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Portrait robot des violeurs: ‘’Ce sont, pour la plupart, des personnes frustrées’’
Publié le mercredi 25 fevrier 2015  |  Enquête Plus
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© Autre presse
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Comment identifier un violeur ? Une question qui taraude l’esprit de plus d’un. Et la réponse ne paraît pas évidente. Ils ont, pour autant, un trait particulier. La sociologue Selly Ba apporte quelques éléments de réponse. ‘’ Selon des analyses psychologiques, le viol est habituellement commis par des personnes frustrées dont la particularité est l’immaturité affective’’. Il est souvent pervers pas au sens courant du terme mais au sens où la perversion est définie comme une structure mentale, une organisation du psychisme, un mode de fonctionnement particulier.’’

La psychosociologue, Mme Ndèye Ndiaye Ndoye va plus loin. Elle dit : ‘’la plupart d’entre eux ont connu une enfance difficile. Ils ont été violés ou maltraités. Ou alors ils ont vécu enfermés, dans un univers déconnecté des réalités sociales. C’est le cas des maîtres coraniques impliqués dans des histoires de mœurs. Quand ils découvrent le monde réel, ils ne savent pas comment s’y prendre. Ils manquent de confiance en eux quand il est question d’aborder une femme. D’autres personnes au passé trouble sont dans la même situation. L’autre trait distinctif : le violeur, perturbé intérieurement, use toujours d’une situation d’ascendance. ‘’Ils exercent une certaine domination sur leurs victimes, qui sous le coup des menaces, rechignent à les dénoncer.’’ Le même schéma se reproduit dans d’autres univers où le violeur est convaincu qu’il domine sa victime.

L’enseignant-chercheur de l’université Gaston Berger, Mamadou Coulibaly, dans une étude sur ‘’les victimisations scolaires au Sénégal à l’épreuve de l’analyse de « genre » : de la construction socioculturelle et institutionnelle des violences sexuelles en Afrique subsaharienne’’, va plus loin. ‘’Les pressions sexuelles, dit-il, ont tendance à diminuer avec l’âge des élèves. Abuser des plus jeunes peut constituer pour le bourreau à la fois une assurance de parvenir à ses fins, mais aussi une garantie d’obtenir le silence de la victime. Au final, plus l’élève est jeune, plus il ou elle court le risque d’être agressé sexuellement par un condisciple ou un adulte.’’

La moyenne d’âge des auteurs est de 30 ans

Par ailleurs, c’est l’Onu femmes qui livre des informations plus détaillées dans son rapport en date d’avril 2012. C’est pour souligner qu‘’une analyse des données des services de police et de gendarmerie établit une moyenne d’âge de 25,7 ans chez les auteurs d’actes de violence faite aux femmes. La lecture des registres des services de justice indique que les victimes ont une moyenne d’âge de 13 ans, tandis que la moyenne d’âge des auteurs est de 30 ans.’’ Mais une remarque de taille. ‘’Cependant, relativement à la variable de l’âge, on peut se demander si, comme le suggèrent les données qualitatives, ce ne sont pas les auteurs les plus âgés qui échappent aux services de répression, du fait qu’ils ont, en général, plus de moyens financiers ou sociaux de faire pression pour l’abandon des poursuites.’’

Les chômeurs et commerçants indexés

Dans la même foulée, le rapport souligne que ‘’les données des tribunaux indiquent que les personnes sans profession représentent 21,8% des auteurs de violences faites aux femmes ; les commerçants représentent 20,8% ; on retrouve également parmi les auteurs des agriculteurs, des éleveurs, des jardiniers, des chauffeurs, des menuisiers, des maçons, des pêcheurs, des gardiens, des artisans, des enseignants parmi lesquels des maîtres d’école coranique, et des marabouts. Les cadres sont très faiblement représentés (1%).

‘’Les données des tribunaux permettent également de se faire une idée du statut socioprofessionnel des auteurs de viols. Celui-ci ne paraît pas fondamentalement différent de celui des profils examinés plus haut, probablement en raison de la proportion importante de viols dans le total des cas de violence faites aux femmes enregistrés dans les services de la justice.’’

‘’Il faut éviter de stigmatiser une quelconque catégorie sociale

Les viols commis dans le milieu scolaire sont de plus en plus dénoncés dans la presse. A Ziguinchor, par exemple, au sud du pays, 60 dossiers liés au viol concernant des jeunes filles de la tranche d’âge de 3 à 17 ans, ont été enregistrés, il y a deux ans. Et ce sont les enseignants qui sont de plus en plus pointés du doigt dans ces histoires de mœurs. Idem également pour les maîtres coraniques. Une étude sur les violences scolaires, dans notre pays, souligne que les enseignants sont auteurs de 11% de cas de harcèlement sexuel subis par les filles, de 18% de cas de viols.’’ Mais pour Zeynab Kane, il faut éviter ‘’de stigmatiser une quelconque catégorie, cela ne fait que déplacer le problème mais il faut voir comment travailler avec tout le monde, y compris les chefs religieux et traditionnels qui jouent un rôle capital dans la société.’’ Elle est convaincue que ‘’la religion peut être d’un apport capital. La chance du Sénégal, c’est que les populations sont croyantes et ont une sensibilité à leurs religions (musulmane et chrétienne), il faut mettre à contribution cette dimension de la religion‘’.

