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Seydou Guèye, porte parole de l’Apr: ‘’Il n’appartient pas au président de la République d’exclure qui que ce soit’’
Publié le jeudi 7 mai 2015  |  Enquête Plus
Seydou
© Autre presse
Seydou Guèye




La passe d’armes entre le parti présidentiel, l’Alliance pour la République (Apr) avec ses alliés de la Ligue démocratique (Ld) et du Parti socialiste (Ps) sur la question de la transhumance politique, est loin de connaître son épilogue. Après la dernière sortie du secrétaire général de la Ld dans les colonnes de votre journal, le porte-parole de l’Apr a jugé utile de lui apporter la réplique. Ainsi, dans cet entretien accordé hier à EnQuête, Seydou Guèye recadre leurs alliés de la gauche mais aborde aussi la crise scolaire, la question de l’émigration irrégulière et l’envoi prochain de 2 100 jambars en Arabie Saoudite.



Le président de la République a décidé d’envoyer 2 100 soldats en Arabie Saoudite. Comment appréciez-vous cette décision ?

C’est une décision cohérente avec nos traditions en la matière. Il ne faut pas se voiler la face. Nous sommes aujourd’hui face à de nouveaux risques qui ne connaissent plus des limites territoriales telles que nous les connaissions par le passé, je veux parler du terrorisme. En matière de terrorisme, le Sénégal a choisi son camp en termes de relations internationales. Des pays comme l’Arabie Saoudite sont des pays partenaires du Sénégal. Quand on a choisi son camp, il faut être conséquent avec soi-même.

Comment analysez-vous la crise scolaire et les actes qui ont été posés aussi bien par le gouvernement que par les syndicats d’enseignants ?

La question de l’éducation est une question difficile pour tous les gouvernements. Mais il faut reconnaître que dans cette crise, le gouvernement a fait énormément d’efforts. Puisque régulariser des situations qui étaient là depuis 1992 avec la titularisation des volontaires et des vacataires avec une prise en charge effective de leurs droits, cela me semble une grande conquête pour le monde syndical et une avancée en matière de progrès social en ce sens que cela réduit la précarité. Mais il faut cosigner également que nous sommes tous appelés devant nos responsabilités puisqu’on ne peut pas continuer à mettre autant de ressources dans l’éducation et avoir le résultat qu’on a.

De notre côté, c’est vrai qu’il y a une tradition politique où il y a des liens entre le milieu politique et le milieu syndical, cela est une réalité politique ici comme ailleurs, mais ce qui importe, c’est que les syndicats progressent vers une rationalité plus consensuelle. Puisque la conséquence pratique du pacte de stabilité sociale et pour l’émergence économique, c’est de faire promouvoir la rationalité consensuelle. Il n’est pas dit qu’il n’y aurait pas de préavis ou de grève, mais il faut donner toutes les chances à la concertation et au consensus. C’est cela l’esprit dans lequel gouverne le président Macky Sall c'est-à-dire, ne prendre d’engagements que ce qu’on peut tenir et aller vers une rationalité consensuelle pour engager tout le monde dans le projet de l’émergence de notre pays.

Certains caciques de votre parti accusent le secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld) d’être à l’origine de cette crise scolaire. Qu’en est-il exactement ?

Je ne peux pas dire que la Ld a une part de responsabilité dans cette crise. De toutes les façons, nous sommes un cadre où les citoyens sont suffisamment autonomes. Et ces vieilles pratiques sont d’une autre époque. Les syndicats sont aujourd’hui des structures autonomes avec une tradition historique. Et les nouveaux défis sont les questions de représentativité. Donc faire des choses en sous terrain ne mène nulle part. Ce qui importe, c’est le face-à-face responsable entre partenaires sociaux que sont l’Etat et le monde social. Maintenant, je pense que le rôle du secrétaire général de la Ld n’est pas de persévérer dans une mauvaise interprétation du discours du président de la République. Son rôle dans le pays l’oblige à être un bon conseil et on gagnerait tous à être beaucoup plus serein et à échanger plutôt que d’attaquer ses alliés. Cela ne lui apporte rien du tout. Nous sommes ensemble pour les transformations sociales et aujourd’hui, qu’on soit homme de gauche ou pas, on doit bien prendre en compte que le président Macky Sall est en train de mettre en place un programme qui ne devrait pas faire rougir la gauche. C’est la première fois que la gauche a un programme et un candidat qui met le focus aussi nettement sur la question de la transformation sociale.

Comment appréciez-vous aujourd’hui vos rapports avec vos principaux alliés dans Bby ?

