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Mamadou Ndoye (secrétaire général de la LD): ‘’Si l’Apr n’apprécie pas notre position sur la transhumance, c’est son problème’’
Publié le lundi 4 mai 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Des acteurs invitent à intégrer les nouveaux défis dans l`éducation nationale
Dakar, le 9 Avril 2015 - Des acteurs ont appelé à intégrer les nouveaux défis dans le système éducatif sénégalais. C`était au cours d`un panel organisé en prélude du 7e congrès ordinaire de l`Union démocratique des enseignantes et enseignants du Sénégal (UDEN), prévu vendredi et samedi. Photo: Mamadou Ndoye, ancien ministre de l`éducation et SG de la LD




L’homme ne fait pas dans la langue de bois. Lui, c’est Mamadou Ndoye. Dans cet entretien accordé à EnQuête, ‘’Mendoza’’ qui estime que les changements attendus par le peuple sénégalais n’ont pas encore eu lieu, invite ses alliés du pouvoir à continuer de travailler au lieu de se lancer dans une campagne électorale. Sans détour, il nie toute connexion des forces de la gauche avec Khalifa Sall.



La situation nationale reste dominée par le débat sur la transhumance politique. Comment appréciez-vous ce phénomène ?

D’abord, il faut être clair sur ce qu’on appelle la transhumance. La transhumance, ce n’est pas changer de parti. On peut changer de parti sans être transhumant. Donc ce serait faire une confusion que de dire changer de parti, c’est être un transhumant. La transhumance politique comme le président de la République l’a dit avec une analogie, c’est aller chercher des pâturages verts. Or dans des pays tels que les nôtres, les pâturages verts sont bien fixés et se trouvent au niveau de l’exercice du pouvoir politique. Donc ce sont ces politiciens alimentaires qui changent de camp pour aller s’alimenter au pouvoir qu’on appelle des transhumants. Mais changer de parti simplement ne veut pas dire être un transhumant.

Mais il se trouve que du point de vue pas simplement de l’éthique, mais même du point de vue de la gouvernance politique, tant qu’on continuera à travailler de cette façon, on n’aura pas une gouvernance démocratique au Sénégal. Parce que ce sont des acteurs politiques qui ne sont intéressés par rien d’autre que par leurs intérêts personnels, qui vont se trouver toujours au niveau du pouvoir en tant que parasites et non en tant qu’acteurs de la construction nationale. C’est pourquoi ce phénomène a été combattu et dénoncé par tous ceux qui ont à cœur la construction du pays. C’est dans ce cadre-là que la transhumance est combattue. Et de ce point de vue, comme certains l’ont fait remarquer, nous ne sommes pas les seuls à être contre la transhumance. Il y a d’autres forces politiques qui sont contre la transhumance. Le président de la République aussi, la presse l’a rappelé, dans le passé, était contre la transhumance.

Pourtant, le Chef de l’Etat a fait récemment, lors d’un entretien à Kaffrine avec des journalistes, l’apologie de la transhumance. Cela ne pose-t-il pas problème ?

Nous avons dit ce qu’on en pensait en tant que parti politique. Encore une fois, nous ne sommes pas d’accord avec cet acte posé par le président de la République. Ce type d’appel, parce qu’il s’agit d’un appel à la transhumance, n’est pas conforme aux attentes que les Sénégalais ont par rapport à cette deuxième alternance. Puisqu’il y a eu des pratiques politiques dans ce pays qui ont été condamnées d’abord à la fin du règne d’Abdou Diouf et ensuite sous le magistère de Me Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, Macky Sall devrait tirer les leçons de cela. Faire l’apologie de la transhumance dans l’exercice politique du pouvoir est contre-productif même du point de vue électoral. Parce qu’il ne faut pas confondre classe politique et électorat. On peut gagner en classe politique en perdant au niveau électoral parce que justement l’électorat se détourne de cette classe politique et devient même indigné par rapport à cette classe politique. Et notre devoir pour nous, en tant que membre de la majorité présidentielle, c’est quand le président pose un acte comme ça (apologie de la transhumance), de lui dire que cet acte n’est pas bon et ce n’est pas dans cette voie qu’il faut s’engager. C’est ce que nous lui avons dit de manière claire.

Mais vos alliés de l’Apr ne semblent pas apprécier votre position par rapport à cette question ?

C’est leur problème. (C’est leur problème (il se répète)).

A propos du président de la République, on a noté chez lui un changement subtil de discours sur la question de la réduction du mandat présidentiel. Pensez-vous qu’il est dans les dispositions de respecter cet engagement ?

