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Khalifats des layènes : Zoom sur les représentants du Mahdi
Publié le mercredi 20 mai 2015  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DF
La contribution des layènes dans la paix saluée
Dakar, le 2 Juin 2014- Le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, a salué, samedi, lors de la cérémonie officielle de la 134ème édition de l`Appel de Seydina Limamou Laye, le rôle des layènes dans la consolidation de l’unité et de la paix au Sénégal. M. Diallo était accompagné par une forte délégation officielle. Ont pris part à la cérémonie le maire de la ville de Dakar, Khalifa Ababacar Sall et la présidente de Conseil économique social et environnemental (CESE), Aminata Tall.




Depuis 1909, année de la disparition du fondateur de la confrérie, Seydina Limamou Laye, Layène a connu 5 khalifes. Le Quotidien vous dresse leurs profils.

Seydina Issa Laye, 1909-1949 : le retour de Jésus Christ
Né à Yoff, en 1876, Issa, fils de Seydina Limamou et de Fatimata Mbengue, passa une enfance calme et studieuse. Il apprit ses premières notions coraniques chez Tafsir Ndiaga Guèye qui comptait parmi ses élèves, un garçon qui deviendra le grand érudit Tafsir Ibrahima Mbengue, bien connu à Rufisque. Celui-ci raconta qu’il fut chargé par leur maître de faire connaître au jeune Issa, les premières syllabes du texte coranique : Bâ Sîn Mîm. Mais, dit-il, Issa s’évanouissait chaque fois qu’il répétait Bâ Sîn Mîm. Tafsir Ndiaga informa alors Seydina Limamou et se déclara incapable d’instruire son enfant. Seydina Issa veilla scrupuleusement au respect des enseignements de son père, et selon le témoignage unanime de tous ceux qui ont vécu à ses côtés, il fut un guide intègre, vigilant et d’une grande fermeté lorsqu’il s’agissait de réprimer les manquements aux préceptes religieux. Doué d’une grande prestance physique et d’une autorité naturelle, il exerçait sur toute personne, qui se trouvait en sa présence, un réel ascendant. Et pourtant il était affable, accueillant et courtois à l’égard de tous. Seules les violations des commandements de Dieu pouvaient soulever sa colère, et dans ces cas, il sévissait sévèrement, allant jusqu’à faire bastonner les délinquants. L’accession de Seydina Issa au khalifat, c’est-à-dire à la succession de Seydina Limamou à la tête de la confrérie layène, constitua non seulement une confirmation des prédictions de ce dernier, mais surtout une preuve supplémentaire pour les layènes, de la véracité de la mission divine de ces deux Saints Maîtres. Pour eux le Mahdi annoncé par Mohamed (P.S.L), étant Seydina Limamou, son successeur ne pouvait être, comme déjà prédit par Mohamed, que Jésus-Christ (Issa pour les musulmans) revenu en une seconde mission. Il disparut en 1949.

Seydina Mandione Laye, 1949-1971 : le sage
Seydina Mandione Laye est né en 1881 à Yoff. Avec lui, la communauté layène avait atteint la maturité spirituelle et stabilité sociale, et effectuait dans la tranquillité, des activités religieuses, des œuvres sociales d’entraide, d’éducation des enfants et des activités économiques prospères (agriculture, pêche, commerce, culture maraîchère ...), tout en entretenant d’assez bonnes relations avec les autres confréries religieuses et avec les Français qui administraient le pays.
Grâce à lui des incidents qui pouvaient aboutir à un affrontement sanglant entre villageois dont des litiges de terrain opposaient souvent, ont connu une issue pacifique. La cohésion de la communauté fut maintenue. Les activités éducatives connurent un progrès notable, avec l’ouverture d’une école d’enseignement de l’Arabe à Cambérène, confiée à Magoum Keur Diongue. Seydina Mandione fut, en toutes circonstances, efficacement secondé par son jeune frère Ababacar Thiaw Laye. Dès son accession à la tête de la confrérie, ce dernier lança des mises en garde aux adeptes pour leur demander de ne pas abuser de la clémence du nouveau Khalife afin de ne pas tomber dans un quelconque relâchement. Il semble bien que par ces avertissements, il cherchait à prévenir des incidents et des actes d’insoumission qui éclateront quelques années après, dans Cambérène, dus à des dissensions politiques. Il quitta ce bas monde en 1971.

