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Vente d’articles de Coran, de Hadiths, de Khassaïdes, ... : Divin business !
Publié le samedi 11 juillet 2015  |  Le Quotidien
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© Autre presse
Le Coran: Livre saint de l`Islam




Durant le Ramadan, on a du mal à différencier les vrais et les faux dévots. Il reste que le business lié à la vente du Coran, des Khassaïdes ou des Hadiths connaît une explosion. Devant les mosquées, les acheteurs se bousculent pour acheter un livre saint afin de renouveler leurs connaissances islamiques et traversent le mois sacré avec un cœur apaisé. Les vendeurs se frottent les mains. Et les lecteurs renouvellent leur allégeance au Seigneur qui a réussi à leur «imposer» ces 29 jours d’abstinence.

Dans ce pays, il y a le Ramadan et les autres mois. En cette période de purification, les fidèles cherchent le chemin qui mène vers le Seigneur et son prophète (Psl). Pendant ce moment, le Créateur offre l’opportunité aux musulmans d’absoudre leurs péchés, de se détourner des plaisirs de la vie pour se rapprocher de Lui. C’est également au cours de ce mois béni, dans la «Nuit de la destinée», que le Saint Coran fut révélé au Prophète Mohammad (Psl). Il faut se rappeler la Sourate 2, verset 185 pour comprendre la ruée des Sénégalais vers les mosquées où la lecture du Coran est systématisée depuis le démarrage du mois sacré. «Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran fut révélé pour servir de bonne direction aux hommes, d’explications claires des préceptes divins, de critère à la vérité et à l’erreur.»

Dans les rues de Dakar, les vendeurs d’articles de Coran, de Hadiths ou de Khassaïdes squattent les entrées des mosquées, les lieux de forte affluence. D’habitude, les taux de vente explosent au grand bonheur des «marchands» de livres saints. Il est 16h 45 à Bopp. Plus précisément à la mosquée Diakaye Toukouleur (mosquée des toucouleurs). Le muezzin appelle à la prière. Les fidèles sortent de chez eux par grappes. Ciré Elimane Ly est un jeune qui s’active dans la vente du saint Coran, des chapelets, des nattes de prière. Et presque tous les objets qui ont un rapport avec la foi. «J’ai presque beaucoup d’articles à vendre, mais en cette période de Ramadan, la clientèle cible le plus les livres saints comme le Coran et les Hadiths», explique Ciré.
Sous l’ombre des minarets, il affiche les articles qu’il tente d’écouler. Lui voit que les dames et les personnes âgées sont les «clients» les plus assidus. Malgré la sacralité de ces «documents», les prix sont modiques. Les prix sont abordables parce qu’ils varient entre 1 000 F Cfa et 7 000 F Cfa. Pour lui, certains jeunes n’ont pas encore le niveau requis pour lire les versets saints. Même si certains viennent renouveler leurs stocks ou s’initier à sa lecture pour aussi profiter des moments forts du 4ème pilier de l’islam. «Les jeunes achètent plus les livres de débutants voir le diousouamma ou genre et les chapelets aussi», explique Ciré.

Commerce béni
Chez lui, ce travail relève de l’atavisme. Il a hérité «ce poste» de son père qui a exercé ce job pendant plusieurs décennies. Et Dieu a béni ce commerce : «Durant le mois de Ramadan, on peut même doubler nos ventes grâce à Dieu, car certains cherchent à être beaucoup plus pieux et ne veulent rien rater durant ce mois». Le «centre» commercial attire beaucoup de vendeurs. A quelques mètres de Ciré, un vieux s’active dans le même business depuis aussi des décennies. Le Ramadan lui permet d’arrondir un peu ses fins de mois. Il range précieusement ses livres saints après avoir marchandé avec un client. Il dit : «Je me frotte bien les mains durant ce mois béni, car la vente est très satisfaisante.» Le bénef est double pour ce vieux qui a l’allure d’un homme rompu à la religion. «C’est un plaisir pour moi de vendre un “camile“ à une personne, car je sais que c’est une bonne cause et surtout pour certains jeunes qui peuvent se priver de certaines futilités pour se rapprocher le plus de Dieu en se payant des livres saints avec volonté.» Il décline le profile de ses clients : «J’ai même des clients qui viennent acheter des livres “terre à terre“ pour voir comment se purifier, comment faire la prière ou pis comment faire ses ablutions et quoi réciter après ses ablutions alors que c’est des grandes personnes qui sont censées le savoir dès le bas âge. Mais elles ne s y mettent pas à temps. C’est un peu réjouissant aussi du moment où on sent un effort et une volonté chez la personne d’apprendre.» Ce commentaire fait réagir le vieux Elimane qui été venu refaire son chapelet. Selon lui, «les jeunes ont tendance à écouter et à donner plus d’importance à leurs guides religieux qui parfois ne savent rien du Coran. Qu’est-ce qu’ils peuvent apporter à ces jeunes ? Rien. Et bizarre ! Ces jeunes ont tendance à plus perdre leur temps avec ces soi-disant guides religieux plutôt que de se focaliser sur la lecture du Coran qui est une chose incontournable et dogmatique».

