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Mamadou Diop de Croix (Coordonnateur du FPDR): ‘’Il faut tourner la page et discuter…’’
Publié le vendredi 6 mars 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Le Premier ministre a fait sa déclaration de politique générale
Dakar, le 11 Novembre 2014- Le Premier ministre a tenu sa déclaration de politique générale. Le chef du gouvernement a, devant les parlementaires, livré un discours de près de deux heures. Photo: Mamadou Diop de Croix, député




Leader d’Aj/Pads, député à l’Assemblée nationale, coordonnateur du Front patriotique, Mamadou Diop Decroix se prononce dans cet entretien sur les faits saillants de l’actualité nationale. Mais s’il est prolixe sur la situation économique et sociale du pays ainsi que sur le débat sur la Gauche, l’ancien compagnon de Landing Savané refuse de se prononcer sur les déclarations de Me Wade. Préférant se référer à la déclaration sortie par le Fpdr et signé par Bamba Ndiaye. Car, de l’avis de l’ancien ministre du commerce sous Abdoulaye Wade, ‘’la violence verbale, la violence policière et la violence judiciaire contre l’opposition ne peuvent qu’être favorables à tous les excès’’. Il urge donc, selon lui, de tourner la page et de se parler pour sortir de la situation politique ‘’délétère’’.



Comment le Front patriotique pour la Défense de la République, comment a accueilli les propos d’Abdoulaye Wade contre le président de la République, Macky Sall ?

Nous avons pris position au lendemain de ces propos dans une déclaration largement relayée par les médias. Aujourd’hui, nous avons tourné la page pour nous concentrer sur les problèmes lancinants qui assaillent les Sénégalais.

Mais quelle est votre position personnelle sur cette question. Surtout que le communiqué du Fpdr a été signé par Bamba Ndiaye

Bamba Ndiaye est le président de la cellule communication du Front patriotique. Donc il est habilité à parler au nom de notre structure. Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet. Beaucoup de Sénégalais ont rappelé fort opportunément que les attaques personnelles n’avaient pas commencé en février dernier. Me concernant, déjà en novembre 2013, je tirais la sonnette d’alarme à l’occasion de la présentation du document que j’ai intitulé ma ’vision pour changer le Sénégal/ Gëm sunu bopp’.

Je cite le document que j’ai sous les yeux : ‘’Le débat politique au Sénégal s’est beaucoup appauvri au cours des dernières années, se résumant pour l’essentiel à des invectives, pour dire le moins… Et je poursuivais : ‘’Au vu de nos impasses actuelles et de celles qui se dessinent à l’horizon, nous gagnerions à nous concentrer davantage sur les vraies solutions à nos pannes de toutes sortes’’. Fin de citation. Au cours de cette même période, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel indiquait de son côté, je cite : "Les débats politiques se déroulent dans un climat pollué par des propos pour le moins discourtois, voire obscènes, injurieux et irrévérencieux". Fin de citation. C’était en 2013.

Mais vous n’avez pas encore répondu à notre question. Qu’est-ce que Mamadou Diop Decroix pense des propos tenus par Me Wade à l’encontre du Président Macky Sall ?

Personnellement, je ne veux pas revenir sur ce sujet. Chacun consacre son temps à ce qui lui paraît important. La violence verbale, la violence policière et la violence judiciaire contre l’opposition ne peuvent qu’être favorables à tous les excès. C’est au vu de tout cela que nous avons décidé de tourner la page de cette affaire après nous être prononcés. Libre aux autres de poursuivre leur lynchage médiatique rendant ainsi le climat plus délétère.

Est-ce que à l’instar de certains caciques du Pds, vous condamnez les propos de Me Wade ?

Franchement je serai laconique. C’est fini. Je ne vais plus parler de ce sujet. Il faut arrêter ce débat. Le fait qu’on en parle tous les jours ne nous mène nulle part. D’ailleurs je pensais que ceux qui ont cloué au pilori le président Wade allaient avoir plus de retenue. Mais hélas ! tel n’est pas le cas.

Que préconisez-vous pour sortir de cette situation politique délétère ?

