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Insuffisance rénale: Les malades mettent leur survie entre les mains des députés
Publié le samedi 14 mars 2015  |  Enquête Plus
L’hôpital
© Autre presse par DR
L’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar




L’insuffisance rénale est une maladie grave qui entraîne une détérioration graduelle et irréversible de la capacité des reins à filtrer le sang et à secréter certaines hormones. Les produits du métabolisme et l’eau en excès passent de moins en moins dans l’urine et s’accumulent dans l'organisme. Avec un traitement coûteux et des dialyses à vie, les malades demandent le vote de la loi sur la greffe, seule espérance leur permettant de mieux vivre. Ils reposent tout leur espoir sur les députés. Reportage.



Certains sont assis, d’autres déambulent dans la cour. Des accompagnants attendent, la mine inquiète, leurs malades sous dialyse ou en traitement. Les uns sont venus pour un rendez-vous, et les autres pour prendre des informations. C’est ce décor qui meuble le quotidien du service de néphrologie de l’hôpital Aristide le Dantec. Ce centre traite les personnes atteintes des maladies rénales. L’ambiance dans cet endroit est très calme en ce début de matinée.

Ici, on prie, on est triste. Sa canne entre les mains, Bara Ndiaye, dans son grand boubou bleu, est assis sur une chaise. Avec ses grosses lunettes de myopie qui cachent tout son visage, il voit à peine les gens. Barbu, la blancheur de ses cheveux donne une idée sur son âge. Il attend sagement son tour. Ce sexagénaire souffre d’une insuffisance rénale. Depuis six ans, il vit avec sa maladie, et continue de souffrir sous silence. Il vient trois fois dans la semaine pour faire ses séances de dialyse. Accompagné de son fils, ce vieux raconte sa maladie avec beaucoup de mélancolie.

‘’Je ne sais pas par où commencer’’, lance-t-il, tellement il a envie de partager sa douleur, de dire sa tristesse, de raconter son calvaire, bref : de vider son sac. ‘’Je suis condamné à vivre ainsi jusqu’à la fin de mes jours. C’était un jeudi matin. Il y a de cela 6 ans. Une ambulance est venue me chercher à la maison tôt le matin. Je sentais des douleurs au niveau des reins. Je n’arrivais pas à me lever du lit pendant presque un mois. C’est à l’hôpital que j’ai su de quoi je souffrais’’, explique-t-il, la mine triste, le regard hagard. Avant son évacuation à l’hôpital, le vieux Bara se faisait masser chaque soir par un tradipraticien. ‘’Il le faisait avec de l’huile fabriquée traditionnellement avec des feuille de goyave. Je me sentais très faible. Pendant au moins trois semaines, il n’y a eu aucune amélioration. Ma femme m’a demandé d’aller à l’hôpital et je ne prêtais aucune importance à ses propos. Me voilà ici aujourd’hui dépendant d’une machine’’, narre, stoïque, M. Ndiaye. A l’hôpital, il n’éprouve plus de difficulté parce que la dialyse est devenue ‘’gratuite’’. ‘’Même si j’ai dépensé une fortune pendant toutes ces années, je me sens soulagé avec la gratuité aujourd’hui de la dialyse. Tout ce que je souhaite est que les députés nous sauvent en votant la loi de la greffe’’, appelle-t-il de toutes ses forces.

‘’J’ai vendu deux maisons pour payer le traitement de mon fils’’

