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Après la sortie musclée du ministre Moustapha Diop : Echanges de menaces et de dénégations
Publié le jeudi 11 juin 2015  |  Le Quotidien
Justice
© Autre presse
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Les magistrats sont depuis hier vent débout contre le ministre délégué à la Microfinance et à l’Economie solidaire, dont les propos envers des membres de la Cour des comptes ont été jugés outrageants. Ce qui semble surprendre Mousta­pha Diop, qui nie tout manque de respect en­vers l’institution judiciaire. Malgré les évidences.

Entre le ministre Moustapha Diop, délégué au ministre de la Femme de l’Enfant et de la famille, chargé de la Microfinance et de l’Economie solidaire, et les magistrats, le différend a pris la forme de lutte pour la crédibilité. On se rappelle qu’hier, Le Quotidien a rapporté le grave incident qui a opposé le ministre à des membres de la Cour des comptes, venus en préliminaire à une mission de vérification du Fonds de promotion économique. On en est à un niveau où l’une des parties n’hésite plus à se déclarer calomniée, et donc, à traiter les autres de menteurs.

Le journal Le Quotidien, dont le compte rendu d’hier a soulevé une avalanche de réactions, se contente ici de rapporter les positions des différentes parties, à savoir les membres de la Cour des comptes, ainsi que le bureau du syndicat de la Magistrature, qui tous le conforte, alors que le ministre de la Microfinance apporte son démenti.

Crainte du contrôle ?
Le communiqué du Comité de juridiction de la Cour des comptes relève notamment que le ministre «a tenu, en outre, d’autres propos que la morale républicaine et la bienséance nous empêchent de relever dans ce communiqué.»
Cela a poussé les membres de la Cour des comptes à estimer : «Une telle attitude venant d’un ministre de la République est ahurissante et remet en cause les fondements sur lesquels est assis l’Etat de Droit. L’attitude de Monsieur Diop témoigne d’une ignorance des fondements de la République et de ses règles de fonctionnement, ou d’une crainte immodérée du contrôle envisagé.» De ce fait, les magistrats de la Cour des comptes en viennent à estimer que «cette attitude et ses propos à l’endroit de cette haute juridiction et de ses magistrats qui n’ont que le tort d’exercer les missions que le peuple, à travers la Constitution, les lois et règlements leur a confiées, est en complète contradiction avec la fonction de ministre de la République.»
Par conséquent, les magistrats de la Cour des comptes se disent indignés et condamnent l’attitude du ministre, qui selon eux, n’honore pas la République.
La même réaction a été notée de la part de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Le Bureau exécutif de ce syndicat dans sa réaction, «condamne fermement ces propos outrageants, graves et profondément irresponsables d’un ministre de la République qui, vraisemblablement, ignore les rè­gles les plus élémentaires de l’Administration et de la courtoisie.» Il estime également que l’attitude du ministre dénote d’une «incapacité manifeste» à occuper ses hautes fonctions.
Les deux communiqués des magistrats se rejoignent également pour demander des sanctions à l’encontre du ministre Moustapha Diop. Celui de la Cour des comptes estime que si l’attitude du ministre «devait rester impunie, c’est la République toute entière qui s’en trouverait bafouée à jamais.» De son côté, l’Ums «demande à Mon­sieur le président de la Répu­blique, président du Conseil supérieur de la Cour des comptes, au vu de l’incurie de Monsieur Diop, caractéristique de son ignorance des règles élémentaires de fonctionnement d’un Etat de droit, de constater l’incapacité manifeste de ce dernier à occuper d’aussi hautes fonctions et d’en tirer toutes les conséquences.»
Mais cela ne suffirait manifestement pas, même si le chef de l’Etat devait leur donner raison. Ainsi, «le comité de juridiction se réserve le droit de porter plainte contre lui, pour outrage à magistrat et à la Cour. Il compte aussi demander aux autorités de la Cour à envisager toute procédure prévue par les lois de la République, notamment celle d’entrave à son action.»
Et le syndicat enfonce le clou en annonçant que, «l’Ums se réserve le droit de soutenir toute action judiciaire que les collègues de la Cour des comptes estimeront devoir intenter à l’encontre de Monsieur Moustapha Diop».

Dénégations de Moustapha Diop
Contre tout cela, le ministre délégué s’inscrit, bien entendu, en faux. Devant le tollé soulevé par sa sortie envers les magistrats, Mous­tapha Diop se déclare «surpris par ces affirmations qui ne reposent sur aucun fondement et qui manœuvrent à la déstabilisation de l’action gouvernementale». Il clame par ailleurs son respect pour les institutions judiciaires de ce pays, auxquelles il ne saurait faire «outrage». Mieux, ajoute le ministre de la Microfinance, «toutes les dispositions sont prises par mon Département et les structures qui la composent pour que toute mission émanant du pouvoir judiciaire, sous quelque forme qu’elle se présente puisse se dérouler sans aucune entrave et dans les meil­leures conditions possibles».
Avec ces documents, le débat a repris sa vraie dimension et ne concerne plus Le Quotidien, mais bien un membre du gouvernement et la corporation des magistrats.
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