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Abdoulaye Mbodj, directeur de l’Aibd: «Depuis mon arrivée, le dialogue a été inclusif »
Publié le jeudi 9 juillet 2015  |  Enquête Plus
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© Autre presse
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aéroport international Blaise Diagne




Un protocole d’accords a été signé entre les autorités et les populations du village de Khessoukhate, le 9 mai à Saly. Où en êtes-vous avec sa mise en œuvre ?

Dans ce protocole, il y avait trois points essentiels que sont : faire en sorte, après 15 ans de malentendus, que les populations acceptent de sortir de l’emprise de l’aéroport. Le deuxième point était au niveau des compensations, dans la part révisée qui est passée de 445 mille à 750 mille par ha et par an, par une révision faite par le GOT (groupe opérationnel de Thiès) et le troisième point est que les populations qui, depuis le départ, n’ont jamais accepté les impenses, reviennent sur leur décision, après la prise de langue. Il y avait aussi le fait que beaucoup de familles avaient refusé catégoriquement de rejoindre le site de recasement. Là maintenant, il a des populations qui acceptent de sortir des terres de l’aéroport, en allant s’installer ailleurs. Nous avions également demandé que les 304 ha de terres agricoles qui se trouvent dans la forêt de Thiès soient défrichés et une enveloppe de 25 millions est dégagée et aussi une somme de 250 mille francs par ménage pour leur déménagement.

Justement, le deadline pour le déménagement des 6 concessions était le 31 mai, mais aucune somme n’a été débloquée. Qu’est-ce qui explique ce retard ?

En effet, ces 6 concessions étaient dans le giratoire et dans l’emprise du mur. C’est vrai qu’ils n’ont pas reçu l’argent, avant le 31 mai. Maintenant, la somme a été débloquée (l’entretien a eu le 12 juin) et les populations ont commencé à recevoir leur argent. Ce retard s’explique par le fait que nous attendions le recensement. Il y a un problème au niveau du recensement, après celui fait en 2010, parce que beaucoup de gens disent qu’ils n’ont pas été recensés. Donc pour ces derniers, il faut faire une réclamation au niveau du sous-préfet. Pour gérer cela, nous avons fait un autre recensement, pour savoir exactement ce qu’il en est.

Y a-t-il une corrélation entre le deadline du déménagement et le retard du paiement des impenses?

Après le recensement qui a pris du temps, nous avons finalement repoussé la date du déménagement complet. Maintenant, le paiement est en cours, et mieux, parmi les réfractaires, beaucoup de gens ont regagné le nouveau site. A la date où je vous parle, 10 nouveaux ménages ont déménagé et les populations récupèrent leurs impenses.

Ces maisons qui sont vantées sont jugées exigües, avec des chambres de 3 à 3,5 mètres pour des familles très grandes.

(Il coupe) C’est exagéré. Et même s’il y en a, c’est peu. Nous avons des maisons de 400 m² composées de 3 chambres et un salon, en plus d’une cuisine, des toilettes et un petit magasin, sans tenir compte des possibilités d’extension, contrairement à Dakar où nous avons beaucoup de maisons à 150 m². Et il n’y a aucune comparaison entre les bâtiments construits sur ce village et celui du site.

Vous dites qu’il n’y a pas de comparaison, mais le site est rocailleux et les arbres ne peuvent pas y pousser. Donc, il ne peut pas y avoir d’espace vert.

Ah si ! Partout au niveau de l’aéroport, il peut y avoir des arbres, mais l’avantage de ce site est qu’il ne peut y avoir d’inondation. Je rappelle que ce site a été choisi après consensus entre l’administration, les populations et les autorités de l’AIBD.

Quelle frange de la population dites-vous ?

Je parle de ceux qui étaient d’accord, parce que n’oubliez pas que sur les 342 ménages du village, 192 avaient déjà regagné le site et les maisons ont été construites selon leur souhait.

Concernant l’espace vert, les arbres qui étaient reboisés sont morts…

Nous avons amené les arbres. Ce sont les agents des Eaux et forêts qui étaient chargés de les planter et d’en faire le suivi. Malheureusement, c’est à ce niveau qu’il y a eu un problème. C’est pourquoi beaucoup d’arbres sont morts. Mais, dans quelque temps, vous allez voir que cela va changer. C’est une véritable ville, que vous avez là, avec de l’eau et l’électricité.

Justement, l’eau pose un sérieux problème d’accès à Khessouhate, car depuis le Daka de 2015, les citernes qui ravitaillaient le village ont été délocalisées. N’est-ce pas là, une pression pour pousser les populations à quitter la localité ?

Depuis que je suis arrivé à la tête de l’AIBD, c’est nous qui ravitaillons en eau ce village. A un certain moment, il y avait une rupture, mais j’ai demandé de continuer à ravitailler et nous avons passé un contrat avec l’hydraulique de Thiès pour faire ce travail. Et de ce point de vue, il n’y a pas de souci, nous allons continuer à les accompagner.

Comment comptez-vous gérer le problème des xamb et des cimetières, après la profanation de ceux de Mbadade ?

Nous avons prévu 500 000 F CFA pour chaque xamb, afin de permettre à la population de faire le rituel si nécessaire pour déplacer leurs affaires mystiques. Pour les cimetières, hormis ceux de Mbadade qui se trouvaient sur les aires de stationnement, les autres cimetières ne vont pas être touchés. D’ailleurs, la voie a été déviée pour ne pas les empiéter.

Après 800 ans d’existence, avec une culture aussi riche. Quel est le sort réservé au Souhipadia, l’arbre mythique et mystique qui abrite le génie protecteur du village?

Si c’est nécessaire, un rituel va être aussi fait, avant de faire quoi que soit. Et nous allons voir avec les populations, ce que nous allons en faire. Nous avons déjà eu l’expérience ailleurs, lorsqu’il fallait déplacer un baobab. Nous sommes tous des Sérères, nous savons que c’est une ethnie qui est très attachée à sa culture. Le sentiment d’appartenance du Sérère à son terroir et à sa culture est fort. Malheureusement, il faut prendre une décision.
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