisation des élections au Sénégal permet de constater qu’à l’exception de la présidentielle de 2000, des législatives de 2002 et de la présidentielle de 2012, toutes les élections au Sénégal, de 1963 à nos jours, ont été organisées par des ministres de l’intérieur «politiques».

Dans un communiqué rendu public, la semaine dernière, une partie de l’opposition sénégalaise est montée au créneau pour récuser le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, comme organisateur des élections.Pour motiver leur démarche, ces partis d’opposition, réunis autour du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr),ont fait état d’actes «anormaux» qui sont en train d’être posés par les autorités étatiques, notamment le ministre de l’Intérieur qu’ils accusent par ailleurs d’être un militant actif de l’Alliance pour la République (Apr). Dans la même dynamique, ces partis ont déploré l’absence de dialogue entre le pouvoir et l’opposition sur les conditions d’organisation de la prochaine présidentielle. À ce titre, ils ont ainsi invité le président de la République, Macky Sall, à suivre l’exemple de ses prédécesseurs et à procéder à la nomination d’une personnalité de consensus, capable de gérer le processus électoral dans une parfaite impartialité. Cette demande de l’opposition, à moins d’une année et demie de la prochaine présidentielle, si elle se tenait en 2017, remet sur la table l’épineux débat sur la posture du ministre de l’Intérieur dans le jeu électoral.

Si l(organisation des élections sous Senghor n’a pas connu ce débat, de manière frontale, il faut toutefois dire qu’il a connu un autre traitement avec Abdou Diouf, sous le magistère duquel les partis opposés au pouvoir socialiste ont vu leurs forces se structurer de plus en plus. C’est ainsi qu’en 1998, la question d’une personnalité indépendante au ministère de l’Intérieur avait vivement été agitée par l’opposition. Cela avait d’ailleurs amené le Président Diouf à nommer une personnalité «neutre» à la tête du ministère de l’Intérieur chargé de l’organisation des élections. Il s’agissait du Général Lamine Cissé, ancien chef d'état-major général de l’armée sénégalaise. Nommé ministre de l'Intérieur en 1998, le Général Cissé avait pour mission essentielle d'organiser respectivement les élections législatives de la même année et la présidentielle de l'an 2000. Propulsé au centre de la vie politique sénégalaise entre 1998 et 2000, le Général Cissé avait ainsi pu veiller sur le bon déroulement du processus électoral qui a conduit à la première alternance politique à la tête de l’Etat sénégalais.

À la suite du Président Abdou Diouf, Me Abdoulaye Wade a également à son tour fait appel aux services d’une personnalité «indépendante» pour veiller sur la bonne organisation d’une élection. C’est en 2012, lors de la présidentielle. À l’époque, l’ancien Président a pris cette décision par souci de rassurer son opposition et les responsables de la société civile.

Le Président Wade était même allé plus loin en créant un ministère chargé des élections, bien que ce dernier fût placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. A la tête de ce nouveau ministère, il avait nommé l’inspecteur d'État, Cheikh Guèye, jusqu’alors Directeur des élections, poste qu’il occupait depuis la création de cette direction en 1998. Cette décision de Wade avait été saluée par tous les acteurs engagés dans le processus électoral. D’autant plus qu’elle (cette décision) faisait suite à une demande des partis d’opposition. En effet, ces derniers avaient vivement exprimé leur doute sur l’impartialité du ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, par ailleurs responsable du Pds, à organiser un scrutin transparent et honnête. Et c’est ainsi qu’ils ont saisi le chef de l’État, Me Abdoulaye Wade, pour demander le retrait de l'organisation des élections au ministère de l’Intérieur. En réponse, le Président Wade avait décidé de couper la poire en deux en maintenant non seulement Ousmane Ngom à son poste de ministre de l’Intérieur mais aussi en procédant à la création d’un ministère chargé des élections à la tête duquel, il nommait l’inspecteur d'État, Cheikh Guèye par ailleurs ancien directeur des élections. Cette solution qui semblait répondre aux exigences de l’opposition a permis le bon déroulement de cette élection.

De manière générale toutefois, il faut souligner qu’à l’exception de la présidentielle de 2000, des législatives de 2002 et de la présidentielle de 2012, toutes les élections organisées au Sénégal, de 1963 à nos jours, ont été pilotées par des ministres de l’intérieur d’obédience politique, en somme membres du parti au pouvoir. En quarante années de règne du Ps, le Général Lamine Cissé fut le seul ministre de l’Intérieur non issu des rangs socialistes à organiser une élection. De son côté, le régime libéral de Me Wade a connu deux ministres de l’Intérieur non partisans. Il s’agit du Général Mamadou Niang (2000-2003), ex-Président de l'Observatoire national des élections (Onel, 1997-98), et de Cheikh Guèye, ministre en charge des élections juste avant le départ de Me Wade, en 2012.
MOUSTAPHA DIAKHATE, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE BBY : «Notre système électoral est tel que personne ne peut détourner...»
C’est manquer de respect à l’histoire démocratique de notre pays. Le Sénégal a eu deux alternances. Dans toutes ces alternances, pour l’essentiel, les élections ont été organisées par un ministre de l’Intérieur qui appartient au parti au pouvoir, dont la dernière. Quand Abdoulaye Wade a perdu les élections municipales en 2009, le ministre de l’Intérieur était de son parti, tout comme quand il a perdu la présidentielle. Le Sénégal a dépassé ce stade où on doit exiger qu’un ministre de l’Intérieur ne soit pas du parti au pouvoir. Notre système électoral est tel que personne ne peut détourner la volonté populaire. La Cena est neutre et elle est présente dans l’ensemble du territoire national. Elle participe à tout le processus électoral. C’est la justice qui fait le décompte des voix et proclame les vainqueurs. Et dans tous les processus électoraux, les partis politiques sont présents, depuis les inscriptions jusqu’à la proclamation des résultats. Aujourd’hui, le Sénégal dispose de toutes les garanties d’une élection démocratique et transparente... Les conditions d’une élection démocratique et transparente existent dans le Code électoral et dans le processus électoral au Sénégal. Ce n’est pas un parti politique qui fera une transparence des élections. Nous avons dépassé ce stade et de loin, depuis 1998».

