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2e cas d’école d Cored: La radioscopie des revues de presse sénégalaises
Publié le samedi 13 juin 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Le Cored a fait le bilan de la couverture des locales et de la situation de la presse
Des membres du directoire du CORED animaient une conférence de presse, pour "recadrer les journalistes", en rapport avec la volonté de cette instance d`inscrire ses actions dans "le sens d`une presse libre et responsable". Le CORED avait décidé d`une relance de ses en mars dernier, à l`issue d`une assemblée générale.




Hier s’est tenu, à la maison de la presse, le deuxième cas d’école du Conseil d’observation des règles d’éthique et de déontologie (Cored). La revue de presse telle que faite dans les médias sénégalais étaient au cœur des débats.



‘’La revue de presse est une manière de s’informer et d’apprendre à informer.’’ Ainsi conçoit ce genre journalistique l’enseignant et journaliste Baba Diop. Mais cette définition est très loin de ce qui se fait actuellement dans certains médias sénégalais. D’où l’opportunité de poser le débat. Et qui de mieux que le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (Cored) pour le faire. C’est ainsi que le deuxième cas d’école du tribunal des pairs a eu pour thème ‘’la revue de presse : un genre rédactionnel chahuté au Sénégal’’. Il s’est tenu hier à la maison de la presse.

Tous les acteurs ayant pris part à la rencontre se sont accordés à dire que la revue de presse est aujourd’hui dévoyée. Loin des normes journalistiques, elle est faite n’importe comment et par n’importe qui. Les distorsions notées commencent par une théâtralisation abusée. Mais aussi et également avec une certaine ‘’agressivité’’ telle que le relève l’un des panélistes du jour par ailleurs sociologue, Moustapha Ndiaye. La tonalité utilisée n’est pas donc celle requise. Encore que certaines voix n’ont pas de ‘’mélodies’’ et ne devraient pas passer à la radio, toujours selon M. Ndiaye.

Il n’empêche que des Sénégalais écoutent encore les voix incriminées. Chez certains d’ailleurs, écouter la revue de presse chaque matin est ‘’un rituel’’. ‘’On a l’impression que ça soigne des maux’’, analyse Moustapha Ndiaye.

Khadidiatou Konaré Dembélé, une autre des panélistes et psychologue, embauche la même trompette. ‘’La revue de presse peut être un agrément de la journée’’, pense-t-elle. Car on se réveille en se demandant ce qu’on a fait à Dieu ; et que l’on entende à la radio qu’untel haut placé a fait des choses dont on ne pouvait se doutait peut constituer un réconfort dans ce malheur. ‘’En entendant certaines choses à la radio ou à la télé, l’auditeur ou le téléspectateur peut se dire : ah ! donc je ne suis pas le seul à subir telle chose !’’ argue Mme Dembélé. Cela pourrait expliquer l’attachement de certains de ces férus de la théâtralisation abusive des revues de presse. Cela pourrait dénoter également une ‘’dérégulation’’ de la société.

Mais qu’est-ce qui peut motiver des professionnels de l’information à s’adonner à ces pratiques hors normes ? ‘’Quand on commence et qu’on gagne en notoriété, on ne veut pas être rétrogradé, donc chaque jour, on ramène une couche de plus. Ce qui amène certaines dérives notées aujourd’hui’’, constate la psychologue clinicienne. Cependant, la racine du mal est la loi 96-04 qui définit qui est journaliste. Une loi considérée comme une porte ouverte à tout un chacun voulant embrasser le métier de journaliste, ont encore décrié les panélistes. ‘’On a du mal à distinguer qui est journaliste et qui est animateur’’, constate M. Ndiaye.

Avec ces revues de presse, ‘’une nouvelle race de grands présentateurs est apparue, transformant des rubricards en vedette des micros’’, considère le journaliste ancien revuiste de presse Mansour Sow. Et pour le président du Cored, Bacary Domingo Mané, ‘’ces gens n’ont rien à faire dans ce métier. Ils veulent ternir l’image du journalisme et cherchent de l’argent’’, assure-t-il. Toutefois, de l’avis de la modératrice du jour, Diatou Cissé, il faut reconnaître qu’un problème de niveau et un déficit d’encadrement se pose dans le secteur de presse. La mobilité de la profession de journaliste serait passée par là. Aujourd’hui, les jeunes journalistes n’ont pas la chance d’avoir des journalistes avertis qui puissent les orienter correctement.

Mais il n’y a pas que ceux qui ont été formés sur le tard qui dérivent. ‘’Dans certaines grandes rédactions où on trouve des professionnels formés à bonne école, ces revues de presse passent’’, observe le journaliste Samba Dialimpa Badji. Par conséquent, il ne revient pas à l’Etat encore moins au Cored, comme l’ont suggéré certains participants, de sévir.

CONSEQUENCE DES DERIVES

Les maux de la distorsion

On critique aujourd’hui les revuistes de presse mais personne ne réagit. Le constat est général. Pourtant, il est plus que temps de sévir eu égard aux témoignages de diverses personnes ayant pris part au deuxième cas d’école du Cored. ‘’La revue de presse liée à la politique a un impact réel sur l’économie’’, dixit le député Cheikh Oumar Sy représentant la commission culture et communication de l’Assemblée nationale. ‘’Et ce n’est pas le seul mal.

Pour avoir vécu aux Usa pendant dix ans, je sais aussi qu’elle peut avoir un impact négatif sur la diaspora’’, ajoute-t-il. Mais là aussi, c’est un moindre mal face au choc qu’il peut créer chez une victime d’abus sexuel. ‘’Je travaille avec des victimes d’abus sexuel et la revue de presse gâche mon travail. Elle atteint mes patientes et moi’’, témoigne le Dr Khadidiatou Konaré Dembélé, psychologue clinicienne. ‘’Il y a un sentiment d’intrusion que ressentent mes patientes’’, fait-elle savoir. Et elle déplore le fait qu’on ‘’tourne en dérision un sujet aussi douloureux que l’abus sexuel’’. Car certains articles sont accompagnés de commentaires acerbes ou rigolos. ‘’Peut-on rire de tout ?’’ se demande alors Mme Dembélé.

Il urge alors de prendre des mesures afin de limiter les dégâts. C’est aux journalistes eux-mêmes de faire une introspection et revenir aux principes de base du journalisme, selon bon nombre de participants au cas d’école d’hier. Ainsi donc, ce n’est pas la théâtralisation en tant que telle qui dérange mais le contenu. En effet, quand on revisite l’histoire des revues de presse au Sénégal, on se rend compte que les premiers à adopter un style qualifié de théâtral sont Abdoulaye Cissé et Pape Alé Niang. Mais ces derniers apportaient leur touche personnelle sans dénaturer les propos du journaliste.

Beaucoup d’anecdotes racontées hier reviennent sur la surprise de bon nombre de journalistes ayant entendu leurs papiers cités à la revue de presse et travestis à souhait. Les auteurs des articles sont aussi des victimes des revuistes de presse. Car leur crédibilité est touchée quand celui qui rapporte leurs propos tronque l’information ou le commente.
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