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Karim Wade condamné à six ans de prison ferme: Les effets d’un verdict anesthésiant
Publié le mercredi 25 mars 2015  |  Enquête Plus
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© Agence de Presse Africaine par EAG
Après le verdict de la CREI, désolation et déception chez les partisans de Karim Wade
Dakar, le 24 mars 2015 - Le verdict est tombé sur le procès Karim Wade. Le fils de l`ex président Abdoulaye Wade a é té condamné à 6 ans de prison. Verdict qui a crée désolation et quelques scènes de violences vite maitrisées.




Déterminés ! Surexcités ! Bien que parqués loin du palais de justice par les forces de l’ordre, les partisans de Karim Wade se sont montrés décidés pendant toute la journée. Mais l’annonce du verdict a eu l’effet d’un coup de massue. Le délibéré a vidé toute l’énergie que l’on croyait destructrice.



Au milieu de la foule en pleine discussion sur tout et rien, une voie s’élève brusque. 6 ans ! Teudj nagnouko 6 ans ! (on l’a condamné à 6 ans). A ces mots portés par des cordes vocales en bonne santé, la clameur monte au ciel. Un sentiment de déception gagne les partisans de Karim Wade qui, dès les premières heures du matin se sont regroupés à la gare routière Lat-Dior, en face du palais de justice, pour écouter le verdict. L’effet de la surprise impose à la masse un silence de quelques secondes. Puis le bruit reprend son droit. Nooon ! Ce n’est pas juste, s’exclame l’un d’eux.

Après un court instant accordé au juge Henri Grégoire Diop, les protestations commencent. Chacun y va du sien. ‘’Day yomb, sougnouko bayé-ni dey yomb’’ (ce sera trop facile si on le laisse comme ça), s’écrit un homme d’une trentaine d’années qui, visiblement, n’est pas venu seul. ‘’Allons-y, nous devons réagir’’, harangue-t-il. Il est suivi par une dizaine de personnes, pas plus. Une jeune dame fond en larmes. Le liquide de ses yeux coule sur sa joue, jusqu’à atteindre le menton. ‘’Pas besoin de pleurer, nous allons nous battre’’, lance une femme pour la réconforter. Quelques minutes plus tard, d’autres voix se font entendre au milieu du brouhaha pour appeler à la manifestation. Mais apparemment, la grande foule n’est pas prête à agir. Tout porte à croire que ce jour-là n’était pas un jour de manifestation. Les partisans de Wade et de son fils ne sont pas prêts à occuper la rue.

Est-ce parce que le secrétaire général du Pds avait appelé au calme ? Ou alors parce que le dispositif sécuritaire était rédhibitoire ? Le constat en tout cas est que près d’une demi-heure après le délibéré, les sympathisants de l’ancien ministre de l’Energie, des Infrastructures, du Transport aérien et de la Coopération internationale ont privilégié le combat verbal à l’affrontement physique. D’ailleurs, l’un d’eux va leur faire la remarque. ‘’Ce que vous faites n’a pas de sens. On doit aller se battre plutôt que de rester là à parler’’. N’empêche, certains avaient décidé de montrer leur courage…’’oral’’.

A cet instant, un jeune homme, mettant une culotte au-dessus d’un pantalon, s’approche de la barrière fixée par les forces de l’ordre pour toiser celles-ci du regard. ‘’Macky Sall est un esclave des Français. Wade les avait jetés dehors, il les a ramenés. Il a fait revenir les colons. Ce verdict a été dicté par les Toubab (Blancs)’’, lance-t-il aux policiers, alors qu’il est à trois mètres d’eux. Malgré cette proximité, on aurait dit qu’il s’adressait à un mur. Pas la moindre réaction de la part des hommes de tenue, même pas une expression dans le visage.

Une ambiance qui rappelle celle du début de journée. Avant même la levée du soleil, les partisans de Karim étaient déjà sur pied. Ils avaient pris d’assaut le palais de justice, devancés en cela par les forces de l’ordre. Un important dispositif sécuritaire avait quadrillé les lieux. Un peu après 8h, ceux qui n’avaient pas encore franchi les grilles n’avaient plus l’occasion de le faire, à moins d’avoir une fonction qui offre l’exception. Ils sont parqués loin du tribunal et seront repoussés plus loin encore au fil des minutes.

