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Sénégal: la presse dénonce la garde à vue de trois journalistes pour violation de secret défense et secret d’instruction
Publié le vendredi 17 juillet 2015  |  Xinhua
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L'interpellation par la gendarmerie de trois journalistes sénégalais pour violation de secret défense et secret d'instruction a suscité plusieurs réactions d'indignation dans la presse où on dénonce une tentative d'intimidation.
Les deux journalistes, Alioune Badara Fall, directeur de publication du quotidien L'Observateur, et Mamadou Seck, reporter dans ce journal, sont en gardés à vue, depuis mardi, pour avoir publié un article, le 8 mai, sur l'envoi de 2.100 soldats sénégalais en Arabie saoudite pour participer à la coalition qui lutte contre les rebelles yéménites.
Le troisième journaliste, Mouhamed Guèye, directeur de publication du journal Le Quotidien, est, quant à lui, retenu pour avoir publié, le 10 juin, le procès-verbal d'audition du chanteur Thione Seck, en détention préventive dans une affaire de faux billets de banque.
Ils ont été déférés au Parquet mercredi et le Procureur a décidé d'ouvrir une information judiciaire.
Le ministre sénégalais des Forces armées, Augustin Tine, qui s'est exprimé, mercredi, sur une radio privée, a déclaré que "ceux-là qui ont permis aux journalistes d'avoir ces informations seront traqués parce que nous sommes dans un pays de droit et il y a des choses qu'il ne faut pas diffuser".
Dans la presse on s'est indigné de ces arrestations.
Le directeur du Groupe futurs médias auquel appartient L'Observateur, Mamoudou Ibra Kane, a soutenu qu'"il est inconcevable qu'on demande à un journaliste de révéler ses sources parce que la Charte qui régit son métier lui interdit de divulguer ses sources".
Evoquant le cas des journalistes de L'Observateur, il a estimé que "l'Armée nationale, qui est réputée être une armée professionnelle et rompue à la tâche, doit être suffisamment outillée pour traquer d'éventuels mouchards".
"Cette arrestation est une prise d'otage. Les journalistes, étant plus faibles et plus vulnérables, on les garde pour jouer sur leurs nerfs pour qu'ils cèdent", a-t-il déclaré avant de souligner "le droit à l'information du public et le niveau de démocratie et de liberté d'expression qui est atteint par notre pays".
De son côté, l'administrateur général du Groupe Avenir Communication, éditeur de journal Le Quotidien, Madiambal Diagne, a relevé que "ce sont deux arrestations concomitantes qui peuvent rendre sceptique".
"Cela va discréditer l'image de notre pays. On va considérer que c'est un pays où on porte atteinte au droit de la presse et à la liberté d'expression", a-t-il regretté.
"S'il y a des situations non appréciées par les autorités publiques, parce qu'elles ont posé un problème au niveau de l'armée ou de la gendarmerie, on aurait pu les régler par d'autres procédés et par d'autres canaux", a-t-il estimé.
La publication du procès verbal d'audition de Thione Seck "remonte à plus de deux mois", a-t-il fait remarquer avant de s'interroger sur l'opportunité de "ressusciter cette histoire maintenant".
Le porte-parole du Syndicat des Professionnels de l'Information et de la Communication du Sénégal, Aly Fall, a pour sa part, affirmé que "ce sont des actes posés contre la liberté de la presse et la liberté d'expression parce que le journaliste ne donnera jamais ses sources".
"Le modèle démocratique que nous avons est chanté dans tous les pays du monde et on veut entacher ce modèle pour des détails", a-t-il estimé.
"Tous les rapports qui vont sortir dans les jours à venir n'épargneront pas le Sénégal et ce sera la faute aux autorités de ce pays", a-t-il regretté.
Le président du Conseil pour l'Observation des règles d'éthique et de déontologie, Bacary Domingo Mané, a souhaité que les journalistes "soient libérés parce qu'on a besoin d'un climat apaisé au Sénégal".
"Que ça soit du côté des journalistes, du gouvernement, que du côté des forces de sécurité, il faut qu'on puisse s'inscrire dans une logique d'apaisement parce que cette situation n'arrange pas le pays tout entier", a-t-il expliqué.
Toutefois, a-t-il soutenu, "ces arrestations doivent nous pousser à réfléchir davantage sur notre métier et ses contraintes et exigences".
"On est écartelé entre deux exigences, celle de donner toute la vérité sur un fait et celle de la contrainte de la loi, le travail que nous exerçons devient alors très complexe et la justice doit tenir compte de cette complexité", a-t-il argué.
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