Non loin du vieux Ndiaye, Antoine Sarr égrène méticuleusement son chapelet. Il fait des va-et-vient sans arrêt. De temps à autre, il s’adosse au mur, ou répond au téléphone. Il attend son fils qui est sous dialyse. Ce cinquantenaire va devoir attendre 4 heures, le temps de la durée de la séance. Son fils a 22 ans et est atteint d’une insuffisance rénale. ‘’C’est écœurant pour un père de voir son fils souffrir’’, dit-il. Il se tait un instant, lève les yeux au ciel et tourne le dos. En un moment donné, il fait un signe de la croix avec son chapelet et reprend la discussion. ‘’Je ne peux pas vous dire ce que j’ai dépensé pour la prise en charge de mon fils. J’ai vendu deux maisons, un terrain, pour pouvoir payer les dialyses. Même ma femme a dû vendre ses bijoux. Il ne nous reste plus rien. Plus rien je vous dis’’, se répète M. Sarr. Son fils est insuffisant rénal depuis ses 16 ans. ‘’Je ne sais pas comment il est devenu insuffisant. C’est la question qu’on se pose tous les jours. Ses études sont perturbées par la maladie. Il ne peut pas continuer à vivre comme ça. Il faut une solution. Ce sont les députés qui détiennent la survie de ces malades. S’ils continuent à vivre, c’est grâce à eux. S’ils meurent, c’est à cause d’eux, parce que rien ne les empêche de voter la loi.’’

Adossée à un mur, téléphone scotché à l’oreille, Rama Sy, attend sagement sa sœur Oulèye venue faire un traitement. La fatigue se lit sur ses yeux. Même si elle n’effectue pas une séance de dialyse, le traitement est aussi coûteux. ‘’Elle n’est pas encore au stade de dialyse. Nous rendons grâce à Dieu, parce que sa maladie a été très tôt détectée. Je sens la souffrance de ces personnes. Si la greffe peut abréger leur souffrance, que les députés votent la loi. A mon avis, cette loi sur la greffe est plus importante que celle du tabac qu’on a voté l’an dernier’’, dit-elle. Avant d’ajouter : ‘’Ces gens n’ont pas choisi de tomber malade. Alors que les fumeurs le font délibérément. Il faut sauver ces vies. Ils en ont besoin. Tout leur espoir est entre les mains des députés. Le président Macky Sall doit aussi entendre l’appel de ces malades. C’est vraiment touchant’’, plaide Rama Sy avec beaucoup de conviction. Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr !

650 000 Sénégalais ont une maladie du rein et ne le savent pas

La maladie rénale peut durer une vingtaine d’années avant d’atteindre le stade d’insuffisance rénale. A en croire le Pr Abdoul Niang, néphrologue à l’hôpital Aristide le Dantec, la maladie rénale peut durer une vingtaine d’années avant d’atteindre le stade d’insuffisance rénale. Les estimations au Sénégal font état de 5% de la population atteints d’anomalies du rein. Cela veut dire qu’il y a 650 000 Sénégalais qui ont une maladie du rein et qui ne le savent pas. Si rien n’est fait pour cette catégorie, ils seront atteints d’insuffisance rénale d’ici 15 à 20 ans et auront besoin de dialyse, avertit le docteur Niang.

C’est pour cela qu’il faut multiplier les séances de dépistage et de prévention, estime Abdallah Sall, technicien supérieur en néphrologie au centre ABC hémodialyse. Pour une meilleure prise en charge des malades du rein, les néphrologues ont appelé les autorités à adopter la loi sur la transplantation qui pourrait réduire les coûts du traitement. Au Sénégal, seuls 9 insuffisants rénaux ont été transplantés et ils ont subi l’opération à l’étranger. ‘’ On ne sait pas où se situe le blocage. Mais pas à notre niveau. Parce que nous avons un bon plateau technique, de bonnes ressources humaines. Et nous avons suivi une formation depuis 2008 concernant la greffe. Mais on est encore là à attendre ce vote de la loi’’, a dit M. Sall.

Les reins vieillissent

L’insuffisance rénale chronique touche des personnes de tous âges. Même si elle peut survenir à tout âge, elle devient plus fréquente avec l'âge avancé. Après 40 ans, la filtration rénale commence à diminuer d'environ 1% par an. En plus du vieillissement naturel des reins, de nombreuses conditions qui endommagent les reins sont plus fréquentes chez les personnes âgées, dont le diabète, l'hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires. C’est important car la maladie rénale chronique augmente le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral, et dans certains cas, cela peut évoluer vers une insuffisance rénale chronique nécessitant une dialyse ou une transplantation.
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