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Mamadou Lamine Dianté au sujet du Conseil présidentiel sur les assises: "Nous sommes sceptiques"
Publié le jeudi 9 juillet 2015  |  Sud Quotidien
Mamadou
© Autre presse par DR
Mamadou Lamine Dianté, coordonnateur du Grand Cadre




Le Conseil présidentiel a été reporté au 6 août. Les examens du Bfem et de Baccalauréat se profilent à l’horizon. Le coordinateur du Grand Cadre des syndicats d’enseignants y jette un regard pour Sud Quotidien. Dans cet entretien, Mamadou Lamine Dianté affiche son scepticisme au sujet du Conseil présidentiel sur les assises. «Nous sommes sceptiques», confie-t-il, avant de souligner sans ambages que «tous les ingrédients sont réunis pour des perturbations des enseignements-apprentissages dès la rentrée prochaine».

Le protocole d’accord et les examens du Bfem et du Bac qui se profilent à l’horizon, interviennent dans un contexte où les autorités tiennent une réunion interministérielle sur l’évaluation financière des recommandations des Assises nationales de l’Education et de la Formation. Quelle appréciation faites-vous sur cette rencontre entre les ministres ?

Nous avons le droit d’être très sceptiques par rapport à ce qui serait issu de ce conclave pour plusieurs raisons. Nous avons compris que nos nouvelles autorités n’ont jamais inscrit l’Education et la Formation dans l’ordre des priorités. Ils sont en train de lister les priorités de leur gouvernement. Nulle part l’éducation et la formation ne sont apparues. Les autorités ont tendance à considérer l’Education et la Formation plus par son coût financier que son impact sur le développement financier, économique et social. Sur cette base, elles sont en train de faire une concertation à l’interne sans y associer les véritables acteurs, les membres du comité de pilotage. Or, nul ne peut être plus apte à discuter de l’évaluation financière de ces recommandations que ceux qui ont participé à leur élaboration et adoption. Appeler un cartel de ministres pour aller dans le sens de faire une évaluation financière, fonce notre crainte, à ce qu’ils fassent de la surévaluation et de la surfacturation de manière à faire peur aux bailleurs, et ranger ces importantes recommandations. Lesquelles sont de nature à sauver, au-delà du système éducatif sénégalais, l’économie et le développement socio-économique de ce pays. Donc nous restons sur nos gardes. Les autorités vont donner des chiffres faramineux pour apeurer les sénégalais et les bailleurs.

Qu’en est-il du Conseil présidentiel reporté pour le 06 août juillet dès lors que vous affichez d’ores et déjà un scepticisme sur la réunion interministérielle ?

Le Conseil présidentiel doit déboucher sur des directives importantes pour aller vers l’application effective des recommandations. Le soubassement des directives du président de la République est la soutenabilité de l’application des conclusions des Assises. Si son gouvernement lui présente cela sous une forme inquiétante, nous pensons que la montagne pourrait accoucher d’une souris. Mais auparavant, notre conviction, si par extraordinaire le gouvernement se donnait les moyens d’apprécier les recommandations des Assises, on ne peut rien bâtir sur du sable mouvant. Tous les ingrédients sont réunis pour engager des perturbations des enseignements-apprentissages dès la rentrée prochaine.
Il faut nécessairement qu’on parte vers l’adoption des instruments normatifs des Assises. Il faut qu’on aille vers la pacification de l’espace scolaire, la stabilisation du système éducatif. Or, aujourd’hui, aucun préalable n’a été mis en place pour aller dans ce sens-là. C’est pourquoi nous disons que les enseignants – les sénégalais peuvent être d’accord avec nous – ont pris suffisamment sur eux, pour sauver l’année scolaire. Nonobstant les ponctions sur les salaires des enseignants et l’isolement des syndicats dans le réaménagement du calendrier scolaire, ils ont contribué à compenser les heures perdues. Le président de la République a donné des instructions au gouvernement pour restituer aux enseignants leur argent. Les enseignants sont en train d’attendre jusqu’à ce jour la restitution de leur argent. Ils ont travaillé à compenser les heures perdues. Si les ponctions ne sont pas restituées, cela va sans dire, qu’une entreprise est mise en place pour dépouiller l’enseignant de son bien. Nous prendrons nos responsabilités. Si les directives du président ne sont pas appliquées, nous ne pouvons que s’en désoler. C’est pourquoi nous allons au Conseil présidentiel avec la lucidité en bandoulière. Nous défendrons crânement les intérêts de l’école et des enseignants. Nous y allons sans religion.

