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Négociations gouvernement-enseignants : L’Etat fait l’école buissonnière
Publié le lundi 13 avril 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture d`un atelier de restitution de l`enquête d`évaluation des apprentissages
Dakar, le 2 mars 2015 - Le ministre de l`éducation nationale a présidé l`ouverture d`un atelier de deux jours de restitution de l`enquête d`évaluation des apprentissages. Photo: Serigne Mbaye Thiam, ministre de l`éducation nationale




La rencontre entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants prévue le samedi dernier n’a pas eu lieu. Le Grand cadre qui regroupe l’essentiel des syndicats d’enseignants a boycotté la réunion. Il accuse le gouvernement de manque de respect. Et maintient dans la foulée sa grève totale de 72 heures à partir de jeudi prochain.

La rencontre de samedi dernier était considérée comme celle de la dernière chance pour sauver l’école en proie depuis quelques mois à une grave crise. Les différents protagonistes semblaient mesurer cet enjeu. Tôt le matin, avant même l’heure de la rencontre, les représentants des différents syndicats d’enseignants, les médiateurs parlementaires et les membres du Conseil économique, social et environnemental (Cese) étaient déjà sur place. Par petits groupes, ils discutent, rient aux éclats avant de se retrouver dans la salle où devaient se tenir les négociations. Quelques minutes après le huis clos, coup de théâtre : Les enseignants sortent et dénoncent un manque de respect du gouvernement à leur endroit. «Nous allons boycotter la rencontre. Le gouvernement nous convoque à 10 heures et décide, lui, de venir à 13 heures. C’est un manque de respect notoire à l’endroit des syndicalistes que nous sommes. Mamadou Dianté va sortir pour faire une déclaration», s’empresse de dire Dame Mbodj s’adressant à la presse qui attendait dans le hall du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

S’ensuivent après un désordre indescriptible, des disputes d’abord entre certains responsables syndicaux. Souleymane Diallo, secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), n’étant apparemment pas satisfait de l’attitude de Mamadou Lamine Dianté qui, selon lui, devait quitter la salle en même temps que ses camarades. Puis, Diallo pique une colère noire et commence à déballer. «Nous avions dit que si le gouvernement ne venait pas, nous allions sortir immédiatement. Qu’est-ce qu’il fait dans la salle ? Il n’a qu’à sortir», s’emporte-t-il malgré les appels au calme de Dame Mbodj et de certains médiateurs, Momar Samb, et imam Mbaye Niang.
«Je n’ai pas de problème. On a décidé d’une chose avant la rencontre et je n’ai fait qu’appliquer ce qu’on a décidé», réplique-t-il. «Il a raison, Mamadou Dianté doit sortir de la salle», lance un autre enseignant. Après ce coup de colère, Dianté sort avec les médiateurs. Surpris par la réaction de son camarade, il demande à savoir ce qui s’est passé. Mis au courant, il minimise et tente de dédramatiser. «J’ai duré dans la salle, mais c’est juste pour remercier les médiateurs parce que jusqu’à hier, ils ont fait un excellent travail», se justifie-t-il.
Passé ce malentendu, les médiateurs entrent en scène. Ils voulaient dissuader les responsables syndicaux de ne pas bouder la rencontre. «Est-ce qu’on peut se voir ?», demande El Hadj Momar Samb à Mamadou Lamine Dianté. Avant même que ce dernier ne puisse répondre, un autre enseignant dans la foule lance ceci à Momar Samb. «De toute façon, nous n’allons pas revenir sur notre décision. C’est décidé, nous allons boycotter la rencontre.» «Je ne suis qu’un facilitateur. Je ne négocie pas à votre place. Je veux juste vous parler», insiste El Hadj Momar Samb, nerveux. Et imam Mbaye Niang de renchérir : «Accordez-nous une minute au moins. Restez, on va appeler le gouvernement. Il va venir tout de suite vous rejoindre. Ne partez pas», supplie presque imam Mbaye Niang.
Voyant que les carottes étaient cuites pour cette rencontre, imam Mbaye Niang fait dans la menace. «Si vous partez, je ne vais plus jouer le rôle de médiateur. Je vais retourner dans ma mosquée», indique-t-il. Les enseignants, très déterminés, ont maintenu le boycott et tenu leur déclaration devant la presse. «Le Grand cadre des syndicats d’enseignants, qui représente l’essentiel des syndicats représentatif des enseignants, n’a pas apprécié le format qui a été proposé parce qu’il y a un changement de programme. Nous avions reçu une convocation pour une rencontre entre le gouvernement et le Grand cadre des syndicats d’enseignants à 10 heures ce samedi, et nous avons informé notre base que nous allons rencontrer le gouvernement à 10 heures. Si nous venons rencontrer les médiateurs qui ont fait un excellent travail à la place du gouvernement, notre base allait considérer que nous sommes dans la manipulation et non dans un travail sérieux. C’est pourquoi en toute responsabilité, en l’absence du gouvernement, le Grand cadre a décidé de se retirer. Il y a un temps pour la médiation, un autre pour avoir les réponses du gouvernement ; nous attendons justement des réponses», déclare Dianté.

Grève totale mercredi, jeudi et vendredi prochains
Les enseignants réclament depuis quelques mois le respect du protocole d’accord du 17 février 2014, la fin des lenteurs administratives, entre autres. D’ailleurs, le Grand cadre a décidé de poursuivre son 5ème plan d’actions. Un débrayage est prévu mardi à 10 heures suivi d’une Assemblée générale, l’occasion pour ce regroupement d’organisations syndicales d’informer sa base sur ce qui s’est passé ce samedi. S’ensuivra une grève totale de trois jours, les mercredi 15, jeudi 16 et vendredi 17 avril sur l’étendue du territoire et du préscolaire au secondaire, annonce Mamadou Dianté.
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