Il faut se parler. La situation est plus que délétère, elle est explosive. Certains ici disent : ‘’Tout marche dans le pays ; rien n’est à l’arrêté donc pourquoi discuter ? ‘’ C’est ce genre d’approche qui a perdu l’Afrique. Tant que la catastrophe ne s’est pas installée, on dit qu’il n’y a pas de problème. Ce n’est que lorsqu’elle s’installe que l’on commence à s’en occuper. Non ! Il faut anticiper les difficultés. Lorsque, comme nous le proclamons tous, nous mettons le pays au-dessus de nos personnes respectives, alors certaines considérations subjectives doivent être écartées.

Nous avons rencontré lundi dernier une délégation de la société civile dirigée par Mazide Ndiaye, Président du comité de veille, qui envisage une médiation entre le pouvoir et nous. La première question qu’ils nous ont posée a été de savoir si nous ne sommes pas d’avis que la situation actuelle du pays mérite que les acteurs politiques s’asseyent et discutent. Notre réponse a été sans conteste : Oui ! Mais le drame en Afrique, c’est qu’une pareille posture est immédiatement interprétée par l’autre camp comme une preuve de faiblesse. Et on conseille au chef de foncer. Ainsi des crises mineures qui auraient pu être résolues sans gros dommages virent souvent au drame national.

Donc vous êtes prêts au dialogue ?

Nous voulons la paix et la stabilité pour ce pays car c’est notre intérêt à tous. Par conséquent, pour cette paix et cette stabilité, nous sommes prêts à discuter. Maintenant, si les autres pensent que, puisque nous sommes prêts à discuter, c’est le moment pour eux de foncer, alors le seul choix qui nous restera sera de faire face et, croyez-moi, nous ferons face. Mais à ce jeu, le pays ne gagne rien. Pour sortir de l’impasse, il faut se parler ; donc discutons ! Que ceux qui ont gagné gouvernent ! Que l’on reconnaisse à l’opposition son droit de s’opposer !

Pensez-vous que le Front patriotique pour la défense de la République peut survivre à Wade ?

Le front patriotique est une figure dans l’opposition. Il regroupe pour l’essentiel ceux qui ont perdu la présidentielle de mars 2012. Mais d’autres forces politiques sont aussi dans l’opposition comme celles qui ont soutenu Macky Sall au second tour dans le cadre du respect d’un engagement antérieur avant de prendre leur distance. Rewmi d’Idrissa Seck en fait partie. Vous avez également Bokk Gis Gis du Président Pape Diop qui n’est pas dans le front et bien d’autres forces qui ne se reconnaissent plus dans les politiques et pratiques du système en place. Vous avez les forces sociales qui se dressent pour sauvegarder des acquis obtenus de haute lutte et les intérêts fondamentaux du peuple comme dans l’Ecole et l’Université par exemple. Bref des pans de plus en plus vastes se détachent du pouvoir pour lui faire face. Mon vœu à moi, c’est que toutes ces forces, tous ces pans se retrouvent autour d’une plate-forme fondamentale incluant, outre les préoccupations du peuple, un contrôle systématique du processus électoral. Je profite de l’occasion pour lancer, de nouveau, un appel pressant pour l’unité la plus large de tous ceux qui pensent qu’il faut aujourd’hui changer les choses au Sénégal en mettant un terme à la gouvernance en cours.

Mais l’impression qui se dégage est que le Fpdr n’est rien d’autre qu’une officine du Pds ?

Je tiens à dire que la vocation du Front dépasse de loin sa configuration actuelle. Il est vrai que le Pds est la force la plus importante dans le front et ce sont, pour l’instant, ses militants et responsables qui sont traqués et réprimés dans l’essentiel. Je n’oublie pas Abdoulaye Baldé de l’UCS. Cela peut donner le sentiment que le front dépend du Pds ou de Wade. Ce qui n’est pas du tout le cas. C’est un cadre qui regroupe des entités souveraines et même très jalouses de leur souveraineté. Des partis qui y étaient l’ont quitté et il continue d’exister. Donc aussi longtemps qu’il y aura des entités souveraines qui décident de rester ensemble, le Front existera indépendamment de tel ou tel parti ou tel ou tel leader. Je précise pour terminer que la propagande insidieuse du pouvoir travaille à faire apparaître le Front comme un appendice du Pds. Cela ne nous gêne pas dès lors que nous connaissons parfaitement les objectifs qui sont de détruire l’unité de l’opposition.

