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La vague du surf a touché les Sénégalais (MAGAZINE)
Publié le vendredi 26 juin 2015  |  AFP
Des
© AFP par TARSO SARRAF BRAZIL OUT
Des surfeurs




Dakar - Ngor, Yoff, Ouakam... Ces quartiers de Dakar ont une résonance particulière pour les amateurs de sports de vague: ils abritent des sites de pratique de surf, où se rendent de plus en plus de passionnés sénégalais pour taquiner les flots, couchés, assis ou debout sur leurs planches.

"Quand j'ai commencé le surf, il y avait juste deux Sénégalais qui le pratiquaient avec pas mal d'expatriés", raconte Oumar Sèye, 37 ans, surfeur professionnel taillé en V, les yeux rougis par l'eau de mer.

"Pas de club, pas de fédération... On regardait les touristes pratiquer le
surf, et c'est ce qui nous a donné envie" de faire comme eux, dit ce natif de
Ngor, qui fait partie avec Yoff et Ouakam des anciens villages lébous, une
communauté majoritairement composée de pêcheurs.

Quand il était petit, Oumar Sèye aidait un oncle à vendre des sandwiches et
des boissons sur la plage. "C'était l'endroit où tous les surfeurs se
rencontraient", explique-t-il. "Quand j'avais la possibilité d'aller à l'eau,
j'allais surfer. C'est comme ça que j'ai appris", à l'âge de 13 ans.

Depuis, il a participé à des tests, des salons, des compétitions, a
décroché des contrats... "Je suis le premier surfeur +black+ ayant un contrat
pro", clame Oumar Sèye, un des pionniers de ce sport dans son pays aux 700 km
de côtes et 13,5 millions d'habitants.

Il a créé son école de surf, qui compte "43 licenciés de 3 à 64 ans", ainsi
qu'une boutique représentant une célèbre marque de vêtements et matériel de
glisse. Et il organise des compétitions.

- Surf, bodyboard, stand-up paddle... -

Benjamin Vercammen, métis de 9 ans, est un de ses élèves. Depuis un an, il
fréquente les spots (sites) de surf avec son frère Alexandre, 8 ans, à peine
plus grand que sa planche. Ce qu'il aime, c'est "prendre les vagues" et ça lui
évite d'être "enfermé à la maison", dit-il, grelottant de froid en sortant de
l'eau.

Directeur technique national de la Fédération sénégalaise de surf (FSS),
Yan Dagassan fait remarquer que même si le surf a ses origines en Polynésie,
certains Dakarois sont depuis longtemps familiers d'une de ses disciplines: le
stand-up paddle, où le sportif est debout sur une grande planche et se déplace
au moyen d'une pagaie.

"Les habitants de Ngor (en) faisaient avant l'heure avec de vieilles
planches et leurs rames de pirogue", affirme-t-il.

Il constate également que "la popularité au niveau des sports de glisse est
en essor" au Sénégal, où l'on compte "aujourd'hui huit clubs et plus de 280
licenciés".

Le pays a son championnat et participe à des compétitions internationales,
où il réalise de bons classements.

"Nous n'avons aucun financement et nous n'en avons jamais eus" mais en
2014, "pour la première fois, nous avons participé aux championnats d'Afrique
et nous avons obtenu les 2e et 3e places. La popularité de ces +riders+
(surfeurs) locaux fait qu'il y a une émulation chez les jeunes Sénégalais",
ajoute Yan Dagassan.

- Sport de privilégiés ? -

Peu de Sénégalais figurent cependant parmi les surfeurs prenant d'assaut
les plages dakaroises, où familles, baigneurs et curieux se plaisent à les
regarder.

En cause: les prix des équipements (jusqu'à 400.000 FCFA/610 euros en
moyenne pour du neuf, un quart de ce montant pour de l'occasion) et des cours
(entre 10.000 et 15.000 FCFA/séance, 15 à 23 euros) alors que le salaire
minimum mensuel n'atteint pas 37.000 FCFA (56 euros).

Mais il n'y a pas que le coût. En dehors des pêcheurs, "la plupart des
Sénégalais ne connaissent les vagues que de vue, ils n'ont pas l'habitude
d'aller les affronter", indique Oumar Sèye.

La Franco-Camerounaise Noura Diwouka, 15 ans, figure parmi les surfeurs les
plus aguerris de l'école d'Oumar Sèye, du haut de ses trois années de
pratique. Dans ce sport, il y a "plus de sensations, plus de vitesse", mais
pas question d'en faire une activité professionnelle, "c'est juste pour
m'amuser", confie-t-elle.

Sur la plage de Bel-Air à Dakar, où il venait "goûter les joies de la mer",
Aymeric Senghor est lui tombé amoureux il y a déjà 20 ans du bodyboard, où le
surfeur peut être couché sur sa planche et s'aider de palmes.

A 35 ans, ce métis mince et vif a lui aussi son école et sa compétition,
dont la deuxième édition s'est tenue en mai aux Almadies, jouxtant Ngor.

Le bodyboard attire du monde mais pourrait "mieux se développer" avec plus
de soutien, estime Aymeric Senghor, distrait par des cris de l'assistance
devant le spectacle d'un des concurrents propulsé par une forte vague.

Comme Oumar Sèye, il se réjouit que les Sénégalais aient désormais pris la
bonne vague.

"Maintenant, à travers les écoles de surf, on enseigne la natation", un
atout majeur pour développer le surf, relève Oumar Sèye, certain que "le surf
au Sénégal va exploser, parce qu'il y a une bonne dynamique !"
cs/sst/ak
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