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Accidents de la route: ‘‘Les piétons n’empruntent pas les passerelles’’
Publié le mercredi 22 juillet 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par MC
Sommet de la Francophonie: Dakar fait peau neuve
Dakar, le 27 Novembre 2014: A quelques jours du début du XVe Sommet de la Francophonie, la ville de Dakar, la capitale du Sénégal, a totalement changé de visage.




Les conducteurs se prononcent sur la série d’accidents notés ces derniers temps. Ils rejettent la faute sur des passagers qu’ils trouvent assez légers dans l’observance des règles basiques de la circulation.



Le 20 mai dernier, un bus de transport en commun Tata chute du pont de la Foire et fait trois blessés graves ; le 2 juillet, deux vendeuses sont mortes écrasées par le porte-conteneur d’un camion au croisement de Keur Massar ; mercredi 8 juillet, un camionneur décède suite à un choc violent sur la corniche de Ouakam ; trois jours plus tard, le pronostic vital d’un piéton est engagé après avoir été touché par un taxi sur la Voie de dégagement nord (Vdn). A ce décompte macabre s’ajoutent les nombreux autres cas dans la capitale et dans les régions. Le constat est que les accidents, souvent mortels, sont en nette recrudescence sur les deux derniers mois.

Cette énumération macabre n’arrive pourtant pas à dissuader les piétons de prendre les précautions minimales pour traverser la route. ‘‘C’est n’importe quoi par ici, les cars déposent ou prennent des clients dans l’anarchie la plus totale’’, proteste le vieux Madiagne Fall en caftan gris. En bas du pont de Sipres, juste en face du centre de formation professionnelle et technique (CFPT) Sénégal-Japon, la circulation est tellement rapide que les voitures qui passent vous font l’impression d’être des supersoniques. D’éventuels passagers attendent d’emprunter le passage clouté dessiné juste en bas de la bretelle. Ils descendent ou s’apprêtent à rejoindre les cars rapides, ‘Ndiaga Ndiaye’’ et bus Tata qui stationnent de part et d’autre des deux voies de la VDN.

Le pire est qu’on assiste à des traversées hasardeuses des piétons pour rejoindre la Cité Sipres, de l’autre côté de la voie. Un périple risqué et incompréhensible, d’autant qu’une passerelle est érigée à une vingtaine de mètres du pont. ‘‘Pourquoi j’emprunte la passerelle ? Pour rejoindre l’autre côté en toute sécurité !’’ répond un jeune homme sur la rambarde bleue, éberlué par ce qu’il considère certainement comme une question naïve. En contrebas, c’est tout le contraire. Des groupes de deux à trois personnes, tournant la tête à gauche et à droite, attendent le moment propice, que diminue le flot ininterrompu de voitures en provenance de la Foire, pour se hasarder sur la chaussée. ‘‘C’est plus pratique de traverser la chaussée. Avec la passerelle, c’est un long détour’’, déclare un jeune étudiant quelque peu essoufflé, après la course pour passer.

‘’C’est suicidaire’’

Quelque 400 mètres plus loin, à la passerelle de Sacré-Cœur, la situation est légèrement différente. La passerelle est bien empruntée par les piétons. L’emplacement stratégique y est pour beaucoup. ‘‘Quelle que soit la direction que vous prenez, elle ne vous oblige pas du tout à faire des détours’’, se réjouit Alassane Sy, en tenue de sport, égrenant son chapelet. Certains passagers disputent toutefois la chaussée aux véhicules, mais les traversées risquées sont atténuées par une chaussée rétrécie et une observance assez stricte du passage clouté.

‘‘Les piétons n’empruntent plus les passerelles. Ils préfèrent disputer la chaussée à nos véhicules. C’est suicidaire’’, déclare le chauffeur de car rapide qui nous amène à destination de l’université. Si beaucoup de conducteurs indexent l’irresponsabilité des passagers, ils ne se dédouanent pas pour autant. ‘‘C’est vrai que nous ne sommes pas exempts de tout reproche. Nous sommes plus essentiellement confrontés à des problèmes techniques’’, déclare le taximan Sémou Diop près du garage des voitures ‘clandos’ sur le rond-point Sipres. A titre d’illustration, cet homme grisonnant, en patchwork ‘baye fall’, prend le cas du récent accident du camion sur la Corniche de Ouakam. Le coupable est tout désigné, selon lui : le contrôle technique des véhicules. ‘‘Si les freins avaient répondu, peut-être que ce drame aurait pu être évité’’, lance-t-il.

L’équation de la visite technique

Ce problème demeure encore, malgré les efforts des autorités. Dans l’étude d’impact économique des accidents sur l’économie, parue dans EnQuête, le 5 mai passé, il est fait état de ‘‘1 749 véhicules de transport qui ont été contrôlés entre janvier et avril. Sur ce total, 949 véhicules, soit 54%, n’avaient pas répondu aux critères et ont été obligés de repasser la contre-visite’’, selon le responsable de l’Office de tutelle et de surveillance (OTS) du Centre de contrôle technique des véhicules (CCTV), M. Diène. Lequel avait révélé que, sur ce lot de véhicules de transport contrôlés, 624 véhicules ont des problèmes de freinage, et 369 des problèmes liés à la direction. D’autres véhicules, 184 au total, traînent un mauvais éclairage, en plus des difficultés relevées par le diagnostic des techniciens, dont la mauvaise qualité des pneus.

Selon toujours la même étude, les statistiques officielles de l’année 2012, les accidents de la circulation dans la capitale sénégalaise ont coûté la vie à 165 personnes, dont 35 conducteurs, 67 passagers, 30 piétons de moins de 13 ans, 8 piétons de moins de 20 ans et 25 piétons de plus de 20 ans. Des statistiques qui sonnent comme un contre-pied au préjugé selon lequel les accidents de la circulation seraient dus au mauvais état des routes. En effet, sur 2 402 cas déclarés, 2 295 ont eu lieu sur un ‘‘goudron en bon état ‘’, soit 96%, alors que 2% seulement ont lieu sur un goudron en mauvais état. Le facteur humain étant fortement concerné dans la survenue de ces accidents, Sémou Diop, le taximan, réclame ‘‘une application sévère des règles envers conducteurs et piétons’’.
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