Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article



 Titrologie



Le Soleil N° 13108 du 4/2/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Santé

Pr. Luc Montagnier, co-découvreur du vih : « La recherche doit se poursuivre, y compris avec les plantes médicinales »
Publié le mardi 4 fevrier 2014   |  Le Soleil


Le
© Autre presse par DR
Le Professeur Luc Montagnier


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le prix Nobel de médecine 2008 et co-découvreur du Vih/Sida, le professeur Luc Montagnier, soutient, au cours de cet entretien, que les recherches piétinent un peu. Toutefois, il exhorte la communauté scientifique à mettre l’accent sur les recherches axées sur les médicaments pouvant guérir les malades plus tôt que le vaccin.

Professeur, vous venez de visiter l’hôpital de médecine traditionnelle de Keur Massar. Peut-on s’attendre à des perspectives de collaboration avec votre laboratoire ?
Je voudrais tout d’abord apprécié les efforts qui sont en train d’être faits pour le développement du Sénégal. Ce n’est pas ma première visite dans ce pays. J’y suis déjà venu et je m’étais rendu à l’hôpital des lépreux et à l’Institut Pasteur. Et aujourd’hui, pour aller à Keur Massar, nous avons emprunté une autoroute moderne. En plus, il y a des constructions neuves et moins de bidonvilles. Pour revenir à la question, je suis impressionné de ce que j’ai vu dans cet hôpital. Les tradipraticiens, par l’oralité et avec peu de moyens, réussissent à conserver les savoirs sur les plantes médicinales. Ils ont du courage.
Le problème de la médecine traditionnelle, c’est évidemment de démontrer les effets à partir des extraits. Ce sont des mélanges de plantes peu stables. Et il faut une grande expérience pour savoir ce qui est toxique et ce qui ne l’est pas. Ils ont bien sûr cette science. Je pense qu’avec la phytothérapie et les laboratoires modernes, on peut déterminer très précisément les effets de ces plantes et extraits en dehors de ceux cliniques. Il s’agira essentiellement de la mesure de l’amélioration du patient au niveau clinique. Parce qu’il n’y a pas d’examens de laboratoire chez les tradipraticiens.

Pensez-vous qu’il est possible de réduire la charge virale avec ces plantes médicinales ?
C’est possible. Mais il faut faire des essais cliniques pour voir ce que cela donne. La trithérapie existe un peu partout actuellement. Elle améliore beaucoup l’état de santé des malades mais ne le guérit pas. On a besoin d’autres traitements complémentaires pour se débarrasser de l’infection due par le virus. Et pourquoi pas avec les plantes ?

Depuis la découverte du Vih/Sida, il n’y a pas encore de traitement qui permet de le guérir. Où en est-on avec les recherches ?
Justement, la recherche piétine un peu. On a la trithérapie. Mais les patients doivent prendre quotidiennement des médicaments et ce, jusqu’à la fin de leurs jours. C’est très lourd, surtout pour les malades qui sont en Afrique. Il faut trouver des moyens de traiter le patient de façon courte et définitive. Et pourquoi pas avec les extraits de plantes ?

Pouvez-vous nous dire un mot sur les recherches sur le vaccin ?
Beaucoup d’essais sur le vaccin ont échoué. Ce sont des échecs. Je pense qu’il faut mieux guérir les malades. Cela est plus facile que la découverte des vaccins. Aussi, il faut continuer les campagnes de prévention. Le Vih/Sida n’est pas une maladie contagieuse, il est transmissible. D’où la grande différence. Lorsqu’une personne a une maladie contagieuse, si je la touche, je peux avoir le virus. Ce n’est pas le cas du Sida. Mais c’est une maladie transmissible par le sang et par les contacts sexuels.

Selon vous, sur quels axes faudrait-il orienter la recherche ?
La recherche doit continuer pour guérir le Sida. C’est le but n°1, notamment en Afrique. En Afrique du Sud, 10 % de la population sont touchés par cette maladie. C’est énorme ! Il faut continuer la recherche sur les nouveaux moyens de traitements y compris avec les extraits de plantes.

Pouvez-vous partager les résultats de votre laboratoire ?
On essaie de trouver des cofacteurs d’infection du Vih/Sida. Je pense qu’avec eux, on pourra guérir la maladie.

L’Afrique est l’un des continents les plus touchés. Quel regard portez-vous sur sa façon de lutter contre le Vih/Sida ?
Beaucoup de pays africains ont compris l’importance de la lutte contre cette maladie. Et avec l’aide internationale, ils donnent un traitement gratuit à toutes les personnes déclarées. Le problème, c’est que tous les malades ne sont pas dépistés. Ils ne veulent pas savoir qu’ils sont infectés. Dès lors, ils continuent à transmettre le virus. Donc, les politiques de prévention doivent impérativement continuer. Il ne faut pas abandonner la stratégie de la prévention, malgré l’existence des médicaments qui améliorent l’état de santé des malades.
Les médias relaient souvent des cas de guérison. Je ne veux pas citer le malade de Berlin ou le bébé des Etats-Unis. Quelle est votre position par rapport à ces cas ?

Ce sont des cas assez spéciaux. Le malade de Berlin, c’est quelqu’un qui a reçu une greffe de moelle osseuse d’un donneur. Il avait une leucémie et le Sida. On lui a donné une greffe de moelle d’une personne. Il a pu résister au virus du Vih/Sida. Cela a marché. Mais c’est trop lourd. On ne peut pas faire la greffe de la moelle osseuse à tous les patients.

On dit souvent que le traitement avec les antirétroviraux réduit les risques de transmission. Qu’en pensez-vous ?
Bien sûr, cela agit sur la transmission. Le patient traité a moins de virus. Vous agissez sur l’épidémie. Mais je répète ce n’est pas rien. Le patient traité a encore des virus dans le sang.

Professeur, l’humanité vit une ère de perturbations climatiques qui ont des incidences sur la mutation des gènes, germes et vecteurs. Certains médicaments et protocoles de traitement ne seront-ils pas dépassés ?
Effectivement ! Les moustiques tendent à monter vers le nord à cause du réchauffement climatique. De ce fait, les maladies qui étaient uniquement tropicales apparaissent maintenant dans les pays tempérés. Donc, il faut être vigilent et que tout le monde soit alerté sur ce danger.
Propos recueillis par

 Commentaires