Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article
Économie

Abdelkrim Raghni, DG Cbao Attijariwafa Bank : «L’émergence nécessite une solidarité citoyenne»
Publié le samedi 14 mars 2015  |  Le Quotidien
Abdelkrim
© Autre presse par DR
Abdelkrim Raghni, Directeur général de la banque Cbao-Attijari




Dans cette dernière partie de l’entretien accordé au journal Le Quotidien, M. Abdelkrim Raghni montre l’intérêt pour tous les citoyens à s’accorder sur l’essentiel afin de participer à l’émergence de leur pays, au-delà des intérêts partisans. Et il invite les acteurs économiques à savoir attirer les capitaux étrangers pour booster l’investissement au Sénégal.

Après près de 8 ans de présence à Dakar, vous êtes l’un des doyens des dirigeants de ban­que au Sénégal, ce qui vous a permis d’avoir une certaine perception sur l’économie sénégalaise. Etes-vous d’accord avec ceux qui disent que malgré les projets, les investissements, la situation économique du Séné­gal est assez morose ?
Vous savez, dans la vie et dans la gestion de l’économie, quand on est pessimiste, on reste morose et on alimente la descente aux enfers. Moi, je sais que les économies qui fonctionnent à travers le monde sont celles qui bénéficient d’une solidarité citoyenne. Nous à travers nos personnes, nous devons être conscients de notre responsabilité par rapport à la grande population. Nous avons un gouvernement, un Etat et nous nous félicitons de la qualité de la tenue du pays. Quand on se compare à d’autres pays qui perdent beaucoup de temps dans d’autres problèmes qui sont d’une autre nature. Aujour­d’hui, nous nous félicitons au Sénégal qu’il y ait un Etat, une ouverture et un projet qui s’appelle le Pse, qui est la politique de grands projets. Maintenant en tant que citoyen évidemment, on peut toujours critiquer. Il y a des sujets à critiquer. Mais pourquoi ne pas voir ce qu’on peut faire pour construire et pour aller dans le sens que l’on veut. Et c’est mon appel. Cet appel est que nous sommes tous responsables. Et s’il y a des gens qui critiquent, ils sont eux aussi responsables. Et ils doivent voir leurs responsabilités, non pas comme un besoin d’exprimer une déficience mais comme un appel, un effort encore additionnel. Pourquoi ne pas se donner la main pour aller de l’avant et faire de ce pays, un pays émergent, parce qu’il dispose de tous les atouts. La seule chose sur laquelle nous devons travailler, c’est de dire que même si on a un regard critique sur ce qui se passe, qu’est-ce qu’on veut changer pour que cela aille mieux et quelles réformes il faut pour améliorer les choses. Et les règles, c’est de dire comment peut-on attirer, générer et mobiliser un maximum de fonds au Sénégal pour accompagner ce Pse. J’ai dit attirer, mobiliser et générer.
Attirer ; c’est attirer la vision internationale d’un positionnement stratégique. Les capitaux circulent aujourd’hui. Quand vous voyez les bourses mondiales, comme celle de Hong Kong, en une heure, elle produit 50 ans de plus que celle de Casablanca. Donc, les capitaux circulent dans le monde. Et pourquoi ne passent-ils pas par le Sénégal ? C’est cela la question. Parce qu’il n’y a pas assez d’attrait. Et donc qu’est-ce qu’on doit faire pour améliorer l’attrait pour que les capitaux internationaux passent par le Sénégal ?
Ensuite, il faut générer pour améliorer la rentabilité. Pourquoi, à chaque qu’il y a un projet qui marche, tout le monde saute sur la même chose, et en quelques an­nées, elle devient déficitaire. C’est parce qu’on est tous en compétition sur la même niche, alors qu’on doit être complémentaires. Si moi, je fais du café, tu dois faire du thé, un autre du lait, un autre des casseroles. Ce n’est pas parce que le café est rentable qu’on va tous faire du café. Et il n’y aura pas de bouilloire pour faire le café. Il y a un problème ! On doit mener une politique complémentaire. Enfin, mobiliser parce que l’argent existe mais il doit être mobilisé. Même l’argent qui est thésaurisé, ou que les propriétaires investissent dans des produits spéculatifs, cet argent peut venir et aider à financer. Mais pour que cela fonctionne, il faut développer le marché des capitaux. Le marché des capitaux, c’est la bourse, les emprunts obligataires. Quand les grandes entreprises sénégalaises seront ins­crites à la bourse de Dakar ou la bourse d’Abidjan, elles vont faire appel à l’argent. Les citoyens vont placer leurs actions dans ces entreprises. Ils auront des fonds propres pour aller de l’avant. C’est comme ça qu’on peut faire bouger une économie. Mais on ne le fait pas par des critiques. Il faut un effort citoyen. Le rôle des medias est très important. Si vous médias, avez des messages d’espoir, vous serez beaucoup plus tentés de les diffuser plutôt que des messages de destruction, qui ne servent pas le pays.

