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Pour un rapport incomplet à Banjul : Dakar sous le feu des critiques
Publié le vendredi 1 mai 2015  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DF
Le ministre de la justice s`exprime sur la condamnation de Karim Wade par la CREI
Dakar, le 23 mars 2015 - Le ministre de la justice, Garde des sceaux, Sidiki Kaba a tenu une conférence de presse pour aborder la décision rendue par la Cour de répression de l`enrichissement illicite sur le dossier Karim Wade.




En oubliant de mettre dans son rapport présenté hier devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (Cadhd) la Crei, l’usage de l’Article 80 et la crise en Casamance, le Sénégal a subi des «remontrances» de la Cadhd, qui dit ne pas comprendre cette omission «volontaire». Elle lui a demandé des explications sur ces points.

L’affaire Karim Wade traverse la frontière sénégalo-gambienne pour se retrouver sur le prétoire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (Cadhp). La plupart des commissaires n’ont pas dissimulé leur étonnement sur le «blackout total» du rapport sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), qui a condamné le fils de l’ex-chef de l’Etat à 6 ans de prison ferme pour enrichissement illicite.

Fadel Maya, commissaire aux droits de l’Homme chargée du Sénégal, affiche son étonnement : «La Crei qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive n’a pas été citée dans votre rapport. On nous a rapporté qu’elle serait illégale et qu’elle a été ressuscitée pour juste faire le procès de Karim Wade dans le cadre de la saga de la traque des biens mal acquis. Va-t-elle poursuivre avec la mise en place de nouveaux mécanismes de lutte contre la corruption (Ofnac)?» Très embarrassée, elle poursuit : «Que le procès de Karim Wade ne soit pas juste un procès de circonstances !»
En écho, le commissaire chargé des industries extractives au sein de la Cadhp regrette que la délégation passe sous silence cette affaire : «On nous dit que le procès de Karim Wade ne respecterait pas l’équité procédurale et que la Crei est illégale. Il nous faut apporter des précisions sur ces questions.»

Usage de l’Article 80 et protection des exilés gambiens
Mais l’affaire Karim Wade n’a pas éclipsé les autres sujets d’actualité qui rythment la vie politique sénégalaise. L’Article 80 a été au cœur des interventions des autorités de la Cadhp. Me Pansy Tlakula, rapporteur spécial sur la liberté d’expression et l‘accès à l’information en Afrique, dénonce l’usage des lois liberticides (Articles 80 et 189 du Code pénal) pour emprisonner des hommes politiques sur la base «de diffamation et d’outrage au chef de l’Etat». «Nous regrettons que de telles lois soient encore utilisées pour mettre en prison des hommes politiques comme Samuel Sarr, Me El hadji Amadou Sall par exemple. Pourtant, le Sénégal s’était engagé à abroger ces lois et à dépénaliser les délits de diffamation, de diffusion de fausses nouvelles et des délits de presse. En plus, le Sénégal n’a toujours pas voté la loi type sur le droit à l’information adoptée par la Cadhp», fait remarquer Me Tlakula.
Aussi, la persistance de la crise en Casamance est-elle revenue dans les préoccupations. Pour la Cadhp, le plan de relance économique de la région n’a pas permis d’avoir les résultats escomptés. Mais la tournée économique, dit-elle, a permis de rallumer la flamme de l’espoir. Cet espoir s’accompagne aussi de la résolution du phénomène des enfants de la rue et des talibés qui donnent une image hideuse du Sénégal.
L’autre affaire est aussi la demande de protection formulée à l’endroit des exilés gambiens au Sénégal. Ces questions, volontairement zappées par la délégation, a obscurci les autres questions qui ont reçu les félicitations de la commission. Il s’agit de la parité, le renforcement de l’arsenal répressif sur le viol, l’inceste, la gratuité de la césarienne, la tolérance religieuse.

L’absence remarquée de Me Kaba
Il était attendu pour diriger la délégation sénégalaise. Mais l’absence de Me Sidiki Kaba, ministre de la Justice, a été remarquée par les membres de la commission. «Me Kaba aurait pu nous faire honneur en dirigeant la délégation sénégalaise après son combat pour le développement des droits humains», remarque Me Soyata Maïga, rapporteur sur les droits des femmes.

Dans les coulisses, les organisations de défense de droits de l’Homme espéraient aussi le retrouver. Selon elles, il débarquait à Banjul comme un «seigneur», alors qu’il dirigeait la Fédération internationale des droits de l’Homme (Fidh).
Mais certaines expliquent cette absence par les violations de certains droits comme la marche, l’arrestation de certains hommes au Sénégal où il dirige le ministère de la Justice. Cette situation l’aurait embarrassé devant ses anciens collaborateurs. Il faut savoir que le Sénégal fait partie de l’un des très rares pays à envoyer une délégation sans la présence d’un ministre. Même s’il y avait hier à Banjul l’ambassadeur Cheikh Tidiane Thiam, qui a présenté le rapport, le chef de la Diplomatie sénégalaise en Gambie, Saliou Ndiaye, le directeur des Droits humains, le directeur des Libertés publiques, le directeur de la Bonne gouvernance, entre autres.
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