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Délégation ministérielle chez les Cantacun: La République fait allégeance à Béthio
Publié le mardi 21 avril 2015  |  Walf Fadjri L’Aurore
Cheikh
© Autre presse par DR
Cheikh Béthio Thioune officialise sa rupture avec Abdoulaye Wade




C’est une forte délégation composée d’au moins quatre membres du gouvernement que Macky Sall a envoyée, vendredi nuit, au grand rassemblement des Cantacun dont le guide est en attente d’un jugement devant la Cour d’assises. Preuve, pour beaucoup d’observateurs, que le chef de l’Etat a renié cette conviction forte qui lui faisait dire, en février 2012, qu’en République, il ne saurait y avoir de «statuts particuliers» pour les marabouts.



«Il n’existera pas de statut particulier pour les marabouts. Je le dis clairement.» Voilà ce que le candidat Macky Sall avait répondu à une journaliste qui, au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Terrou bi de Dakar, l’avait interpellé sur l’impunité et les privilèges dont ont toujours bénéficié certains marabouts sous le régime de Wade. Un «traitement de faveur» qui en avait, d’ailleurs, offusqué plus d’un Sénégalais. Nous sommes en fin février 2012, à quelques jours du second tour de la présidentielle qui doit l’opposer au candidat sortant, Abdoulaye Wade. Macky Sall est même allé plus loin. Puisqu’il avait ajouté : «Les marabouts sont des citoyens. Ils sont soumis aux lois comme tout le monde. Dans le domaine religieux privé, le marabout peut être l’autorité du Président en tant que chef spirituel. Mais dans la vie publique, il ne peut pas l’être. Nous sommes dans une République démocratique et laïque.» Mais, c’est cette «République démocratique et laïque» qui est allée faire allégeance à Cheikh Béthio Thioune vendredi nuit. Preuve que, obnubilé par un second mandat, l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor a fini de renier ses convictions d’hier. Pourtant, pour de nombreux observateurs, Macky Sall avait si bien commencé.

En effet, le 23 avril 2012, c’est-à-dire juste quelques semaines après l’installation du nouveau pouvoir, Cheikh Béthio Thioune est arrêté par la gendarmerie de Mbour et conduit devant le procureur de la République de Thiès. C’était le début de l’enquête sur le double meurtre de Madinatoul Salam, fief du Cheikh mouride. Un peu avant l’arrestation de Béthio, deux cadavres ont été ramassés à Madinatoul Salam suite aux affrontements violents entre disciples de Béthio Thioune. Affrontements au cours desquels, Bara Sow et Ababacar Diagne sont tués et enterrés nuitamment dans une fosse commune à plus d’un kilomètre du lieu du crime. Le marabout est arrêté et placé sous mandat de dépôt en même temps que 21 de ses disciples. Pour beaucoup, le régime de Macky Sall venait ainsi de sonner la fin de l’impunité au Sénégal. Poursuivi pour complicité, Béthio Thioune a été incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Thiès avant son transfèrement à Rebeuss. Ce n’est que le 4 février 2013 qu’il bénéficiera d’une liberté provisoire. D’ailleurs, il lui était interdit de tenir des rassemblements publics. Ayant obtenu, par la suite, un non-lieu total pour les chefs d’accusation de complicité de meurtres et actes de barbarie, Béthio Thioune a, toutefois, été renvoyé en Cours d’assises où il doit être jugé pour non dénonciation de crimes. Et, selon certaines sources judiciaires, le marabout doit se constituer prisonnier à l’approche du procès puisque l’on ne comparait pas libre en Cour d’assises.

C’est, donc, à ce même Béthio que Macky Sall a envoyé une délégation comprenant, entre autres, les ministres Abdoulaye Diouf Sarr, Mactar Ba, le ministre délégué Moustapha Diop, le secrétaire d’Etat Youssou Touré, les députés Awa Guèye, Moustapha Cissé Lô, Abdou Mbow… Autrement dit, ce sont des symboles de la République qui sont allés ramper chez Béthio Thioune. Le guide des Cantacun, lui-même, ne s’y trompe pas quand il dit qu’aucun chef d’Etat, avant Macky Sall, ne lui avait envoyé «une délégation si importante».

Par l’acte posé vendredi, Macky Sall espère sans doute pouvoir compter sur Béthio et ses «cinq millions de talibés» qui n’avaient pourtant pas pu empêcher la défaite de Wade en 2012. Mais ce qui s’est passé vendredi nuit va poser une question de taille : quel est le magistrat qui osera envoyer Béthio Thioune en prison en sachant qu’il a le soutien des plus hautes autorités du pays ? Question d’autant plus pertinente que de nombreuses personnalités considérées comme des délinquants financiers se pavanent dans les rues de Dakar sans être inquiétés par la justice. Leur arme de défense: une nouvelle proximité avec un chef d’Etat qui, plus que ses prédécesseurs, fait la promotion de la transhumance politique.
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