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Almamy Bocoum, Ambassadeur itinérant auprès du président de la République: "Benno survivra tant que..."
Publié le mardi 19 mai 2015  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par MC
Le chef de l`Etat a rencontré les chefs de partis membre de la Coalition "Benno Bokk Yakaar"




L’ambassadeur itinérant auprès du président de la République, Almamy Bocoum, est formel : la survie de Bennoo Bokk Yaakaar dépendra des partis membres. Tant que les partis alliés de l’APR n’auront pas en effet déclaré leur candidature à la magistrature suprême contre Macky Sall en 2017, cette alliance a de beaux jours devant elle. Par ailleurs, le militant de l’APR s’est dit nullement ébranler par la tournée d’Idrissa Seck de Rewmi dans la région de Matam. Pour lui, l’ancien Premier ministre faisait plutôt du «tourisme». Dans l’interview qu’il a accordée à Sud Quotidien, il est aussi revenu sur le volet social du PSE. Entretien.

Comment appréciez-vous le voyage du chef de l’Etat en Guadeloupe pour célébrer le mémorial acte commémorant l’abolition de l’esclavage, aux côtés du président de la République française ?

Rappelons que durant trois siècles, notre continent a été spolié, pillé, violenté, dégarni de ses meilleurs enfants. C’est, dans l’histoire, le plus grand crime contre l’humanité… Si le président de la République de France, un des pays qui ont participé à ce massacre, invite le Président Macky Sall, il était normal qu’il soit présent pour se souvenir au nom du peuple sénégalais et au nom de l’Afrique, et, pour dire qu’on n’a pas oublié ce qui s’est passé. C’était tout à fait normal que le président de la République soit présent, accompagné par d’imminents historiens, des intellectuels, des professeurs, des membres de son Cabinet, pour dire au peuple guadeloupéen que : «le peuple sénégalais est avec vous, qu’il vous soutient». Une manière aussi de dire que le peuple africain en général, celui du Sénégal en particulier, a souffert de cette terrible séparation. .Par sa présence, le Président a rehaussé cette commémoration. Il a été cité et applaudi plusieurs fois. Et la communauté internationale a reconnu en lui un grand homme d’Etat, qui sait ce que c’est l’histoire, qui a représenté dignement l’Afrique et son pays. Il faut par ailleurs noter que dans cette dynamique de commémoration, le président de la République s’est engagé à construire un mémorial à Gorée.

Revenons au Sénégal pour parler du Plan Sénégal Emergent, si cher au chef de l’Etat. Son volet économique est vanté. Qu’en est-il de son volet social ?

Il faut que les gens comprennent que le PSE est un tout. C’est un ensemble. Il y a le volet économique en même temps que le volet social. Et le volet social est bien en avance. En ce sens qu’aujourd’hui, la bourse familiale est une réalité sociale, une réalité politique. Parce que le chef de l’Etat l’a voulu et il l’a fait. Ce sont des familles entières, bientôt 250, sinon plus, qui vont avoir accès à cette bourse familiale.
Premièrement, il faut relever qu’on est parti de zéro. Et qu’il fallait aller chercher l’argent quelque part. Deuxièmement, la Couverture maladie universelle est en train de s’implanter un peu partout au Sénégal. Et je vous assure que des hommes et des femmes en bénéficient. Sans occulter les coupures d’électricité qui sont aussi devenues accidentelles.
Au-delà, il y a la baisse des denrées de première nécessité qui est passée de façon inaperçue dans ce pays. C’est extraordinaire que les salariés qui ont vu l’impact de cette baisse de la fiscalité sur leurs salaires ne reconnaissent pas qu’il y a eu des efforts qui ont été faits. C’est un engagement que le Président est en train d’honorer. Malheureusement, ce n’est ni visible ni lisible.

Mais, justement, pourquoi en est-il ainsi?

J’ai l’impression qu’on préfère parler d’un procès d’un tel ou de la réduction du mandat présidentiel. On nous ramène toujours à des débats puérils. Le président de la République s’est engagé à ramener son mandat de sept à cinq ans et il va le faire. La seule interrogation, c’est comment procéder pour y arriver.
C’est pourquoi, j’en profite pour demander à tous mes amis de l’APR qui sont tentés de vouloir tordre la main au chef de l’Etat, pour qu’il se déduise et fasse un mandat de sept ans, qu’ils sachent raison garder. Le chef de l’Etat sait là où il va. La seule inconnue aujourd’hui, c’est le comment ? La manière institutionnelle de réduire le mandat présidentiel à cinq ans. Macky Sall est un homme de parole. Il va le faire. Je veux plutôt qu’on parle de manière institutionnelle à utiliser pour réduire le mandat présidentiel. C’est la seule question qui mérite d’être débattue. Malheureusement, pendant longtemps, nous avons été envahis par le procès de quelqu’un, qui a été en maille avec la justice et qui a été condamné.