Comment se porte votre parti AJ/pads ?

Nous sommes en train de nous reconstruire. Nous sommes l’un des rares partis politiques à être présents au parlement sans coalition. Comme je dis souvent, nous sommes entrés en gare dans notre propre train et non dans le wagon d’autrui. Cela dit, la situation n’est pas facile puisque nous sommes dans l’opposition. Et en Afrique, cela veut tout dire. Mais notre force, c’est que nous portons les espoirs déçus de cette seconde alternance. Comme disait l’autre, ceux qui sont en haut ne peuvent plus monter, ils ne peuvent que descendre tandis que ceux qui sont en bas ne peuvent que monter et non descendre. Nous bénéficions d’un grand respect au sein des populations puisque nous croyons en quelque chose, en des idéaux et des principes et nous combattons au nom de ces principes et de ces idéaux et en assumons toutes les responsabilités.

Il est de plus en plus question d’une réunification de la Gauche. Qu’en pensez-vous ?

Je préfère ne pas trop élaborer sur la question à ce stade. C’est une bonne initiative.

Vu votre parcours, n’est-il pas aberrant de constater que les forces de la Gauche se réunissent sans Mamadou Diop Decroix ?

J’ai lu quelque part les explications d’El hadj Momar Samb et elles me conviennent. Il dit que ceux qui se sont réunis ont travaillé ensemble depuis fort longtemps et devaient consacrer leurs convergences sous cette forme, mais que le cadre est ouvert. Il est vrai que tous sont, à l’heure actuelle, au pouvoir tandis que nous, nous sommes dans l’opposition. Il y a donc probablement des réglages nécessaires.

Est-ce à dire que cette réunification de la Gauche ne concerne que ceux qui sont au pouvoir ?

En tout cas, Je n’ai pas été associé à cette initiative. Par conséquent, je ne peux pas trop m’épancher sur cette question

AJ/ Pads est-il toujours un parti de la Gauche ?

Moi je crois aux invariants qui sont que nos peuples ici en Afrique et dans d’autres parties du monde sont toujours dominés, opprimés et exploités par les puissances d’argent ; que l’Afrique est toujours sous les fourches caudines des anciennes puissances coloniales notamment l’Afrique francophone. Et que nous devons mettre en place le plus vaste Front uni pour sauvegarder les intérêts de notre pays, laquelle sauvegarde passe par l’unité de nos forces par-delà les frontières héritées du colonialisme dans le cadre d’une unité politique du continent.

Vous tenez là un discours de la Gauche historique ....

Je pense que vouloir chercher la frontière entre les doctrines devient très difficile si l’on se fie exclusivement au discours sans interroger la praxis des acteurs. Depuis le gouvernement de mars 1991 d’Abdou Diouf, tout le monde travaille avec tout le monde au Sénégal. C’est plutôt autour de quoi travaillent-ils qui doit nous intéresser et non les étiquettes et les épithètes, du moins dans la situation présente où se trouve notre pays. Le Pit, Gauche historique, a soutenu Wade, libéral, à la présidentielle de 1983 dans le cadre de la première coalition Sopi. En 1988, le Pit a été rejoint par la Ld autre parti de la Gauche historique pour soutenir Wade dans le cadre toujours de la coalition Sopi. En 1991, le Pit et le pds se sont retrouvés autour de Diouf dans le gouvernement du Parti socialiste. En 1995, la Ld a rejoint le Pit au gouvernement du Ps.

En 2000, toute la gauche historique (y compris donc AJ) a fondé avec le Pds la Ca 2000 (Coalition Alternance 2000) et au deuxième tour, cette gauche et une partie des sociaux-démocrates (Afp) ont soutenu Wade. Autour de Macky Sall aujourd’hui se retrouve tout l’arc-en-ciel doctrinal ou idéologique (de l’extrême droite à l’extrême gauche) tout comme dans l’opposition se retrouve tout l’arc-en-ciel doctrinal ou idéologique. Nous rejetions le Ps comme parti de Gauche en son temps mais aujourd’hui, cette position est-elle juste ? Donc ne faut-il pas réinventer tout ça ? Les épithètes et les étiquettes, au contact des politiques d’ajustement d’hier et des réalités d’aujourd’hui mériteraient d’être revisitées.