Ce sont des rapports qui sont structurés par trois choses : une éthique de responsabilité, une éthique de conviction et une éthique de cohérence. Je rappelle que ce cadre est issu d’une situation de fait. Le président Macky Sall est arrivé premier en 2012 parmi les candidats de l’opposition. Il y a eu un regroupement au second tour pour le porter au pouvoir. Il y a eu entre-temps, un partage total de sa vision à travers le Plan Sénégal émergent (Pse). Le séminaire qui s’est tenu le 20 septembre 2014 a permis à la coalition de prendre possession des orientations qui étaient consignées dans le Pse et a exprimé un soutien total à la politique mise en œuvre par Macky Sall. Nous sommes dans un même groupe parlementaire à l’Assemblée nationale et chacun est engagé dans un dispositif de responsabilité, de cohérence et de conviction. Maintenant qu’il y ait un débat en interne, cela se conçoit puisque c’est une plate-forme plurielle. Mais il y a un comportement attendu entre alliés, c'est-à-dire développer la concertation et ne pas jeter de l’huile sur le feu ou jouer à l’incendiaire. Cela ne nous mène nulle part.

Le président de la République cherche-t-il à se séparer de certains de ses alliés ?

Moi je ne suis pas informé de cela.

La position du Ps et de la Ld sur la transhumance semble vous indisposer en tant que parti allié. Comment appréciez-vous leur démarche ?

Je pense que la question devrait les indisposer eux puisqu’ils ont fait une très mauvaise interprétation des propos du président de la République. Quand ils disent que le président de la République fait l’apologie de la transhumance, c’est lui faire un mauvais procès. Le président de la République a analysé un phénomène qui est plus vieux que lui pour constater que cela était une marque distinctive de notre champ politique que les Sénégalais veulent voir jeter par-dessus bord. Le deuxième niveau d’analyse dans le discours du président, il a dit : ‘’Je ne protégerai personne mais je n’exclus personne. Mon appel concerne tous les Sénégalais qui ont de l’expertise, qui sont préoccupés de considération éthique et qui veulent s’engager dans la mise en œuvre du Pse’’.

C’est cela le sens de l’appel du président de la République. Et dans ce jeu, il n’y a absolument rien de répréhensible. Par contre, ce sur quoi on est tous d’accord, le président de la République en premier, c’est qu’il ne favorisera aucune dynamique d’accès aux ressources pour une jouissance personnelle. Son éthique politique, son engagement et sa trajectoire prouvent à suffisance qu’il n’est pas une autorité politique qui a mis en œuvre la transhumance politique comme stratégie. Par contre, il nous faut analyser ce phénomène puisque ce qui est dénoncé aujourd’hui comme étant la transhumance, a eu lieu hier dans notre pays sous la forme de l’empirisme politique. Et il y a des partis qui, aujourd’hui, sont en train de tirer sur tout alors qu’ils ont gouverné avec tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Ils ont gouverné avec Abdou Diouf, avec Abdoulaye Wade et ils gouvernent aujourd’hui avec Macky Sall.

N’est-il pas temps pour le président de la République, d’opérer un tri et de bien sélectionner les alliés avec qui il peut cheminer?

Le président de la République est le produit d’une dynamique politique. Ce qui est Bby aujourd’hui a été initié en 2009. Nous sommes issus de cette dynamique. Et aujourd’hui la cohérence et la conséquence pratique de ce dispositif de regroupement de l’opposition depuis 2009, c’est d’aller à la conquête ensemble et de gouverner ensemble. C’est ce que le président de la République s’efforce de faire. Par contre, dans une alliance, il y a un principe premier : si on manque de loyauté, on ne peut pas être un membre déterminant de l’alliance. Si on manque de solidarité, on n’est pas dans la logique de l’alliance et si on intente des procès en sorcellerie, on fait tout mais on ne consolide absolument pas l’alliance.

N’appartient-il pas alors au président Macky Sall de prendre ses responsabilités dans ce sens ?

C’est à eux qui souhaitent exprimer une autre position, qui ne se sentent pas en cohérence dans leurs choix, en cohérence avec leurs convictions, de prendre leurs responsabilités. Ça, c’est une question de liberté que tous les partis alliés clament haut et fort. Mais il n’appartient pas au président de la République d’exclure qui que ce soit. C’est à chacun, selon sa conviction et sa conscience, de choisir son camp.

Macky Sall, en son temps, avait dénoncé la transhumance politique. Est-ce qu’il a toujours la même perception du phénomène ?

Sa perception de ce phénomène n’a pas changé. Il est dans la posture du président de la République, c'est-à-dire, la posture de celui qui a besoin d’avoir une base sociale large pour faire aboutir les réformes dont notre pays a besoin. Ça, on ne peut le lui reprocher. Il est dans son rôle de chef d’Etat en essayant de rassembler toute la famille. Il est également dans son rôle en essayant de donner des garanties qu’il ne recycle pas des hommes et des femmes qui ont maille à partir avec la justice sénégalaise, qu’il n’est pas là pour donner abris et protection à des hommes qui devraient rendre compte, mais il est là pour mobiliser les intelligences, l’expertise et les ressources au service du développement du pays. Hors de cette préoccupation, le président de la République n’a pas varié dans sa conception de la politique.

