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Art et Culture

Fespaco 2015: Hip Hop Hourah pour "fièvres"
Publié le mardi 10 mars 2015  |  Sud Quotidien
Fespaco
© AFP par AHMED OUOBA
Fespaco 2015 : l’Étalon d’or attribué au Marocain Hicham Ayouch




Le jury de la 24ième édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) a déjoué tous les pronostics lors de la remise des trophées, le samedi 7 mars 2015. Il a attribué l’Etalon de Yennenga à « Fièvres » du réalisateur marocain Hichem Ayouch.

Dans le catalogue du Festival, « Fadhma N’Soumer » de l’Algérien Belkacem Hadjadj et « Fièvres » du Marocain Hichem Ayouch se font face. « L’œil du cyclone » du burkinabè Sékou Traoré occupe la page suivante. Pur hasard ou simple coïncidence, le metteur en page du catalogue a eu la main heureuse pour ces trois films qui se retrouvent sur le podium.

En scandant à chaque début de phrase, l’expression « Je suis africain et fier de l’être », Hichem Ayouch a choisi le mode Slam pour rythmer sa joie tout en brandissant son Etalon de Yennenga qui le sacre et l’introduit désormais dans le cercle des cinéastes africains, les plus en vue. Il rejoint ainsi son frère Nabil Ayouch dont le film « Ali Zaoua » avait remporté l’Etalon de Yennenga en 2001. En recevant son trophée, il a tenu à dire : « J’ai la peau blanche et du sang noir dans mes veines. Ma mère est tunisienne et mon père marocain. Je suis africain et fier de l’être. Je dois apprendre à m’aimer, à être digne et capable. Si, je m’aime, alors je serai capable d’aimer tous mes frères et toutes mes sœurs. Je suis africain et fier de l’être car ma culture est belle, puissante, poétique. Nous devons tout faire pour changer les mentalités grâce à l’art, à notre imaginaire, à notre éducation. On nous a volé notre histoire mais notre futur nous appartient. Je suis africain et fier de l’être »

A bien y penser, le message de « Je suis africain et fier de l’être » ne s’adressait pas seulement au public mais aussi à Benjamin(Didier Michon), le personnage principal de « Fièvres ». Benjamin, métis franco marocain, adolescent de 13 ans impulsif et insolent, élevé dans un Centre pour mineur, décide de rejoindre son père krim Zeroubi( Slimane Dazi) ouvrier dans une société spécialisée dans le matériel de construction et qui vit toujours chez ses parents. La mère de Benjamin faisait le tapin dans la rue quand elle rentra Krim. De cette liaison est né Benjamin. La mère est aujourd’hui en prison. Alors la venue de Benjamin chez ses grands-parents perturbe le train-train quotidien dans cet appartement des HLM où cohabitent désormais trois générations : Zohra Zeroubi ( Farida Amrouche) la grand-mère avenante et apaisante ; le grand père Abdelkader Zeroubi ( Lounes Tazairt) qui nourrit l’espoir de retourner au Maroc y finir ses jours. Rêve qui se matérialise dans la fabrication de la maquette de la maison qui sera sa demeure une fois revenu au bled. L’ambiance familiale se délite, se recompose avant l’inéluctable déflagration que le réalisateur Hachem Ayouch laisse au spectateur le soin d’imaginer.

C’est à une fine étude du confinement à laquelle convie « Fièvres ». Le quartier avec ses immeubles enchâssés dans des tours géantes est une véritable enceinte de confinement. L’appartement dans lequel se confrontent les personnages en est un. Le poète fou au milieu des bois vivant en bordure de rivière ne s’aventure pas hors des limites de son territoire. Mais il n y a pas que l’enfermement physique, il se traduit également dans le blocage psychologique des personnages : emmurés dans la folie ( le fils cadet de la famille interné dans un hôpital psychiatrique; le poète noir dans les bois), la difficulté de communiquer ( le silence de Krim) ; le décalage culturel ( entre le grand père et petit-fils). « Fièvres » est une fine étude de la souffrance psychologique des Africains du nord établis en France. Toutes les histoires personnelles et relationnelles mises en image dans « Fièvre » débouchent sur « La plus haute des solitudes » de l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun.