Seydina Issa Laye II dit Baye Seydi Thiaw, 1971-1987 : L’innovateur
Seydina Issa Laye II dit Baye Seydi Thiaw est né en 1914 ou 1915. Avec le décès de Seydina Man­dione, en 1971, une nouvelle étape de cette évolution allait démarrer, suite à l’accession de son fils Seydina Issa II à la tête de la confrérie. Etape caractérisée par une plus grande diffusion de l’enseignement de Seydina Limamou et de ses khalifes, Il en résulta une meilleure connaissance de la confrérie, de son idéologie et de ses guides. Grâce à la diffusion d’images et de discours par la radio, la télévision et la presse écrite ; mais aussi au fait que c’est sous le khalifat de Seydina Issa Il qu’intervint une manifestation publique majeure : la cérémonie commémorative du centenaire de l’Appel de Seydina Limamou, qui eut lieu le 5 juin 1981.
Les années suivantes, la confrérie a célébré avec la même solennité, la même affluence, les 101e, 102e ... 112e anniversaires de l’Appel de Seydina Limamou. Avec la différence qu’à partir du 102e, la célébration de l’Appel fut étalée sur deux jours pour y inclure une matinée de prière à Guentaba (premier site de Cambérène), et au mausolée de Seydina lssa Laye, un après-midi de prière et de chants à la grotte de Ngor que fréquentait Seydina Limamou. A partir de 1984 ou 1985, des cérémonies similaires ont commencé à être organisées à Cambérène pour célébrer l’anniversaire de la naissance de Seydina Issa, la date de cette fête étant symboliquement fixée au 25 décembre de chaque année. Il faut aussi noter que c’est sous Baye Seydi Thiaw qu’intervint une percée du layènisme vers l’Europe, en particulier en France. Grâce au défunt Cherif Ousseynou Laye, qui séjournait assez souvent à Paris, le cercle des layènes de cette ville grandit sans cesse.
Seydina Issa Il exerça une influence fortement moralisante sur la confrérie, par son thème favori du détachement des biens matériels de ce monde, qui émaillait tous ses discours, et par son comportement personnel plein de retenue et de noblesse. Doué d’une fermeté de caractère sans faille, fortement attaché à l’enseignement de son grand père Seydina Limamou, il était prompt à condamner toute déviation et à rejeter toute compromission douteuse. Par contre, Baye Seydi Thiaw a affirmé publiquement dans un discours retransmis par la radio et la télévision qu’il a cédé au gouvernement 364 hectares de terrain, gracieusement, pour la construction de logements sociaux (Parcelles Assainies). En application de l’injonction coranique concernant le mariage des célibataires, et des principes d’une tradition initiée par son grand-père, Seydina Issa II fit une tournée de quelques semaines en 1984, pour organiser dans diverses communautés layène des villes et villages, des mariages de jeunes gens préalablement consultés et encouragés à se marier. Il fut rappelé à Dieu suite à une longue maladie, le mardi 13 octobre 1987.

Seydina Mame Alassane Laye dit Mame Rane, 1987-2001 : le progressiste
Seydina Mame Alassane Laye dit Mame Rane est né en 1917 à Yeumbeul et est rappelé à Dieu en 2001 à Yoff. Il était à la tête de la confrérie de 1987 à 2001. A la disparition de Seydina Issa II en 1987, il fut remplacé à la tête de la confrérie par Mame Alassane Laye fils de Seydina Mandione. Homme discret qui volontairement était demeuré effacé, refusant les louanges et les honneurs ; lui qui fut surnommé Serigne Rane se trouva d’un seul coup projeté au premier plan. Durant ses jeunes années, il travaillait comme maçon et gagnait sa vie à la sueur de son front. Mame Rane fut un homme de progrès, fermement attaché aux activités éducatives. Bien avant son accession au khalifat, il a aidé le développement des écoles arabes de Cambérène et de Yeumbeul. De plus, il intervenait chaque année auprès du ministre de l’Education nationale pour obtenir des bourses d’études. Ainsi, grâce à lui, de jeunes layènes poursuivent actuellement leurs études dans les universités des pays arabes. Autant sa ressemblance physique avec son père est assez frappante, autant la douceur de son caractère et son affabilité rappellent ceux de son père Seydina Mandione. Lui aussi, entend demeurer fidèle à la voie tracée par ses illustres prédécesseurs. Aussi, va-t-il insisté sur les traditionnelles recommandations de crainte de Dieu, de pratique régulière des rites islamiques, de détachement de ce monde ... dans la brillante allocution qu’il fit, avec chaleur, à l’occasion de la réception qui clôturait les cérémonies du 107e anniversaire de l’Appel de Limamou, le 10 avril 1988. Son discours avait été précédé par celui de Moussa Ndoye, ministre de la Fonction publique, qui conduisit la délégation envoyée par le président de la République, et par l’intervention d’El Hadj Abdoulaye Thiaw.

Serigne Abdoulaye Thiaw Laye, depuis 2001: le grand communicateur
Il est né en octobre 1926 d’une descendance noble, aussi bien du côté paternel que maternel. Il est fils du premier khalife Seydina Issa et de Sokhna Ngane DIOP, une dame originaire de la famille royal de l’ancien royaume du Cayor. Dans les années quarante, en effectuant son service militaire, il lia une amitié avec un de ses frères d’armes, un certain Abdoulaye Wade (ex-président de la Ré­pu­blique), avec qui il partageait la même chambre. Malgré son jeune âge, il jouissait d’une très forte personnalité et était respecté par ses compagnons d’âge. Pour vulgariser le message de son grand père Sey­dina Limamou Laye, Serigne Ab­doulaye Thiaw s’est inspiré du saint Coran, des Hadiths authentiques et des livres anciens. Grand conférencier, Baye Abdoulaye comme l’appellent les fidèles, démontre depuis son accession au khalifat que le Mahdi n’est autre que son grand père Limamou Laye. Même s’il ne peut plus exercer ses talents d’éloquence, ses proches le font à sa place, comme Mame Libasse Laye et Mamadou Lamine Laye.
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