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Prolongement de la Vdn : L’Etat suspendu à l’appel des Layènes
Publié le lundi 20 juillet 2015  |  Le Quotidien
Un
© Autre presse par DR
Un terrain en chantier




L’accès à l’esplanade du mausolée de Cambérène, les indemnisations de familles négativement impactées par le projet de prolongement de la Vdn, autant de dossiers non vidés que le Mouvement de la réhabilitation du lieu de recueillement cité plus haut impute à l’Ageroute. Ses membres dénoncent les méthodes de l’Etat et comptent agir pour que les fidèles layènes et les habitants de la cité religieuse préservent leurs intérêts surtout qu’il s’agit pour une grande partie, d’un titre foncier et non pas d’un domaine public.

Le projet de prolongement de la Vdn (Voie de dégagement nord), qui doit traverser la cité religieuse de Cambérène, n’a pas encore reçu toutes les bénédictions. Il affecte un site, parmi les plus sacralisés par la communauté layène et fait grincer des dents. En effet, «le Mouvement pour la réhabilitation du mausolée» s’insurge contre le publi-reportage réalisé par l’Age­route, l’agence d’exécution, diffusé à travers des chaînes de télévision. Ce spot véhicule l’idée selon la­quelle, les divergences avec les po­pulations sont aplanies. «Ce qui est totalement faux», selon le coordonnateur de cette organisation, Malick Diop. Dans leur «Décla­ration publique», reçue mercredi passé, lui et ses camarades dénoncent des insuffisances dans le processus de concertation qui devait prévaloir. La traversée de l’esplanade du mausolée est «le point central et le plus important».
Selon ce mouvement, il n’y a pas eu de discussions sur l’impact foncier et l’articulation technique avec ce projet de réhabilitation du khalife et les infrastructures connexes qui devront voir le jour dans cette partie de la corniche. «En effet, comment comprendre pour un projet aussi impactant sur le foncier et à quelques mètres seulement du mausolée de Seydina Issa Rohou Lahi, premier khalife du Mahdi, que l’Ageroute ignore totalement ce qui s’y passe et ne prenne même pas la précaution de s’adresser au préalable à ceux à qui le khalife a confié les travaux et les aménagements en cours», s’émeuvent-ils. La sécurisation et l’accès à ce lieu de recueillement constituent pour eux, «l’élément central à résoudre avant tout démarrage de travaux à Cambérène», d’autant que «partout ailleurs au Sénégal, l’Etat aménage les lieux de culte et de pèlerinage et respecte la sacralité des lieux dans ses politiques».
Alors qu’une certaine avancée est louée par les responsables du projet, le Mouvement pour réhabilitation du mausolée rappelle que «jusqu’à présent, l’étude d’impact environnemental et social (Eies) n’a pas été validée par les populations du fait de l’absence de discussions franches et sérieuses sur les nombreux points de désaccord».

L’emprise du projet en question
Le 23 décembre 2014, le cabinet Transecor a présenté l’étude d’impact en question aux habitants de cette cité religieuse, à travers une audience publique. Ayant reçu le document la veille, Malick Diop et ses camarades ont demandé du temps pour faire leurs observations aux réalisateurs de cette étude mais aussi les autorités. La synthèse de leurs considérations du rapport provisoire de l’Eies met en exergue des impacts divers du projet sur la cité religieuse. «A titre d’exemple, quand on parle de détérioration de l’air ambiant, il n’existe pas dans le rapport de donnée chiffrée pouvant permettre d’étayer une telle affirmation. On parle également de détérioration temporaire de l’ambiance sonore (bruits) comme si cette forme de nuisance s’arrêtera à la fin des travaux de réalisation de la route. Quid durant la phase exploitation avec le trafic intense des véhicules ? », s’interrogent ces Cambérénois dans leur «rapport d’analyse…» de l’Eies qui leur a été soumis. Ce document est cosigné par le maire de la commune, le «Collectif des impactés», le «chef du village», «le Comité centenaire» et le «Mouvement Diamalaye». Pour eux, le cabinet a aussi manqué de précision sur les mesures d’atténuation qu’il a financièrement évaluées à «215 mil­lions 625 mille francs Cfa».
Pendant que ce projet autoroutier risque de compromettre le mausolée, le mouvement créé pour sa réhabilitation ne voit point dans le rapport «combien de personnes vont être impactées durant les travaux et durant la phase d’exploitation». Cela pousse son premier responsable à se demander encore les bases sur lesquelles la négociation avec les personnes «impactées» a été faite : «Ne devrait-on pas alors poser un problème de procédure, car sur quelle base a-t-on négocié avec des personnes et même les faire signer alors que l’étude d’impact sans la validation de laquelle ces dites signatures n’ont aucune valeur n’a pas été faite ? Et si les populations ne sont pas d’accord avec le tracé, comment faire en cas de redimensionnement du projet (…).»