Quelles sont les attentes des syndicats d’enseignants sur le Conseil présidentiel des Assises nationales de l’Education et de la Formation ?

Ils ont voulu, dans un premier temps, légitimer la division du mouvement syndical en identifiant, à travers les convocations, un certain nombre d’entités pour montrer à la face du monde que les enseignants ne sont pas unis. Quand nous avons attiré leur attention sur le fait qu’il existe que dans leur imaginaire un «Grand cadre A» et un «Grand cadre B», ils ont déposé des cartons d’invitation à tous les secrétaires généraux des syndicats. On ne sait pas d’abord comment va s’organiser la prise de parole. Nous ne sommes pas sûrs d’avoir, lors du Conseil, ceux que nous avions retenu lors des Assises. Cela risque d’être une grosse mascarade. Une théâtralisation. A notre niveau, notre responsabilité ne peut pas être importante d’autant que nous sommes que des invités. Depuis le 30 août, nous avons été totalement déconnectés sur le processus des Assises. Cela ne nous empêchera pas d’avoir la même attitude que les sénégalais nous connaissent et, pour laquelle les enseignants nous ont mandatés.
Je serais porteur d’un discours qui prendra en compte les recommandations consensuelles des Assises. Nous allons le dire et insister sur les préalables, auxquels, le gouvernement doit s’atteler. Si notre voix n’est pas entendue au sortir du Conseil, nous travaillerons avec tous les enseignants durant les grandes vacances pour préparer les luttes futures.
Nous considérons que les acteurs, notamment les enseignants doivent être au premier rang pour aider les pouvoirs publics à réaliser leurs ambitions. Maintenir les enseignants dans une précarité, dans une démotivation sans précèdent, ne donne aucune garantie à un développement du système éducatif. Tous les préalables doivent être mis en place avant d’envisager une quelconque refondation du système éducatif.

Est-ce qu’on peut attendre à la signature des documents normatifs, notamment le pacte de stabilité lors du Conseil présidentiel ?

Non, les conditions ne sont pas réunies. Dans le discours de clôture du pacte syndical, nous avions appelé le Premier ministre à prendre toutes les dispositions utiles et réunir toutes les conditions qui devaient nous amener à signer le pacte de stabilité. Mais, il y a des préalables qui ne sont pas encore aujourd’hui soldées. Ce passif est l’application du protocole du 17 février 2014. Malgré tout ce qui a été fait, le protocole d’accord souffre encore de sa non application. Par conséquent, tant qu’on ne règle pas les préalables, nous ne pouvons pas évidemment aller vers la signature du Pacte. Cela nous met d’autant plus à l’aise que le gouvernement lui-même ne veut pas du pacte de stabilité. Nous ne serons disponibles que si toutes les conditions sont réunies non seulement d’aller vers la signature, mais d’en assurer le partage auprès de nos instances pour que véritablement cela puisse être une réalité. On ne peut pas s’attendre de la part du Grand cadre d’aller vers une quelconque signature d’un Pacte au soir du conseil présidentiel. On peut jeter toutefois les bases d’aller résolument vers la signature si les pouvoirs publics jouent pleinement leur partition.

Est-ce qu’on peut s’attendre à une crise scolaire dès la rentrée prochaine si toutefois le pacte de stabilité n’est pas signé ?

Tous les ingrédients sont réunis pour que les empoignades démarrent dès le début de la rentrée en étudiant les actes posés par la tutelle. Des syndicats d’enseignants sont isolés, mis en quarantaine, comme s’ils sont des faiseurs de troubles ou des malpropres. On ne peut pas gérer le système éducatif sans être quelqu’un qui a un sens de dépassement, la crédibilité de la concertation.

Aujourd’hui, les raisons qui nous ont amené en grève en 2014 et 2015 sont constantes. Les mêmes causes provoquant les mêmes effets. Il est à attendre qu’on remette ça dès la rentrée prochaine.
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