D’abord je dois préciser qu’en ce qui me concerne, ce n’est pas la personne du président de la République qui aujourd’hui, reçoit une appréciation de ma part ou de la part de mon parti. Ce sont les gestes politiques qui sont posés. Nous, nous nous prononçons sur les gestes politiques et en ce qui concerne le geste politique, ce que nous lui demandons très clairement, c’est de respecter l’engagement qu’il a pris devant le peuple. Personne ne l’a obligé à prendre un tel engagement. Nous voulons qu’il soit un homme de parole et nous souhaitons qu’il respecte sa parole telle qu’il l’a donnée au peuple sénégalais.

Selon vous, par quel moyen le président de la République peut-il aujourd’hui matérialiser cette volonté de réduire son mandat ?

Je ne souhaite pas me lancer dans une discussion technique. Je ne suis pas un juriste pour me lancer dans une discussion technique.

Mais le débat sur les modalités de cette réduction se pose ?

Les modalités pour moi, c’est très clair, il faut un référendum. Il faut poser cela dans la nouvelle constitution qui doit raccourcir le mandat du président et le peuple doit se prononcer.

Qu’en est-il des conclusions des Assises nationales qui dorment toujours dans les tiroirs ?

Les conclusions des Assises nationales, pour ce qui nous concerne, nous y sommes et nous nous battons pour leur application. C’est pourquoi, lorsque nous avons, avec nos camarades des forces de gauche, mis en place la confédération, nous avons mis comme plate-forme minimale les conclusions des Assises nationales. Nous défendons encore aujourd’hui, les conclusions des Assises nationales.

Est-ce que le président de la République Macky Sall défend les conclusions des Assises nationales autant que vous autres partis de gauche ?

Je ne sais pas s’il le défend autant que nous ou pas, ce que je l’ai entendu dire, c’est qu’il n’avait pas signé les Assises nationales. Ce que nous, nous retenons, c’est qu’il s’était bien engagé en ce qui concerne les Assises nationales.

Mais est-ce que cette nouvelle posture adoptée ne vous pose pas de problème ?

Ah non ! Ça ne nous pose aucun problème. Nous, nous continuons à penser aujourd’hui que les Assises nationales sont la base de la construction du pays et nous allons continuer à le penser. Lui, s’il pense autre chose, il le pensera.

Avec d’autres forces de gauche, vous avez récemment mis en place une confédération. N’êtes-vous pas en train de vous préparer à une conquête du pouvoir ?

Ce que nous avons dit clairement, c’est que nous, nous sommes des forces de transformation sociale. Ce que nous voulons et ce qui fait que nous militons depuis notre jeunesse, c’est pour que le Sénégal se transforme socialement, économiquement et politiquement.

Politiquement, nous voulons avancer vers un Etat de droit, un véritable Etat de droit avec une séparation des pouvoirs telle qu’aujourd’hui la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) l’a proposé dans une nouvelle constitution. Nous sommes totalement pour cette avancée du point de vue politique. Nous sommes aussi, du point de vue de la gouvernance, pour une avancée dans le sens de la Charte de gouvernance démocratique adoptée lors des Assises nationales. Cela reste notre référence. Sur le plan économique, nous sommes pour l’accélération de la croissance économique donc plus de prospérité pour le pays et que cette prospérité soit mieux partagée par les citoyens. Voilà ce pour quoi nous nous battons. Et nous expliquons à certains qui nous disent : vous êtes des faiseurs de roi. Nous leur expliquons qu’ils ne comprennent pas notre engagement militant.

Mais quel est donc votre engagement militant ?

Notre engagement militant, ce n’est pas seulement l’exercice d’un pouvoir politique. Même si nous ne sommes pas avec le pouvoir, nous nous battons pour que ces transformations aient lieu. S’il y a la liberté syndicale dans ce pays, c’est parce que nos camarades attachés aux forces de progrès et aux forces de démocratie se sont battus, sont allés en prison pour qu’aujourd’hui chacun ait la liberté de créer un syndicat. Du temps du parti unique de Senghor, on n’osait même pas créer un syndicat. C’était l’époque de la participation responsable. C’est nous qui avons créé des syndicats, c’est nous qui avons été renvoyés de nos lieu de travail, c’est nous qui avons été mis en prison pour cela. Et aujourd’hui si les gens peuvent se prévaloir de cette liberté, en partie ils nous le doivent. La liberté de la presse pour vous journalistes, c’est exactement la même chose.

Il y a un moment où personne n’avait le droit de créer des journaux ou de créer autre chose. Nous nous sommes battus, nous avons distribué des tracts clandestinement. Surtout pendant la nuit, nous avons été en prison pour cela, pour qu’aujourd’hui les gens aient le droit de créer librement leurs organes de presse. Donc voilà ce qui est notre satisfaction du point de vue de la lutte politique. Nous nous sommes battus sur tous les fronts pour que les syndicats aient des meilleures conditions d’emploi et de travail. Voilà le sens de notre militantisme.

