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Implication de la famille dans la gestion de l’État: La classe politique, tranchée sur la question
Publié le lundi 18 mai 2015  |  Sud Quotidien




MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD : «Il n’est pas souhaitable qu’un président implique sa famille»

Pour Moussa Sarr de la Ligue démocratique, il n’est pas souhaitable qu’un président implique sa famille dans la gestion des affaires de la cité. Toutefois, le « Jallarbiste » pense que cette dernière peut jouer un rôle important pour le Président mais en termes de conseil. «Depuis Senghor, en passant par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, la famille s’est de tout le temps immiscée dans la gestion de la cité mais à des degrés différents. Il n’est pas dit, dans la Constitution, que le président de la République ne doit pas impliquer sa famille dans les affaires du pays mais, des règles morales et d’éthique doivent l’amener à ne pas le faire», a soutenu M. Sarr porte-parole de la Ld. Et de poursuivre : «les Sénégalais sont très sensibles sur ces questions. La présence de la famille peut cristalliser ce mécontentement populaire. La situation évolue et ce qui est accepté du temps de Senghor et Diouf, ne l’est plus aujourd’hui».

MAYORO FAYE, MEMBRE DU COMITE DIRECTEUR DU PDS : «Ce n’est pas élégant ce qui se passe avec l’actuel régime»

«C’est la même réaction avec celle des Sénégalais. Avec le Président Wade, les opposants dont Macky Sall ont servi au peuple la dévolution monarchique alors que Karim Wade était juste ministre, mais avec l’actuel pouvoir, on constate qu’on est dirigé par une dynastie avec l’implication de la famille et de la belle- famille du Président Macky Sall dans les affaires de la cité. Tant que c’est modéré, ça ne pose pas de problème mais quand on en fait trop, cela devient grave. Et on n’a jamais assisté à un régime comme celui d’aujourd’hui qui implique trop sa famille dans la gestion. Ce n’est pas élégant».

PAPE MAËL THIAM, ADMINISTRATEUR APR : «Il y a un dénominateur commun…..mais les contextes et les profils ne sont pas les mêmes»

«Moi je crois que ce n’est pas la même chose. Parce que le syndrome de Wade est dû fondamentalement à une absence d’appui sociologique dans la gestion du pouvoir. Autrement dit, son fils n’était pas connu dans l’espace politique avant l’accession du papa au pouvoir. D’une part, on ne lui a pas vu dans les différents combats du Pds. Ce qui fait qu’il n’avait pas de légitimité. La preuve est qu’il n’a jamais occupé un poste électif. De l’autre, au niveau de la taille des responsabilités qui lui avaient été confiées, ce n’était pas rationnel, du point de vue du management. Egalement, son papa a plusieurs fois créé la frustration en disant à qui voulait l’entendre que son fils est le plus intelligent du Sénégal. Donc, cela fait autant d’éléments qui font qu’il n’a pas de légitimité au sein de l’opinion. Les seules élections auxquelles Karim a participé, il a été laminé.
Ce n’est pas la même chose. Dans le cas de Macky Sall, si on parle d’implication de sa famille au pouvoir, on fait référence de Mansour Faye et Alioune Sall. Pour ces deux là, ce sont d’abord des gens qui ont fait toutes les guerres de l’opposition avec le Président. En retour, ils trouvent leur légitimé dans les combats qu’ils ont fait au même titre que les autres responsables du parti. Et par ailleurs, ils ont osé plonger pour conquérir des postes électifs. Mansour Faye et Aliou Sall sont maires par le biais des élections… Ce n’est donc pas la même chose. Certes, il y a un dénominateur commun, c'est-à-dire l’appartenance à la famille présidentielle, mais les contextes ne sont pas les mêmes et les profils également ne sont pas les mêmes. Il ne faut pas verser dans la facilité dans la réflexion.

JOE DIOP, MEMBRE DE YOONU ASKANWI : «Toutes les composantes de sa propre famille et de sa belle-famille tirent…profit du pouvoir».

«Tout pouvoir est accapareur. C’est toute sa famille (celle de Macky) qui en tire profit. Tout ce qui se dit à l’heure actuelle et qui est révélé, n’est encore qu’un début. Il y a toute une totalité de secteurs, de moyens qui reviennent à sa propre famille et à sa belle-famille….Aujourd’hui, toutes les composantes sociales de sa propre famille et de sa belle famille tirent un grand profit du pouvoir qui contrôle l’Etat et le tout globalisé, singularisé de l’Etat. A partir de ce moment, nous avons beaucoup à faire. …Jusqu’ici, nous aurions souhaité, après la multitude de successions de Senghor, Diouf, Wade et aujourd’hui Macky, voir apparaitre une République populaire, démocratique et citoyenne. Cette seule République est capable d’assoir une culture nouvelle et de préparer l’éthique et l’esthétique de demain. Et cela est une perspective à conquérir…Malheureusement, Il n’y a pas de rupture, c’est une continuation….Le pouvoir actuel et l’ancien pouvoir ont la même substance, les mêmes pratiques sociales, les mêmes conduites pédagogiques et les mêmes perspectives.

NDIAGA SYLLA (ANALYSTE POLITIQUE) SUR LES CONSEQUENCES D’UNE TELLE IMMIXTION : «Nos compatriotes pourront-ils accepter ce qu’hier ils avaient combattu sous Wade ?»

«L’implication des membres de la famille du président de la République dans la gestion des affaires de l’Etat devra être analysée non pas sous l’angle de la citoyenneté ou de l’engagement militant. Il ne s’agit pas de remettre en cause leur mérite car nous n’ignorons pas que certains proches du président de la République ne manquent pas de compétences et l’ont longtemps soutenu et accompagné dans son action politique avant qu’il n’accède à la magistrature suprême. Toutefois, les membres de la famille du Président ne peuvent nullement être considérés comme des citoyens ordinaires dès lors qu’ils jouissent de certains privilèges particuliers. Les positions qu’ils occupent au niveau de l’Etat ne laissent personne indifférent. Par conséquent, cela pose plus la question de l’éthique politique dans le cadre d’un régime qui proclame la primauté de la patrie sur le parti.

A titre d’exemple, il est vrai que le frère du chef de l’Etat, en l’occurrence le maire Aliou Sall, n’a pas été nommé par décret mais le fait d’être élu à la tête de l’Ams qui regroupe les élus des collectivités publiques le placerait assurément dans une station assimilable à une institution. S’agissant des conséquences, il est évident que l’image à laquelle renvoie une telle situation serait néfaste dès lors que les Sénégalais la perçoivent comme une volonté d’asseoir une monarchie.

Aussi, l’on a déjà vu son prédécesseur s’obstiner à un mandat de plus au point de se faire discréditer à cause de l’implication de sa famille dans la gestion de l’Etat. De même ceux qui occupent ces positions en question auront certainement des prétentions ou des ambitions de conserver le pouvoir. Voilà ce qui m’avait conduit à rédiger un texte intitulé «Sénégal des paradoxes» dans une de mes contributions. En définitive, je suis loin de penser que nos compatriotes puissent accepter sous le règne du Président Sall, ce qu’hier ils avaient dénoncé et combattu sous Wade».
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