L’on vous accuse d’avoir tourné le dos au marxisme pour les beaux yeux du libéralisme. Quel commentaire cela vous inspire ?

Définissez-moi le marxisme et le libéralisme aujourd’hui et je répondrai à votre question. Je ne juge les uns et les autres que par le regard qu’ils posent sur les problèmes de notre pays et de l’Afrique. Quel diagnostic et quelle thérapie ? Autrement dit, je juge sur pièce. J’ai élaboré un document qui porte ma vision sur les problèmes que nous avons et sur les moyens de les résoudre. Lisez ce document et vous me direz comment il se positionne par rapport aux doctrines que vous évoquez. Je termine en vous disant que travailler avec Wade le libéral m’a permis de réaliser beaucoup de choses pour le pays, notamment à la communication, au commerce et au parlement.

De l’avis de nombreux observateurs, le Sénégal est malade de sa classe politique. On ne discute plus d’idéologies, ni de programme de société mais les hommes politiques excellent plutôt dans les invectives. Partagez-vous ce constat ?

Je vous renvoie à la réponse que j’ai donnée plus haut. Le 12 novembre 2013, en présentant à la presse le document que j’ai évoqué tantôt, c’est par cette observation que j’ai ouvert mon propos.

Au rythme où vont les choses, votre coalition n’est-elle pas en train de perdre du temps par rapport à la présidentielle de 2017.

Au contraire nous en gagnons.

Le Fpdr va-t-il présenter un candidat consensuel à ce scrutin ?

Nous n’en sommes pas encore là mais nous avons la solution.

Comment jugez-vous la situation économique et sociale actuelle du pays ?

L’insécurité alimentaire et la malnutrition ont atteint le seuil critique dans 16 départements du pays d’après ce que rapporte la presse. L’agonie du secteur touristique. Rien que sur la Petite Côte, nous apprenons que ‘’l’Espadon club Saly’’ est fermé ; le ‘’Royal Saly’’ est fermé ; le Domaine de Nianing est fermé ; le ‘’Club Aldiana’’ est fermé ou en voie de l’être ; le ‘Princesse’ Saly n’en est pas loin ; Palm Beach est à vendre et j’en passe. En Casamance, la situation est plus alarmante. Dans d’autres secteurs où les choses pouvaient aller mieux, comme à la SONATEL, au Port autonome de Dakar ou dans la pêche, les intérêts nationaux sont bradés ou en voie de l’être.

Les APE, les accords de pêche avec l’Union Européenne et des pratiques occultes sont passées par là. Combien de milliers d’emplois directs et indirects sont ainsi supprimés ou menacés et quelles conséquences économiques et sociales ? Je passe sur les éruptions récurrentes dans l’Ecole et l’Université où un cycle de grèves commence à s´installer pour non-respect par le gouvernement des engagements signés. Sans oublier les agressions quotidiennes contre les droits des gens et le maintien en prison des prisonniers politiques.

Que pensez-vous du bras de fer entre d’une part le ministre de l’Enseignement supérieur et le Saes, et d’autre part entre le ministre de l’Education nationale et le Grand cadre des enseignants ?

Nous soutenons les enseignants. Là, je viens de prendre part à une grande marche de protestation du Grand cadre des enseignants du Sénégal (Ndlr l’entretien a eu hier). Que le gouvernement respecte les accords signés ! Quand j’étais aux affaires, c’était mon opinion. Aujourd’hui aussi, c’est mon opinion. Il faut respecter ce qu’on signe.

Où en êtes-vous avec les dossiers Petro-Tim et Arcelor-Mittal ?

Nous sommes là-dessus. Au moment que nous choisirons, nous vous en reparlerons. A chaque jour suffit sa peine.

Le Front patriotique pour la défense de la République avait adressé des correspondances à la France et aux Etats-Unis pour les informer sur le déroulement du procès Karim Wade. Avez-vous reçu leur réponse ?

Il était de notre devoir d’informer ces pays sur les manquements notés lors du procès de Karim Wade. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas encore de réponse.
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