Est-ce à dire que vous n’êtes pas intéressé par la conquête du pouvoir en tant que parti politique ?

La conquête du pouvoir politique, pour nous signifie, accélérer les transformations pour lesquelles nous nous battons. Nous ne sommes pas comme les autres qui viennent prendre le pouvoir politique pour en jouir. Il faut que les gens nous distinguent des partis traditionnels, nous n’avons pas la même conception de la mission politique des partis. Pour nous, le plus important, c’est de continuer le travail que nous faisons y compris dans l’opposition.

Vous avez mis en place une confédération dans laquelle vous invitez d’autres formations de Bby. La Ld n’est-elle pas en train de créer les conditions d’aller à la conquête du pouvoir aux prochaines joutes électorales ?

Il y a deux choses qu’il faut retenir. La première, c’est : qu’y a-t-il de plus normal que des gens qui ont la même sensibilité politique, le même projet politique, qui étaient dispersés dans le passé, essayent de se rassembler et de mutualiser leurs forces ? C’est ce que nous sommes en train de faire avec la confédération. Ça, c’est une chose. Une deuxième chose, c’est qu’en tant que membre de la majorité présidentielle, nous voulons que cette coalition réussisse conformément aux attentes du peuple sénégalais. Sur la base d’un mandat de cinq ans, il y a trois qui viennent d’être accomplis et il reste deux. Donc il faut continuer à travailler au lieu de se lancer dans une campagne électorale prématurée.

Quand vous appelez des forces de Bby à venir adhérer à la confédération des forces de gauche, n’êtes-vous pas en train de pêcher dans la mouvance présidentielle ?

Notre plate-forme, ce sont les Assises nationales. Et donc toutes les forces qui adhèrent aux Assises nationales, nous devons les regrouper autour de cette plate-forme et donc nous les appelons à venir travailler avec nous. Tous ceux qui croient encore que les Assises nationales constituent la base solide de la plate-forme minimale pour la construction du Sénégal doivent être ensemble. Mais cela ne signifie pas que tous les partis de la coalition Bby doivent venir nous rejoindre dans notre confédération.

Est-ce que la Ld compte présenter un candidat en 2017 ?

Pour le moment, on n’a pas encore discuté de candidat. On n’en a pas discuté. Pour nous, ce n’est pas l’heure de discuter de candidature. Il faut terminer le travail. Les gens ont été élus pour répondre à des attentes de changement. Ces changements ne sont pas encore réalisés, prenons les deux ans qui nous restent pour concrétiser ces changements au lieu de parler dès maintenant de candidature et d’ouvrir des luttes qui vont empêcher d’achever le travail.

Certains soupçonnent un rapprochement des forces de gauche avec Khalifa Sall. Qu’en pensez-vous ?

Je ne peux pas dire s’il existe d’autres formes de rencontres. Ce que je peux dire très clairement, c’est que la confédération n’a jamais rencontré Khalifa Sall.

Globalement, comment appréciez-vous la gestion du président Sall ?

Nous n’avons pas d’appréciation globale. C’est quand nous l’aurons que nous prendrons justement position. Nous ne l’avons pas. Pour le moment, nous sommes dans la majorité, et si le président fait un bon geste, nous le soutenons et ferons tout pour que les choses avancent. Par contre, s’il pose un acte qui nous paraît contraire aux orientations que nous avons données à la deuxième alternance, nous disons non, ne prenez pas cette direction. Et c’est ce que nous avons fait lorsqu’il a fait l’apologie de la transhumance. Et c’est également ce que nous avons fait quand nous avons commencé à voir des prémices d’une immixtion familiale dans la gestion du pays, alors que nous avons combattu et condamné une telle pratique du temps d’Abdoulaye Wade.

De plus en plus, on voit la Ld beaucoup plus critique que d’habitude. Qu’est ce qui explique ce changement ?

C'est-à-dire, vous voyez la Ld plus critique, quelquefois plus silencieuse, parfois etc. Ce n’est pas notre problème. Nous sommes membres de la majorité présidentielle, ce qui est bon, nous l’applaudissons, ce qui ne paraît pas bon, nous disons : ne vous engagez pas là-dessus. C’est ce que nous faisons depuis le début.

Mais où est le Pr Abdoulaye Bathily ? On ne le voit plus.

On ne le voit plus parce qu’il a une nouvelle mission. Il est maintenant aux Nations unies et il a une mission de paix en Afrique centrale. Il est là-bas, c’est là-bas où il travaille.

On ne le sent plus dans la politique ?

Vous n’avez pas à le sentir. D’abord il est fonctionnaire des Nations unies, il ne peut plus être là dans la politique parce que quand on est fonctionnaire des Nations unies, on ne peut plus être dans la politique. Deuxièmement, il est éloigné parce qu’il ne travaille plus au Sénégal.
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