Misère certes invisible qu’est la solitude. Hachem Ayouch peut légitimement se réapproprier la phrase de Tahar Ben Jelloun qui dit : « Quand on vient d’un pays arabe, en ce moment, il est difficile de rester silencieux. J’essaie d’être utile ». Hichem Ayouch éclaire le regard du spectateur sur la marginalité et la souffrance de la solitude. Alors le jeune Benjamin a compris à sa manière qu’il fallait libérer le corps.

Le film de « Fadhma N’ Soumer » de Belkacem Hadjadj étalon de bronze aurait tout autant mérité la place avec ses autres prix que sont : - celui du meilleur décor, - celui de la meilleure image et celui de la meilleure interprétation féminine.

Palmarès
Prix techniques et artistiques
- Prix du meilleur montage
« Fadhma N’Soumer », Belkacem Hadjadj, Algérie
- Prix du meilleur décor
« Timbuktu », Abderrahmane Sissako, Mauritanie
- Prix de la meilleure musique
« Timbuktu », Abderrahmane Sissako, Mauritanie
- Prix du meilleur son
« Fadhma N’Soumer », Belkacem Hadjadj, Algérie
- Prix de la meilleure image
« C’est eux les chiens », Hicham Lasri, Maroc
- Prix du meilleur scénario
« Fadhma N’Soumer », Belkacem Hadjadj, Algérie
- Prix de la meilleure interprétation féminine
Maimouna N’Diaye, dans « L’œil du Cyclone », Burkina Faso
- Prix de la meilleure interprétation masculine
Fargass Asandé, dans « L’œil du Cyclone », Burkina Faso
- Prix de la meilleure affiche
« Cellule 512 », Missa Hébié, Burkina Faso
Prix des écoles africaines de cinéma
- Prix du meilleur film fiction
« Sagar », Pape Abdoulaye Seick de ESAV/Maroc
- Prix du meilleur film documentaire
« Je danse, donc je suis », Aissata Ouarma de l’ISIS/Burkina Faso
- Prix spécial du jury
« The travaller », Peter Sedufia de NAFTI/Ghana

Prix spéciaux
- Prix spécial de l’intégration de la CEDEAO
« L’œil du cyclone », Sékou Traoré, Burkina Faso
- Prix de la CEDEAO de la meilleure réalisatrice ouest-africaine
« Des étoiles », Dyana Gueye, Sénégal
- Prix de l’Union européenne
« ABL AL RABI/avant les printemps », Ahmed Atef, Egypte
- Prix spécial du Conseil de l’entente
« Run», Philippe Lacôte, Côte d’Ivoire
- UEMOA : Prix de l’intégration
-Long métrage (5 millions de F CFA)
« L’œil du Cyclone », Sekou Traoré, Burkina Faso
- Court métrage (4 millions de F CFA)
« Les Avalés du Grand Bleu », Kossivi Tchincoun, Togo
- Documentaire (3 millions de F CFa)
« La Sirène du Faso Fani », Michel K . Zongo, Burkina Faso
– UNICEF : Prix Unicef pour les droits de l’enfant, 7 millions de F CFA
« Damaru », Agbor Obed Agbor, Cameroun
– Fondation ECOBANK : Prix Sembène Ousmane, 5 millions de F CFA
« L’œil du Cyclone », Sékou Traoré, Burkina Faso
– Ville de Ouagadougou : 2 millions de F CFA
« Le Prix de l’amour », Hailay Hermon, Ethiopie
–Royal Air Maroc : prix en nature (séjour à Ouarzazate), valeur d’environ 6 millions de F CFA
« Zakaria », Leyla Bouzid, Tunisie
–La Guilde africaine des réalisateurs et des producteurs : Prix Thomas Sankara, 3 millions de F CFA
« Zakaria », Leyla Bouzid, Tunisie
–L’interafricaine de la prévention des risques professionnels (IPRF) : Prix de la santé et de la sécurité au travail, 3 millions de F CFA
« Mane de la Savane », Félicia Kouakou, Côte d’Ivoire
- Association catholique mondiale de la presse : Prix Signis, 2 millions de F CFA
« Cellule 512 », Missa Hébié, Burkina Faso
–Loterie nationale burkinabè (LONAB) : Prix de la chance, 2 millions de F CFA
«La Sirène du Faso Fani », Michel K. Zongo, Burkina Faso
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