Le directeur de cabinet du ministre Khoudia Mbaye, en l’occurrence Moussa Sarr, a été limogé à la suite de critiques formulées à l’encontre du chef de l’Etat. Qu’en pensez-vous ?

C’est le ministre qui a la liberté de choisir son directeur de cabinet. Et je voudrais rappeler que même pour la nomination d’un directeur de cabinet, ce n’est pas l’affaire du président de la République. C’est le ministre lui-même qui estime que les conditions de la confiance, de la loyauté, de l’efficacité, de l’expertise et de la compétence sont bien là. Un directeur de cabinet, c’est celui à qui vous ouvrez votre ventre, vous lui dites tout. Si vous n’êtes plus en confiance, il vous revient de prendre les décisions. Mais en fait, je n’en sais pas davantage.

Le président de la République s’était engagé en tant que candidat à réduire le mandat présidentiel de deux ans. Trois ans après l’exercice du pouvoir, son discours sur la question semble mitigé. Est-ce qu’il est toujours dans les dispositions de respecter cet engagement ?

Le président de la République est un homme d’engagement. Son engagement reste intact. Maintenant on va apporter de la confusion quand on voudra mettre d’un côté l’engagement personnel du président de la République et de l’autre côté des positions ou d’autres considérations. Jusqu’à plus ample informé, c’est cela la position du chef de l’Etat, il a fixé un cap où ce sera peut-être le temps de donner corps et forme à cet engagement. Pour l’instant, il est plus utile de travailler à mettre en œuvre les projets qu’attendent les Sénégalais plutôt qu’à spéculer sur des questions politiques qui auraient tendance à croire qu’il est dans une logique de wax waxeet. Le président Macky Sall n’est pas un homme de wax waxeet. Il a le sens de la parole donnée et il sait ce que vaut une parole dans notre pays.

Mais est-ce que des démarches sont entreprises pour la tenue à date échue du référendum?

Il ne faut pas se presser. Le cap qui est donné, c’est 2016. Il reste un délai d’un an. D’ici à là, on aura largement le temps de consulter les experts, de voir quel est le chemin le plus conforme à la loi puisque ce n’est pas une affaire simple.

Le président de la République a récemment dénoncé des failles dans la communication gouvernementale. Est-ce que des correctifs sont apportés dans ce sens ?

Le président n’a pas déploré des failles, il a fait un constat sans équivoque. Nous sommes tous appelés en tant qu’acteurs servant dans l’une ou l’autre plate-forme de la majorité présidentielle, pour ce qui nous concerne dans le cadre du parti, pour ceux qui prennent en charge ce volet dans le cadre du gouvernement et dans l’espace présidentiel, d’avoir des procédures plus harmonisées et de lui proposer des solutions. Pour ce qui nous concerne dans le cadre du parti, nous sommes en train de prendre des dispositions pour maîtriser davantage l’information et la partager. Souvent, les gens parlent sans avoir l’information. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour renforcer la coordination et le processus décisionnel. Ce qui manque le plus à notre communication, c’est son monitoring, c'est-à-dire définir des objectifs de communication, mettre en place les procédures par lesquelles on délivre les messages et ensuite évaluer pour voir comment on a atteint ou pas nos objectifs.

Les mêmes problèmes de communication persistent avec la cacophonie notée entre le Directeur des Sénégalais de l’extérieur et le secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur qui avancent, chacun de son côté, des chiffres sur le drame de la Méditerranée.

La guerre des chiffres n’a aujourd’hui aucun intérêt. Ce qui est important, c’est de savoir l’amplitude du drame et de mettre en place les mécanismes qui permettent d’y apporter des solutions. Ce qui est essentiel et ce qui a été fait par le gouvernement, c’est de suivre cette affaire à travers un comité de crise qui permet d’être en dialogue avec les autorités des pays concernés et de pouvoir identifier en tout cas le nombre de compatriotes concernés par ce drame qui est insupportable. Il y a besoin d’harmoniser.

Quelle est la part de responsabilité de l’Etat dans le drame de l’immigration clandestine ?

L’Etat a une responsabilité au titre des solutions qu’il doit apporter. Et le projet de l’Etat, c’est de dire ni Barça ni Barçax mais Took teeki. Ce que nous sommes en train de faire pour donner de l’emploi aux jeunes, pour faire du Sénégal un pays où il fait bon vivre, pour ouvrir des opportunités à tous les jeunes, participer à la solution. Nonobstant maintenant l’obligation qu’a l’Etat d’avoir des relations avec les pays d’accueil. L’immigration est toujours une aventure individuelle et personnelle. Mais il faut renforcer le niveau de sécurité dans nos territoires.
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