Ils n’auront pas le loisir de voir leur mentor Me Wade, arrivé à 9h sans trop de bruit. Cependant, même ceux qui avaient la chance d’avoir franchi les premières barrières vont buter sur d’autres obstacles auxquels ils ne s’attendaient pas. Vers 9h 30mn, les forces de l’ordre font sortir ceux qui étaient devant les portes d’entrée, avec l’espoir d’avoir accès aux locaux. Ils sont escortés et chassés loin des murs du tribunal.

Un agent de sécurité de proximité l’a échappé belle

Amadou Ameth Ndir est un responsable Pds du département de Rufisque. Il fait partie des éconduits. ‘’Ce n’est pas un procès public. Ils nous forcent à quitter alors que la salle n’est pas encore pleine. Ils ont trié les femmes et ont chassé les hommes. C’est de l’arbitraire’’, s’indigne-t-il avant de s’éloigner. De l’autre côté du mur, un vieux habillé en tenue traditionnellle proteste. ‘’Ils m’ont empêché d’entrer parce que soi-disant je porte des sandales. Ce sont des conneries. Qu’est-ce qu’ils veulent que je porte ?’’ demande-t-il les yeux fixés sur ses chaussures.

Retour à la gare Lat-Dior. Un incident s’est produit juste au moment où le jeune homme défiait la police, après l’annonce du verdict. Un pauvre agent de sécurité de proximité a eu la malchance de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. En un rien, il est entouré par des jeunes surexcités qui le qualifie de ‘’fils de Macky Sall’’. Et les insultes pleuvent sur lui. L’agent essaie de résister, mais il comprend très vite qu’il risque sa vie, car ces gens étaient manifestement prêts à faire de lui leur souffre-douleur. ‘’Qu’est-ce que ce fils de p… a à dire ? Na dee ! (tuez le)’’, s’écrit un homme qui, à l’instant, se dirige vers lui. La cible sera très vite conduite vers les éléments du GMI. Après un court échange avec eux, il change d’itinéraire et l’incident est clos.

Sitôt le cas de l’agent de sécurité de proximité évacué, les supporters de Karim Wade se souviennent à nouveau que le fils d’Abdoulaye Wade qu’ils étaient venus soutenir a été condamné à 6 ans de prison ferme assorti d’une amende de 138 milliards. L’apathie semble de plus en plus gagner la foule. ‘’Nous allons attendre Me Wade. Il va sortir bientôt et nous dire ce qu’on va faire’’, hurle une voix qui a du mal à se faire de l’écho. Petit à petit, l’ambiance s’éteint. Dans le calme, le lieu se vide de son monde. Destination…chez Wade.

‘’C’est Babacar Gaye, il cherche le buzz’’.

Quand un agent de sécurité reçoit des ordres, il les applique sans distinction. Babacar Gaye, le porte-parole du Pds, l’a appris hier à ses dépens. Il a eu un incident avec un policier avant de se voir autoriser l’accès. Arrivé par une autre porte, les éléments lui ont demandé de faire le tour pour gagner le tribunal par le portail situé en face de la corniche. A son arrivée, l’homme en tenue lui fait savoir qu’il ne peut pas passer. Le libéral, ancien directeur de cabinet du président Wade, lui fait comprendre qu’il n’est pas un simple citoyen qu’il peut bloquer. Et ç’aurait été même un citoyen lambda, il n’a pas le droit de l’arrêter. Mais l’agent n’en a cure. Le ton monte entre les deux hommes.

Un lieutenant qui a vu la scène se dépêche, Madické Niang aussi. Il est venu chercher son camarade. ‘’Vous ne pouvez pas bloquer un ancien ministre de la République quand même’’, déclare-t-il d’un ton courtois. Le lieutenant aussi intervient en sa faveur. Mais le responsable politique de Kaffrine était trop énervé pour se rendre compte qu’il y avait deux interventions à son profit. Lui et l’agent continuent à échanger sur un ton aigre-doux. Le lieutenant tente d’intervenir pour calmer Babacar Gaye, rien n’y fait. Le gradé qui voulait le calmer regrette son manque d’attention. ‘’Il ne m’écoute même pas. Pourtant c’est un oncle, mais il ne le sait pas’’, soupire-t-il. Plus tard, un policier demande à son collègue ce qui s’est passé. Réponse de celui-ci : ‘’C’est Babacar Gaye, il cherche le buzz !’’
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