Comment vous intégrez ce triptyque dans les efforts pour le Pse ?
Le Pse est un plan d’appel. Le Pse n’est qu’un alibi parce que c’est ce plan qui après, va générer de la richesse. Et cette richesse va générer la création d’entreprises. Le débat sur les Pme date de plusieurs années. Mais à mon avis ; on ne peut pas dire qu’on veut créer des Pme et après ? Comment elles vont gagner de l’argent. Les Pme ne peuvent résulter que d’un développement économique général. Et ce développement économique ne peut se réaliser qu’avec des réformes courageuses, rapides pour donner l’impulsion et pour apporter des capitaux internes ou externes afin de mobiliser les grands projets qui, eux, auront besoin de Pme. Ils vont créer le lit pour que les Pme puissent se développer dans le bon sens. C’est à ce prix-là qu’il y aura une économie où il y aura les grandes entreprises, des Pme, des entreprises moyennes, des opérateurs individuels. L’éco­nomie est faite d’un ensemble et pas seulement de la Pme. Et on est pollué par les messages in­ternationaux qui disent qu’il faut la Pme, parce que dans leurs pays, il y a suffisamment de grandes entreprises. Ces dernières se développent grâce aux petites entreprises, parce qu’elles font de l’externalisation. Nous, nous n’avons pas de grandes entreprises, comment voulez-vous qu’on fasse une économie uniquement avec des Pme ? Ce n’est pas possible !

Une question d’ordre personnel pour terminer. Vous êtes au Sénégal depuis bientôt 10 ans. A un moment donné, on avait agité le bruit de votre départ. Quelles sont vos perspectives sur le plan personnel ?
Cela fait effectivement 10 ans que je suis là. Mais vous savez depuis le premier jour, je suis dans une logique de départ. Parce qu’une fois qu’on est nommé, on ne peut être que dénommé. Donc, moi, je remercie beaucoup le Conseil d’administration, les actionnaires de la Cbao et le président du Groupe qui me font confiance. Tant que je peux apporter ma contribution, d’une manière ou d’une autre, je serai heureux de le faire. Par contre, je ne suis pas dans la logique de la pérennité, mais dans celle du mouvement. Mon espoir est de passer le flambeau à d’autres personnes et au moment où le conseil, l’As­semblée générale le jugeront opportun. Cela, afin de compléter, parce qu’en dix ans, j’ai certainement fait beaucoup de bêtises, je ne suis pas à l’abri de cela. Par conséquent, j’espère avoir un successeur qui corrigera mes bêtises même s’il en fera d’au­tres, et que dans la moyenne, il permettra à la Cbao de prospérer.

Vous êtes Marocain, mais vous semblez plus un Séné­galais que nombre de vos employés.
Je suis un humain. Je n’adore pas les gens à travers leur nationalité. J’adore les gens que je sers à travers leur humanisme. Et c’est le fond de ma pensée.

Auriez-vous des choses à regretter si vous venez à quitter le Sénégal ?
Le Sénégal fait désormais partie de ma vie, évidemment ! Les belles choses, les aventures que nous avons vé­cues resteront dans ma mémoire. Mais les belles choses sont faites pour qu’on les quitte. C’est pour cela qu’elles font partie de nos souvenirs. La vie est ainsi faite. Il y a des passages de relais. Nous sommes tous des serviteurs d’institutions. C’est pour ça que nous devons mettre le service public au plus haut de la pyramide de nos préoccupations et non pas l’intérêt personnel. Dans ma vie, je n’ai jamais privilégié l’intérêt personnel. Je plaide pour l’intérêt public ou l’intérêt de ceux que je sers. Et par con­séquent, il n’y a pas de regrets. C’est pour moi un grand bonheur d’avoir vécu et de vivre cette expérience. Quand le mo­ment viendra de passer le relais, je le ferai avec beaucoup de bonheur.
Commentaires

Dans le dossier

Économie (2015)
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment