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Entrée en vigueur des nouveaux tarifs le 10 juin: Les industries minières en guerre contre Nécotrans
Publié le lundi 8 juin 2015  |  Sud Quotidien
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© Autre presse
Les industries chimiques du Sénégal, était l`un de fleuron de l`économie nationale




L’entrée en vigueur de la nouvelle tarification de la société Necotrans(TVS) au Port de Dakar, n’agrée pas les acteurs des industries minières et les cimentiers. Ils ont décidé d’opposer un niet catégorie à Nécotrans dont la direction soutient n’avoir appliqué que les textes du syndicat des entreprises de manutention des ports du Sénégal (Sempos), homologués par le ministère du Commerce du Sénégal depuis 2002. Sud Quotidien qui a obtenu copie des différents échanges épistolaires, détaille quelques éléments d’un dossier qui prédit un été chaud au Port autonome de Dakar.

Revoilà Nécotrans ! Plus d’un an après avoir remporté, en pleine controverse, une concession de 25 ans sur un terminal vraquier, le groupe français va vers un nouveau clash. Cette fois, ce n’est pas le syndicat des entreprises de manutention des ports du Sénégal (Sempos) qui avait, notamment dénoncé, en son temps, une "nébuleuse" entourant l'attribution de ce marché, encore moins quelques députés de l’Assemblée nationale. Ce sont des industries minières (exportateurs de phosphates et importateurs de charbon) qui s’opposent à l’entrée en vigueur de la nouvelle grille tarifaire que Nécotrans a prévu d’appliquer à partir du 10 juin prochain.

Dans différents échanges épistolaires dont nous avons obtenu copie, les responsables des entreprises sénégalaises, mais aussi étrangères, entendent refuser ce qu’ils considèrent comme un «diktat» qui risque d’altérer la vitalité de leurs entreprises.
Ces industries minières soutiennent que depuis l’arrivée de la société Nécotrans comme opérateur au terminal vraquier au Port de Dakar, en remplacement de SDV, les coûts de manutention et de stockage de pondéreux comme le charbon ne cessent d’augmenter. Et qu’à l’allure où vont les choses, il y a une énorme menace sur la vitalité des activités industrielles concernées.

Selon plusieurs sources, les coûts sous la SDV qui étaient de 2300 F Cfa/ Tonne, sont passés à 3000 F Cfa/Tonne. Soit une augmentation de plus de 30 %.

Et comme si cette hausse ne suffisait, les industries minières ont eu la surprise de leur vie quand elles ont reçu une lettre en date du 1er juin dernier, leur signifiant une autre augmentation. Les tarifs de 3000 F Cfa /Tonne vont passer à plus de 8000 F Cfa/Tonne. Soit une hausse de plus de 245 %.

C’est la goutte d’eau de trop. Conscients des conséquences de ces tarifs sur leurs industries minières, les responsables de ces sociétés sénégalaises et étrangères, ont décidé de s’opposer aux tarifs qu’ils jugent «arbitraires» qui, soulignent-ils, vont avoir un «impact sur la compétitivité» de leurs entreprises et même sur la cherté des produits et des facteurs des coûts de production.

C’est dans ce sens, que des acteurs se sont rencontrés plusieurs fois, pour adapter une stratégie. «Nous n’allons nous laisser faire. Le prochain bateau qui va arriver, nous allons le payer sur la base de l’ancien tarif. Point ! Nous n’allons pas accepter ce diktat. S’il le faut, nous irons jusqu’à La Haye», peste un responsable d’entreprise.
En tant que premiers exportateurs de vrac, les miniers soutiennent qu’ils vont être les premières victimes de l’entrée en vigueur de cette tarification. Sans occulter les cimentiers qui importent du charbon.

Pis, pour eux, le renchérissement de coûts de manutention va devenir une pénalité au Port de Dakar et une perte de sa compétitivité. «Tout ce que l’on craignait avec l’arrivée du Nécotrans au Port de Dakar est en train de se confirmer. Une augmentation de plus de 240 %, c’est inadmissible ! Nous avons “benchmarké“ des coûts en France, aux Etats-Unis et en Inde. Le résultat c’est que si nous appliquons cette tarification, nous allons devenir le Port le plus cher au monde», indique une source.

Et de poursuivre : «au moment, où on se bat pour positionner le Port de Dakar, par rapport à Abidjan et Cotonou, certains cherchent à le tuer à petits feux».
L’affaire est tellement sérieuse que le ministre de l’Industrie et des Mines, est entré en jeu. Aly Ngouille Ndiaye a demandé d’obtenir des informations sur le différend qui oppose Nécotrans aux industries minières.

Nous avons même appris qu’une réunion s’est tenue dans ce sens jeudi dernier et que le ministre des Mines devrait recevoir les responsables des sociétés concernées hier, vendredi.

Pour justifier cette hausse, le directeur général de Necotrans, Abdou Diouf rappelle, à l’endroit des responsables des industries minières, que depuis l’entrée en vigueur de la concession le 1er mai 2014, «nous avons conservé les tarifs existants, le temps d’attendre l’installation des nouveaux équipements et la mise en place d’une nouvelle organisation du travail au sein du terminal».

Et M. Diouf d’ajouter dans sa missive dont nous avons pu obtenir copie, «les gains escomptés par le programme de modernisation du môle 8 que nous mettons en œuvre, vous sont connus : une diminution du temps d’opérations sur le terminal générant des économies d’affrètement, entrainant une baisse du coût global de vos importations ou exportations, ainsi qu’une meilleure traçabilité de vos produits, dans un cadre respectant davantage l’environnement».

Les investissements qui ont été mobilisés pour transformer les opérations du môle 8 dans le cadre du nouveau terminal vraquier justifient le réajustement de la grille tarifaire, dit-il.

Mieux, soutient Abdou Diouf que nous avons joint hier, au téléphone, ce tarif a été établi, en tenant compte du barème contractuel convenu entre le syndicat des entreprises de manutention portuaires du Sénégal (Sempos) et les autorités du ministère du commerce du Sénégal, et tient compte également des niveaux tarifaires en vigueur dans la sous-région, à service comparable.

ABDOU DIOUF, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE NECOTRANS : «Nous n’avons fait qu’appliquer les tarifs Sempos»

Pour le directeur général de Nécotrans que nous avons joint au téléphone, hier, vendredi 5 juin, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Et pour cause, soutient : «Nous n’avons fait aucune augmentation de tarifs. Les tarifs que nous allons appliquer à partir du 10 juin, sont des tarifs Sempos (Syndicat des entreprises de manutention portuaires du Sénégal, Ndlr) homologués par le ministère du commerce en 2002».

«Dans ce corps de métier, renseigne-t-il, nous ne pouvons pas arriver et faire ce que l’on veut. Nous sommes régis par une homologation des tarifs. Il s’agit là des tarifs terre. Ceux dits tarifs bord, datent de 1994».

Mieux, précise-t-il, «tous les concessionnaires du Port que sont Dubaï Port World, Dakar Terminal (groupe Bolloré, Ndlr) appliquent déjà les tarifs Sempos. Or, Dakar Terminal et Necotrans avions eu les concessions en même temps. Eux (DT, Ndlr) ont appliqué, directement, dés démarrage de leurs activités, les tarifs Sempos. A notre niveau, nous avons dit que nous allons attendre d’abord de mettre en place les investissements en termes d’équipements qui permettraient d’améliorer les cadences de déchargement avant d’appliquer ces tarifs».

«Aujourd’hui, soutient M. Diouf, 90 % des équipements prévus sont réalisés. Maintenant, un bateau de 48.000 tonnes, nous pouvons le débarquer en une journée, nous avons une capacité de débarquement de 2000 tonnes jour. Et dans la mesure où les gens qui emmenaient les bateaux et qui payaient des frais d’escale à hauteur de 25.000 dollars, voire 30.000 dollars jours, ne sont aujourd’hui qu’à deux jours d’escale, nous avons dit que c’est le moment d’appliquer les tarifs définis par les autorités de la place».
Selon Abdou Diouf, ces investissements ont coûté presque 18 milliards F Cfa en équipements sans occulter les travaux de concessions de quai qui vont démarrer dans quelques semaines pour une enveloppe globale de 40 milliards.

Mieux, confie le directeur général de Nécotrans, la non-application de textes du Sempos constituerait même un délit. Et pour cause, argue-t-il, «c’est une perte de TVA pour l’Etat et une concurrence déloyale». «Malgré tout, j’ai pris la décision, au risque d’être redressé, pendant un an, de ne pas changer les tarifs que j’ai trouvés sur place, qui sont pourtant dérisoires».

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