MAMADOU DIOP DECROIX, SG D’AND JEF, MEMBRE DU FPDR : «Nous voulons juste une personnalité consensuelle»
Nous n’avons pas demandé quelqu’un d’autre au ministère de l’Intérieur, mais une personnalité chargée des élections. Nous voulons une personnalité indépendante du ministère de l’Intérieur, en tout cas consensuelle. L’apolitisme, la neutralité, tout ça : ce sont des jugements de valeur. Ce n’est pas cela. Donc, nous avons parlé d’une personnalité de consensus pour organiser les élections. Le reste est ce que cette personnalité-là soit neutre, apolitique. Nous voulons juste une personnalité consensuelle. Comme Lamine Cissé, ou encore Cheikh Guèye par la suite.

NOMINATION D’UN « MONSIEUR ELECTIONS » APOLITIQUE : Quand les analystes politiques rament à contrecourant !

L’exigence posée par l’opposition de nommer une personnalité indépendante au ministère de l’Intérieur pour l’organisation des prochaines élections est diversement appréciée par les analystes politiques. Si pour Moustapha Samb, docteur en communication et observateur politique, le niveau relativement faible de notre démocratie n’est pas favorable à la nomination d’une personnalité politique, surtout issue du parti au pouvoir, son collègue Amadou Keita dit Kao, docteur en science politique, estime que l’apolitisme ou non n’est pas gage de pacifisme du jeu politique. Toutefois, tous s’accordent sur la nécessité d’une solution consensuelle aux questions électorales, voire même institutionnelles.

Le débat suscité par l’opposition sénégalaise, notamment sur l’exigence de la nomination d’une personnalité indépendante au ministère de l’Intérieur pour l’organisation des prochaines élections est loin de connaitre son épilogue. En effet, les analystes politiques, contactés par nos soins apprécient diversement cette requête de l’opposition, regroupée autour des partis comme le Pds de Me Wade, le Fsd-Bj de Cheikh Bamba Dièye, l’Ucs d’Abdoulaye Baldé, Aj-Pads de Mamadou Diop Decroix, Bokk Gis-Gis de Pape Diop, Rewmi d’Idrissa Seck, enfin l’Urd de Djibo Kâ.

De l’avis de Moustapha Samb, docteur en communication, en principe, l’organisation d’une élection par une personnalité à coloration politique ne devait pas causer de problème, à l’image des grandes démocraties. Cependant, trouve-t-il, «dans nos pays, ce cas de figure n’est pas toujours envisageable à cause de plusieurs facteurs : le niveau relativement faible de notre démocratie, l’appartenance politique du ministre de l’Intérieur, surtout si c’est celui du parti au pouvoir, qui affecte considérablement sa légitimité aux yeux de l’opposition pour organiser les élections». Une position diversement appréciée par Amadou Keita dit Kao, docteur en science politique. Pour lui, «l’apolitisme ou non n’est pas une garantie de pacification du jeu politique, c’est-à-dire une absence de contestation des choix politiques du pouvoir». A l’en croire, l’opposition est dans son rôle de critiquer le pouvoir. Cela, dans la mesure où, selon lui, «nous avons connu des personnalités militaires mais aussi des personnalités politiques et apolitiques. Il y a eu des réussites dans l’organisation et la gestion du processus électoral».

L’EXIGENCE DU CONSENSUS

Invités par ailleurs à se prononcer sur la mise sur pied d’un front uni pour la transparence des élections, tel que lancé par l’opposition, nos deux analystes politiques développent des points de vue divergents. Pour Dr Kao, «la logique «frontiste» qui anime l’opposition, est une position normale dans le jeu politique». D’autant plus que, poursuit-t-il, «les mobilisations politiques, avec la constitution des coalitions partisanes depuis 1988, ont eu des effets positifs dans l’amélioration des règles du jeu politique». Pour sa part, même s’il admet que «c’est une réaction préventive qui dénote une suspicion de l’opposition», M. Samb estime tout de même que «c’est surtout une réaction politique de l’opposition pour faire croire qu’il y a un manque de volonté du pouvoir, alors qu’en réalité, il n’y a pas encore péril en la demeure». Poursuivant son propos, le professeur au Cesti a trouvé «qu’il sera très difficile au Sénégal de truquer des élections car il y a plusieurs acteurs mobilisés pour un vote libre, secret et transparent». Toutefois, Dr Samb et son collègue Dr Keita sont tous d’avis que pour une élection apaisée, il est préférable d’avoir un homme de consensus. «Il faut des médiateurs entre l’Etat et l’Opposition pour discuter, dialoguer et trouver des consensus sur les grandes questions liées à l’organisation des prochaines élections», propose M. Samb. Même son de cloche pour M. Keita qui trouve «qu’il faut jouer à fond la carte du consensus pour dissiper cette suspicion de l’opposition concernant les élections».
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