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Sénégal : l’utilisation des langues locales, une méthode en gestation pour améliorer la qualité de l’enseignement (MAGAZINE)
Publié le mardi 19 mai 2015  |  Xinhua




L'utilisation des langues nationales à l'école est considérée comme un moyen pour améliorer la qualité de l'enseignement au Sénégal même si elle se heurte à certains obstacles.

Le Sénégal, où le français est la langue officielle et d'enseignement, a mis en place le Programme d'amélioration de la qualité de l'équité et de la transparence (Paquet), pour la période 2013-2025, dont l'un des objectifs est l'utilisation des langues nationales pour améliorer la qualité de l'enseignement.

Plusieurs organisations accompagnent le gouvernement sénégalais dans ce programme, dont l'Association pour la recherche, l' éducation et le développement, qui, depuis 2009, a expérimenté le bilinguisme (langue locale-français) dans 208 classes éparpillées dans trois régions du pays.

L'école élémentaire de Niakourab à Rufisque (25 kilomètres de Dakar) qui fait partie de ce projet compte deux classes bilingues.

Selon l'enseignant d'un de ces classes, Assane Ndiaye Gueye, " il est difficile d'enseigner uniquement en français parce que les élèves mettent du temps à comprendre le sens des mots alors qu' avec le wolof (langue la plus parlée au Sénégal) il n'y a pas de barrage linguistique".

"Les contenus des cours sont différents parce que les langues n'ont pas le même alphabet mais on commence toujours par le wolof pour faire des associations syllabiques", explique-t-il et d' ajouter: "les séances en français permettent de renforcer les connaissances déjà acquises en wolof et on se rend compte qu'avec cette méthode les élèves travaillent plus vite".

De son côté, le directeur de l'école, Aliou Fall, considère que "l'utilisation des langues nationales motive les élèves et facilite les apprentissages parce que l'enfant assimile mieux ce qu'il apprend dans sa langue puisqu'il comprend plus vite".

"Mais le problème c'est que le wolof et les autres langues locales ne sont pas encore considérés comme des langues d' enseignement, le français restant la langue officielle au Sénégal", souligne-t-il.

Le directeur de l'enseignement élémentaire, Abdou Diaw, affirme, lui, que "le bilinguisme à l'école réduit les déperditions scolaires et permet d'avoir un cycle moins long. Les six ans du cycle élémentaire peuvent être ramenés à quatre ans parce qu'il est établi que l'enfant apprend mieux et vite".

"C'est en 1976 qu'on a expérimenté, pour la première fois au Sénégal, l'enseignement bilingue avec l'utilisation des langues locales et aujourd'hui on enseigne dans six langues locales (wolof, pulaar, diola, sérère, mandingue et soninké)", souligne-t-il.

"Ces six langues sont les premières à être codifiées mais nous visons une extension linguistique parce que l'enseignement dans nos langues locales permet aussi un encrage culturel beaucoup plus solide", relève-t-il, indiquant que l'objectif est "une généralisation du bilinguisme dans l'enseignement élémentaire".

Mais l'enseignement bilingue est, pour le moment, limité à l' enseignement élémentaire et cela inquiète le principal du collège d'enseignement moyen de Niakourab, Serigne Diop, qui fait remarquer que "dans quelques années, les élèves qui sont dans des classes bilingues seront dans les collèges qui ne sont pas outillés pour les accueillir".

"Dans l'enseignement moyen on étudie des matières scientifiques qui ont des termes spécifiques que nous n'avons pas dans nos langues. Il va falloir former aussi des enseignants du cycle moyen ", préconise-t-il.

Présidant une rencontre sur l'enseignement bilingue au début du mois, le ministre de l'Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, avait soutenu qu'"il n'y a pas de doute que l'utilisation des langues nationales peut améliorer la qualité de l'enseignement et permet d'avoir un système éducatif de meilleure qualité".

Mais, a-t-il souligné, "le problème du bilinguisme c'est la formation des enseignants et la disponibilité des manuels scolaires. Il faut au moins six années pour mettre en place tout ce dispositif qui nécessite 17 milliard de FCFA pour la mise à l' échelle".

"Il y a aussi le choix de la langue d'enseignement parce qu'il va falloir décider si on doit enseigner dans la langue maternelle des apprenants ou dans la langue du milieu. Le débat n'est pas encore tranché", avait-il expliqué. Fin

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