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Les syndicalistes à la sortie du chef de l’Etat : «Le Président est mal informé»
Publié le vendredi 24 avril 2015  |  Le Quotidien
élève
© Autre presse par DR
élève dans une école primaire de la ville de Dahra




La désapprobation des diatribes du chef de l’Etat à leur encontre est la réaction la mieux partagée chez les membres du Grand cadre des syndicats d’enseignants. Ces derniers estiment que le chef de l’Etat est abusé par ceux qui l’informent de la réalité de la plateforme des enseignants. D’où l’invite qu’ils lui ont faite de prendre correctement en charge leurs revendications et de travailler à leur satisfaction.

La sortie du Président Macky Sall, ce mardi, contre les syndicalistes enseignants, est loin de plaire à ces derniers. Coordonnateur du Grand cadre des syndicats d’enseignants, Mamadou Lamine Dianté regrette d’emblée «certains propos tenus par le président de la République à l’endroit d’honnêtes citoyens (les enseignants), qui n’ont comme seul tort de revendiquer leurs droits». «Pour des faiseurs de conscience dans ce pays que sont les enseignants, il est vraiment mal venu que des propos du genre «preneurs d’otages» leur soient adressés par le premier des Sénégalais», constate Dianté.

«Nous ne sommes pas des terroristes, encore moins des criminels»
Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) embouche la même trompette. Souleymane Diallo ne dit pas autre chose : «C’est regrettable que le président de la République puisse considérer des enseignants à qui l’Etat a confié l’éducation des enfants comme «des preneurs d’otages»». Sur le même tempo, Oumar Waly Zoumarou, secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Originel (Sels/O), dira : «Nous ne sommes pas des terroristes, encore moins des criminels comme il (Macky Sall) a eu à nous qualifier quand il n’était pas encore président de la République, en 2007 lorsqu’on réclamait l’indemnité de recherche et de documentation (Ird).» «On a des souvenirs de ses mots», tient à rappeler Zoumarou.
Diallo ne manque pas de s’ériger en conseiller pour le chef de l’Etat : «Nous considérons que lorsqu’une crise s’aggrave dans un secteur aussi sensible et important que l’éducation, le président de la République se doit de recevoir les acteurs, en l’occurrence les syndicats d’enseignants pour disposer des bonnes informations et en tant que président de la République, essayer de trouver des solutions, là où le gouvernement a atteint ses limites objectives.» Appelant le Président Macky Sall «à la sérénité», le leader du Sels/O attire l’attention de ce dernier sur la gravité de la situation.

«Le Président est mal informé»
La sortie présidentielle, indique M. Dianté, «a meurtri les enseignants et ne facilite pas la tâche à nous autres d’amener les enseignants à répondre favorablement à l’appel du Président». Suffisant alors pour Souleymane Diallo du Sels de se convaincre que «le président de la République est mal informé de la situation réelle des revendications des enseignants». «Il a été abusé par ceux qui l’informent sur la situation de l’école et la grève des enseignants. Parce que le gouvernement sait que sur les 10 points d’accord qui le lient au Grand cadre, aucun n’a fait l’objet de matérialisation. D’autant que les membres du gouvernement parlent d’avancées significatives et non d’accords respectés», enfonce Dianté.
Mais, le coordonnateur du Grand cadre, quant à lui, ne peut s’empêcher de «comprendre» que le chef de l’Etat «a peut-être parlé sous le coup de l’émotion». «Et cela n’entame en rien notre sensibilité en tant que citoyen à l’appel qu’il vient de lancer», souligne-t-il. Mamadou L. Dianté impute, néanmoins, la situation actuelle de crise à la partie étatique. «Au lieu de prendre en charge correctement les préoccupations des enseignants, le gouvernement a préféré s’adonner à une politique de pourrissement», dénonce-t-il. D’où son invite : «Nous appelons Monsieur le président de la République à donner des instructions à son gouvernement de donner des réponses satisfaisantes aux enseignants dans le sens d’arrêter la grève dans les meilleurs délais. Et qu’à son tour, il se porte garant de tous les engagements pris par son gouvernement.» Zoumarou ne rame presque pas à contre courtant de l’appel de Dianté : «Nous demandons et exigeons que des négociations sérieuses soient ouvertes ; que le gouvernement apporte des réponses par rapport aux revendications posées par les enseignants.»

Année blanche : «Une catastrophe dont il faut épargner le Sénégal»
Les syndicalistes enseignants ne militent pas pour une année blanche. Cela transparaît en tout cas dans leurs propos. Il en est ainsi quand M. Dianté lâche : «Notre conviction est que c’est (l’année blanche) une catastrophe dont il faut épargner le Sénégal. Et, ce n’est pas le moment de faire un renversement de la charge sur les enseignants, qui ne sont pas allés en grève pour provoquer l’année blanche et qui ne sauraient la décréter.» Souleymane Diallo du Sels d’appuyer, à son tour : «Nous ne travaillons pas pour une année blanche, nous sommes des patriotes.» «On ne peut pas comme ça, par de simples mots, dire que l’année sera blanche. C’est un comportement positif, qui peut prévenir l’année blanche et non un discours guerrier. Aujourd’hui, pour sauver l’année, il faut qu’ils (le Président Macky Sall et son gouvernement) fassent plus», lance Omar Waly Zoumarou à l’endroit du chef de l’Etat. Et d’avertir ce dernier : «Nous nous battons pour des revendications légitimes. Aujourd’hui, rien ni personne ne peut nous arrêter par des menaces. Nous sommes suffisamment responsables et expérimentés pour ne pas céder aux menaces à peine voilées du Président Sall et de son équipe.»
Souleymane Diallo va même préconiser : «Nous demandons à Monsieur le président de la République de recevoir les syndicats d’enseignants pour trouver une solution à la crise actuelle. Nous aurions souhaité que le Président dise aux enseignants face à face ce qu’il pense, au lieu de le faire devant les Centrales syndicales. Nous lui lançons un appel solennel pour qu’il reçoive les syndicats d’enseignants afin qu’on parvienne à une issue heureuse pour que l’école retrouve la paix et la stabilité.»

Serigne Mbaye Thiam, le «facteur de blocage»
Le ministre de l’Education nationale n’a pas actuellement bonne presse chez les syndicalistes enseignants du Grand cadre. Souleymane Diallo du Sels considère que Serigne Mbaye Thiam «doit arrêter de mettre de l’huile sur le feu». Puisque ses «sorties malheureuses ne font qu’aggraver la situation actuelle (crise scolaire)». «Il doit se taire et laisser à Monsieur le président de la République trouver des solutions à la crise. Car, Serigne Mbaye Thiam est devenu un facteur de blocage pour le retour de la paix (à l’école)», soutient Diallo. Son camarade Oumar Waly Zoumarou du Sels/O de renseigner aussi : «Nous avons vu le ministre de l’Education nationale proférer des menaces à l’encontre des enseignants.»
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