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Démolition mur originel aéroport: Les victimes de Tobago accusent les services de l’aéroport
Publié le samedi 20 juin 2015  |  Enquête Plus
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© Autre presse
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Le collectif des résidents derrière la Cité Tobago ne désarme pas. Il accuse les services de l’aéroport, tantôt l’Asecna, tantôt l’Ads, ainsi que le ministre du Tourisme Abdoulaye Diouf Sarr de nourrir des desseins inavoués sur ces terres, en prévision du déménagement de l’aéroport de Dakar vers Diass. À les en croire, l’empiètement sur le domaine aéroportuaire n’est qu’un prétexte pour justifier la démolition de leurs maisons.



Il y a tout juste deux semaines, ces habitants vivaient le cauchemar de leur vie, avec la destruction de leurs maisons. Les contrecoups de cette affaire se font sentir en haut lieu, depuis avant-hier. Malgré la mutation du désormais ex-préfet de Dakar Alioune Badara Diop à Louga, et la purge annoncée aux Impôts et Domaines et dans les services d’urbanisme, les résidents ne décolèrent pas. ‘‘L’actuel directeur des Impôts n’est pour rien dans cette affaire. Si on veut châtier, qu’on aille chercher celui qui occupait le poste au moment des faits’’, suggère Médoune Seck, porte-parole du collectif des victimes. Pour ces habitations construites en 2009, c’est l’actuel ministre des Finances qui occupait le poste. Ce dernier en a pris pour son grade hier, ainsi que le ministre-maire Abdoulaye Diouf Sarr, l’ASECNA et les Ads, lors de la conférence de presse des victimes de la démolition derrière les cités Tobago et Teylium.

Les habitants estiment qu’un dessein inavoué ‘‘entoure cette vaste démolition sans précédent dans l’histoire du Sénégal’’. 402 maisons dont 181 R+1 en finition, 132 rez-de-chaussée et 99 fondations et murs de clôture ont été rasés, fait savoir le coordonnateur Daouda Mbengue. Pour les résidents-victimes et leur avocat, Me El Hadji Diouf, cette problématique a été sciemment mal posée pour légitimer la solution de force qui lui a été portée comme remède. L’aval du chef de l’Etat n’a pu provenir que d’un ‘‘abus de la part de ceux qui voulaient détruire ces terrains’’. Le motif invoqué pour la démolition de ces bâtiments a été le déplacement du mur originel, en préfabriqué, de l’aéroport et la construction de nouvelles maisons à l’intérieur du périmètre, menaçant sa sécurité.

Le mur de l’aéroport a été détruit le 15 mai 2015

Effectivement, ce mur a été détruit le 15 mai 2015, ‘‘par des gens portant des badges de l’aéroport’’, d’après Médoune Seck. D’ailleurs, une ébauche de lotissement est visible, à travers des sillons rectilignes et quelques fondements déjà rasés. C’est justement cette niche de terre d’un hectare 600 déjà morcelée, située entre les maisons détruites et le tout nouveau mur de l’aéroport, qui semblait être la cible de la sécurisation du ministre-maire Diouf Sarr. Il avait qualifié de ‘‘ bandits’’ ceux qui avaient procédé à ce déplacement du mur originel et à la construction nocturne de nouvelles maisons.

Les résidents, qui se sont sentis visés par ces propos, lui demandent d’aller voir du côté de ses démembrements ministériels, soit l’ASECNA ou les Aéroports du Sénégal (Ads). ‘‘Comment avons-nous bien pu construire toutes nos maisons de nuit, entre le 15 mai passé et le 4 juin ? ’’ raille le porte-parole. Pour eux, la stratégie de récupération consistait ‘‘à détruire ces morcellements qui menaçaient effectivement l’aéroport, en y adjoignant leurs résidences et semer la confusion dans la tête de l’opinion’’, analyse Médoune Seck. Ainsi, l’argument d’une menace sur l’aéroport s’affaisse d’autant qu’avec les nombreuses visites de hautes personnalités dont le président américain Barack Obama, les résidents n’ont jamais été inquiétés pour des questions sécuritaires.

Me El Hadji Diouf promet d’interpeller le gouvernement à l’Hémicycle

Les victimes s’inscrivent toutefois dans une démarche républicaine et responsable. Pas de casses, pas de brassards rouges, pas de marches, promet le coordonnateur Daouda Mbengue. Ils demandent une audience au Président Macky Sall pour lui soumettre un mémorandum et lui exposer leur vérité des faits. Me El Hadji Diouf, enfilant l’écharpe de député cette fois, promet très prochainement d’interpeller le gouvernement à l’Hémicycle pour s’expliquer sur ces démolitions. ‘’Il faut que Macky Sall ordonne une enquête’’, suggère-t-il, pour tirer cette affaire au clair. Ces bâtiments et maisons détruits partagent le même titre foncier que les cités Tobago et Teylium épargnées. Le conseil qui estime que ‘‘le travail de toute une vie vient d’être anéanti’’, promet que si l’entrevue avec le président, le dédommagement, la réinstallation s’avèrent infructueux, le recours en justice serait leur option.
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