N’aviez-vous pas une part de responsabilité dans cette affaire?

Oui ! Parce que nous avons suivi le débat. Nous ne l’avons pas incité le débat, moins encore dirigé. Au contraire ! Nous l’avons subi. C’était ça, l’erreur. C’est une erreur de communication que je ne suis pas le seul à relever. Et je crois que le président de la République l’a reconnu dans sa dernière rencontre avec la presse. Il y a véritablement un problème de communication. Aujourd’hui, ce n’est pas le Pds qui a été vomi par 67% des sénégalais qui va nous donner des leçons de morale.
Quid de la transhumance ? La aussi, le Président est accusé de faire son apologie ?
La transhumance n’a pas commencé aujourd’hui. Combien de fois le Parti socialiste a essayé de déséquilibrer le Pds en prenant des cadres libéraux ? Une fois au pouvoir, le Pds a utilisé la même méthode. A l’APR, nous ne sommes allés chercher qui que ce soit. Ce sont des gens qui sont venus vers nous parce que tout simplement nous sommes devenus un parti attractif.

Vous prônez la rupture quand même et l’opinion demande qu’on mette un terme à cette gangrène que constitue la transhumance ?

Je rappelle ce que le chef de l’Etat l’avait dit. Il faut mettre de l’éthique dans tout ça. Je ne suis pas un transhumant. Je ne sais même pas pourquoi les gens transhument. Mais, si des hommes et des femmes qui n’étaient pas avec le chef de l’Etat trouvent qu’ils peuvent apporter quelque chose au Président, que voulez-vous qu’on fasse ? S’ils pensent qu’ils peuvent aider le chef de l’Etat à aller plus vite et plus loin dans le sens du développement, pourquoi pas. En revanche, si c’est pour venir se cacher ou donner des leçons de morale, alors là, non merci ! Qu’ils restent chez eux.

Comment expliquez-vous la cacophonie dans Bennoo Bokk Yaakaar?

Le président de la République avait dit : «on gagne ensemble, on gouverne ensemble». Et il ne va pas se dédire. Il faut savoir que cet homme est un homme de parole. Quand il dit quelque chose, il le fait. Il est en train de tenir ses engagements vis-vis du peuple. Je ne suis pas de ceux qui crient sous les toits pour dire que la LD ou le PS doivent faire ceci ou cela. Mais, je comprends aussi mes camarades qui, soutiennent le contraire. Cette coalition, jusqu’à la preuve du contraire, gouverne le Sénégal avec des résultats. Et tant que la LD ou le PS n’ont pas de candidats déclarés contre l’APR, je ne vois pas pourquoi il faut casser cette coalition.
En revanche, à partir du moment où l’un des alliés déclarera sa candidature pour la présidentielle de 2017, je ne vois plus sa place dans le gouvernement. C’est seulement à partir de ce moment-là. Mais pour l’heure, c’est un attelage qui gagne et qui doit demeurer.

Donc, vous êtes d’accord de travailler ensemble mais que chaque parti garde son autonomie, sa liberté de ton ?

De toute façon, ça a toujours été comme ça. Ce ne sont pas des critiques qu’on entend sur ce que le gouvernement est en train de faire. Ce sont des souvent des points de vue divergents sur certaines questions. Il faut bien faire la part des choses. Ils (alliés-ndlr) sont libres de parler, de critiquer. Des critiques peuvent aussi être constructives. On peut critiquer et construire ensemble. Toutefois, à partir du moment où le parti déclare qu’il ira à l’élection présidentielle, il aura la grandeur d’esprit de se retirer.

Vous êtes un responsable de l’Apr au Fouta notamment de Thilogne. Idrissa Seck sillonne cette partie du pays, comme Macky Sall l’avait fait entre 2008 et 2012. N’aviez vous pas de craintes ?

(Eclats de rires). Comparaison n’est pas raison ! Quand le Président Macky Sall faisait ses tournées, il allait à la rencontre des populations. Il discutait avec elles. Il allait s’enquérir de leurs problèmes.
Il a sillonné tout le pays à la rencontre du peuple sénégalais. Village par village, même les hameaux les plus reculés.
Maintenant, qu’Idrissa Seck vienne faire le tourisme dans le Fouta pour connaitre un peu le Sénégal, c’est très bien. Mais, lui-même sait, dans ses rêves les plus fous, qu’il n’ose pas espérer pouvoir récolter quelques voix dans ce département ou dans cette région. Bref, nous sommes des démocrates. M. Idrissa Seck peut sillonner tout le pays, mais il ne nous ébranle pas. C’était un épiphénomène. Dans deux jours, on n’en parlera plus. Qui se souviendra qu’Idrissa Seck est allé au Fouta ? Je lui conseille d’aller gérer le département de Thiès. C’est déjà assez grand pour lui.
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