Non-rejet du projet et indemnisations sur un titre foncier
L’emprise du projet n’est pas encore clairement définie, selon ces défenseurs du mausolée. Ils constatent d’ailleurs que «le tracé réel du projet n’a jamais fait l’objet de matérialisation concrète et transparente avec les populations». Et il se trouve que les «ëtts» (espace familale de discussion) «qui constituent un patrimoine social, culturel des layènes à préserver» n’ont été considérés à leur juste spécificité. L’Etat est dans une dynamique d’indemniser les personnes qu’il estime victimes de ce projet. Malick Diop et Cie considèrent que «les indemnisations proposées l’ont été sur des bases nébuleuses et n’ont pas tenu compte du fait que Cambérène est sur titre foncier unique». Par conséquent, «il est inacceptable d’imposer aux victimes un barème car Cambérène n’est ni sur le domaine de l’Etat ni sur le domaine national pour que l’Etat puisse lui imposer quoi que ce soit». D’après eux, «de nombreux impactés ont été omis et dans beaucoup de concessions». La diversité des ménages négligée fait que «de nombreuses familles» peinent à «s’entendre sur les modalités de partage». Pis, le projet n’a pas prévu de site de recasement pour les Cambérénois impactés contrairement à Malika et aux déplacés de l’autoroute à péage. Autant de manquements que la tenue de discussions «franches» avec les «véritables interlocuteurs» de­vrait régler. Toutefois, contrairement à une idée répandue, regrette ce mouvement, «Cambérène n’a jamais rejeté ce projet mais a proposé son redimensionnement pour tenir compte de la dimension sacrée du mausolée, ce que l’Age­route ne veut point entendre».


Ibrahima Sall, coordonnateur du projet de prolongement de la Vdn
«On ne touchera pas au mausolée»
Interrogé sur les préoccupations du Mouvement pour la réhabilitation du mausolée, le coordonnateur du projet de prolongement de la Vdn assure que ce lieu de culte ne sera pas touché. Entre autres retombées, Ibrahima Sall annonce une réévaluation des impenses à payer à la suite d’un nouveau décret remplaçant le premier.

Le mausolée du premier khalife des layénes ne sera pas touché par le prolongement de la Vdn qui doit traverser Cambérène. C’est l’assurance que le coordonnateur du projet a donné. Joint par téléphone, Ibrahima Sall a tenu d’abord à préciser «qu’il n’a aucun intérêt à polémiquer avec les populations». A propos de l’esplanade dudit mausolée, M. Sall indique que l’autoroute passera entre la mer et ce lieu de culte. «On ne touchera pas au mausolée qui a été clôturé. La route ne touchera au mur», ajoute-t-il.
Le coordonnateur du projet de poursuivre que plusieurs discussions ont eu lieu avec les personnes impactées. Et «le maire de Cam­bérène peut en témoigner». Tout de même, lui et l’Ageroute restent «ouverts au dialogue». «S’ils (les membres du mouvement pour la réhabilitation du mausolée) le veulent, ils peuvent venir échanger avec nous. Nous sommes disposés à dialoguer.» Sur les retombées positives, Ibrahima Sall annonce que «la voirie de Cambérène sera entièrement reprise», et le projet recrutera de la main d’œuvre locale. De plus, «Ageroute va contribuer à la réhabilitation du mausolée».

Un nouveau décret sur les indemnisations
Quant aux indemnisations des personnes impactées, il soutient que l’Etat, à travers les services compétents et le préfet de Dakar, a évalué les impenses et a procédé au paiement sur la base d’un décret présidentiel. «Maintenant, on devait réévaluer certains impenses. Si l’on réévalue, cela veut dire qu’elles seront revues à la hausse. Il faudra un autre décret qui remplace le premier pour qu’on puisse procéder au paiement», explique notre interlocuteur. Par ailleurs, le coordonnateur assure que les observations, faites sur l’étude d’impact environnemental et social, ont fait l’objet de réponses par courrier dont il dispose une copie.
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