Khassaïdes de Serigne Touba
Il rappelle les propos du Messager d’Allah (Psl) qui l’a révélé dans le Hadith qui suit : «Lorsque le mois de Ramadan arrive, les portes du Paradis s’ouvrent et celles de l’Enfer se ferment pendant que les démons sont solidement enchaînés.» Ce mois pousse de nombreux jeûneurs à se défaire de mauvaises habitudes tenaces à la faveur de ce mois béni, qui par ses restrictions corporelles et ses disciplines morales, fortifie le corps, purifie et élève l’âme.
A côté du Coran, les Khassaïdes de Serigne Touba et les chapelets s’écoulent comme de petits pains. Cela leur permet d’accomplir le jeûne dans les règles de l’art. Au marché Sandaga, les bruits des voitures se mêlent aux éclats de discussions et des cris des ambulants. Cette ambiance est rendue œcuménique par les récitals de Khassaïdes et de Coran qui s’échappent de plusieurs cantines. On sent chez eux l’amour et l’importance qu’ils accordent à ces livres saints. Pour Sohibou, vendeur de chaussures, il est préférable de gagner des points chez Allah en lisant «son livre saint ou les Khassaïdes. C’est mieux que de passer tout son temps à faire des commentaires futiles ou à regarder les filles sexy qui ne se soucient de rien et ne respectent pas ce mois béni avec leur port vestimentaire indécent». En écho, Guissé, marchand ambulant, porte pratiquement sur ses larges épaules toute la «bibliothèque» de Khadim Rassoul. Il fait la navette entre les différents coins et recoins de la ville. «Chaque période, je change d’articles et chaque mois de Ramadan je vends ce genre de livres qui sont très sollicités par les talibés mourides et je m’en sors très bien même. Alhamdoulilah», dit-il, sur un air épuisé.

Vente de chapelets au ralenti
Pas loin du marché Sandaga, la Zawiya El Hadji Malick Sy se dresse au milieu de l’Avenue Lamine Guèye. Ici, le décor ne change pas. On y trouve une rangée de vendeurs de chapelets qui sont aussi alignés à l’entrée de la mosquée. Contrairement aux vendeurs de Coran, les vieux d’ici reconnaissent que le Ramadan n’a pas eu d’impact sur leur commerce. Ils voient à peine des acheteurs en cette période de purification et de prières. «Nous vendons comme d’habitude, car les chapelets sont souvent utilisés à long terme. En plus, nous avons des clients presque fixes, car c’est les Tidianes qui sont nos clients numéro 1. Ce n’est pas pour rien que nous sommes installés à la Zawiya», explique Mamadou Ba, vendeur de chapelets.
Même s’il admet qu’il s’en sort, il reconnaît que la Tabaski et l’après pèlerinage à la Mecque sont les périodes de traite. «C’est notre période de vente parce que beaucoup de pèlerins préfèrent acheter ici des chapelets qu’ils donnent comme cadeaux à leur retour. La période de Gamou aussi, on s’en sort pas mal», narre Mamadou. Abou Kane vend aussi les mêmes articles. Il fait face aux mêmes problèmes. Mais, il préfère positiver : «La vente des chapelets ne marche pas comme il le faut. Mais on rend grâce à Dieu et on le fait par amour. Dieu a demandé à ses hommes de travailler et de s’occuper, Séda alla ko barquéwodi (l’argent licite profite toujours)».
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