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Guerre mystique à la veille des combats de lutte: La raison de la "bunkerisation" des fiefs des lutteurs
Publié le vendredi 3 avril 2015  |  Sud Quotidien
Lutte:
© aDakar.com par DF
Lutte: Ama Baldé fait chuter Malick Niang
Dakar, le 1 Juin 2014- Ama Baldé (Pikine) a battu Malick Niang (Yoff) lors d’un combat de lutte avec frappe, dimanche au stade Demba Diop de Dakar, lors du "Drapeau Malick Gackou". Photo: Ama Baldé, lutteur




Le Sénégal connait un nouveau phénomène de radicalisation sociale par la fermeture des quartiers des lutteurs à la veille des grands combats de lutte. Cette mesure radicale n’est pas sans entraîner des désagréments à la libre circulation des citoyens. Dans les écuries, elle est aussi source de conflits au point de plonger la banlieue dans des scènes de violence extrême. Le combat entre Balla Guèye 2 de Guédiawaye et Eumeu Sène de Pikine est loin d’être une exception. Il faut verrouiller son quartier pour éviter les coups mystiques.

C’est la vigilance qui est de mise à Guédiawaye, fief de Balla Guèye 2, et à Pikine chez Eumeu Sène. Les habitants des deux quartiers se sont « retranchés » pour éviter des percées mystiques venant du camp adverse. C’est une nouvelle pratique qui s’ajoute à l’atmosphère de l’arène sénégalaise. Au Sénégal, les combats de lutte ne sont plus la simple affaire des lutteurs, mais ils engagent leurs communautés respectives qui jouent leur partition par la « bunkerisation » de leur quartier. Et ce sont les jeunes en général qui prennent l’initiative pour empêcher aux adversaires de fouler le sol de leur territoire pour y verser une quelconque portion mystique qui pourrait atteindre leur champion.

C’est le cas à Guédiawaye où habite Balla Gaye 2, ancien roi déchu des arènes. Ce sont plusieurs dizaines de jeunes enfants adossés aux barrières rouges et blanches qui sécurisent l’accès à la maison du « Lion » de Guédiawaye. De gros bras sont assis en face de la maison et surveillent minutieusement les accès. De la route principale, on aperçoit un tas de sable immaculé de sang près d’un grand trou près duquel un bœuf semble avoir été immolé. Guédiawaye prépare son champion au combat du 5 avril prochain. Un jeune homme bien engagé refuse de parler du combat et nous demande de revenir après le combat car ils n’ont pas le droit de piper mot.

Il a tout de même expliqué que les lieux sont sécurisés pour éviter que des personnes de l’autre camp viennent déverser des portions mystiques qui peuvent atteindre leur lutteur. « Il en est toujours ainsi. Nous sécurisons la maison et la rue pour éviter qu’un intrus vienne déverser quelque chose ici », dit-il sous le couvert de l’anonymat. Au croisement de la rue menant à la maison de Balla Gaye 2, trois jeunes filles discutent et observent la maison avec un intérêt particulier. « Nous supportons Balla Gaye 2 et nous veillons à ce que personne ne puisse l’atteindre. Si nous voyons des personnes suspectes nous alertons automatiquement le comité de sécurité qui veille au grain », fait remarquer l’une d’entre elles.

C’est la même atmosphère à Pikine, fief d’Eumeu Sène. Les habitants veillent pour éviter que le camp de Balla Gaye 2, comme l’avait réussi celui de Modou Lo, ne puisse avoir accès au périmètre sacré de leur champion. « Ici nous appartient. Nous ne permettrons à personne d’y avoir accès », disent des jeunes. En interrogeant les habitants çà et là, on apprend que le champion Eumeu Sène réside à Mbao. Malgré tout, les fans sont sur la défensive.

En effet, cette pratique est récurrente dans l’arène depuis plusieurs années déjà. On se rappelle qu’une équipe de reportage de la Radio Futurs Médias avait été bloquée à Bassoul et son matériel confisqué à la veille d’un combat de Yékini, alors roi des arènes. Des membres du staff de Modou Lo en étaient venus aux mains avec celui d’Eumeu Sène alors qu’ils rôdaient dans leur fief à la veille de leur combat. La bagarre avait occasionné des blessures des deux camps.

Mais en réalité, au-delà même du cadre anti sportif de cette pratique confortée par les croyances mystiques de notre société, c’est la liberté de circulation des citoyens sénégalais qui est remise en question. Un phénomène qui doit être revu par l’autorité.

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