Dans l’univers des pères et voisins violeurs

‘’Montagne’’. Dans ce quartier populeux de Dakar, la précarité et la promiscuité se dégagent de mille lieux. L’image la plus frappante sur ces lieux est le nombre impressionnant d’enfants qui jouent dehors. Des filles et garçons, de 2 ans à 7 ans qui peuvent sillonner le quartier, jusque tard, sans aucune surveillance. Le regard famélique, la plupart de ces bambins, exposés à toutes sortes d’agressions, s’amusent, souvent sans la petite culotte, et sont initiés dans la rue à toutes sortes de jeux. Dans ce quartier, les gesticulations et déhanchements de certains enfants qui imitent, en toute candeur, des danses obscènes diffusées sur certaines chaînes de télévision, impressionnent. Des enfants qui ont fini de prendre plaisir aux jeux d’adultes.

Marième Gaye (nom d’emprunt) ressent du mépris pour sa fille de 5 ans. Et pour cause : ‘’Je me suis rendu compte qu’elle aimait trop les garçons et qu’elle aimait s’amuser avec son sexe. Cela me brisait le cœur. De petites enquêtes m’ont permis de découvrir qu’un voisin, d’une quarantaine d’années, l’entraînait dans son lit quand j’allais travailler. Une sage-femme a confirmé qu’on a eu à abuser d’elle sexuellement.’’

En dépit d’une souffrance atroce, elle ne pense aucunement dénoncer ce voisin dont l’épouse est très respectée dans le quartier. Un témoignage plus poignant est venu d’une femme qui habite dans le même secteur. Elle a découvert que son époux, âgé de 60 ans, la trompait avec leur fille de 3 ans. Choquée, elle n’ose pas pour autant divorcer pour ‘’l’honneur et la réputation’’.

Un cas effarant, comme tant d’autres, que la psychosociologue Mme Ndèye Ndiaya Ndoye a eu à enregistrer dans certaines localités. Le cas plus récent a été noté à Pikine Guinaw Rail. ‘’Nous avons été obligées de séparer une fillette de ses parents, parce que son père abusait sexuellement d’elle tous les soirs.’’ Elle cite aussi l’exemple d’un bébé de 18 mois qui a été victime d’attouchements sexuels.

Dire que, selon des spécialistes, ‘’un parent a généralement un instinct de protection pour son enfant’’. Mais pour la juriste, Zeynab Kane, ‘’il nous faut trouver l’équilibre pour mieux protéger les enfants de la pédophilie et les femmes du viol afin d’asseoir une société plus stable.

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Les révélations d’Onu femmes : Dakar, Thiès, Kaolack, terreaux fertiles !

‘’Etude situationnelle sur les violences basées sur le genre dans les régions de Dakar, Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kaolack, Louga, Saint-Louis, Thiès.’’ C’est le thème d’un rapport de l’Onu femmes en date d’avril 2012.

D’emblée, le rapport déplore que malgré les dispositions réglementaires et législatives, ‘’il y a plusieurs indications suggérant une recrudescence des cas de violence sexuelle, d’agressions physiques, de maltraitance pouvant prendre des formes extrêmes conduisant à la mort ou à des conséquences particulièrement graves’’.

Une enquête menée dans 8 régions du Sénégal sur la base de collecte d’informations dans les services de police et de gendarmerie, de justice (représentés ici par les tribunaux) et de santé.

Dans son rapport, Onu femmes précise que Dakar, Thiès et Kaolack, les régions les plus peuplées, enregistrent le plus grand nombre de cas de violences faites aux femmes au moment où des régions comme Fatick et Kaffrine enregistrent des chiffres moins élevés. Mais une constance dans l’étude, des structures de police et de gendarmerie dans les différentes régions, ont montré que le viol (la moitié des cas) constitue, de loin, le type de violence faite aux femmes le plus fréquemment enregistré’’. Selon le rapport ‘’dans les hôpitaux de notre échantillon, le viol constitue le tiers des cas enregistrés de violences faites aux femmes.

Ce chiffre peut être sous-estimé, dans la mesure où les agents de santé, pour ne pas avoir à être mêlés au traitement juridique des cas de viol, auraient, selon les entretiens qualitatifs, tendance à plus utiliser l’expression ‘’lésions vaginales.’’ Même scénario ‘’dans les tribunaux, où le viol constitue le cas de violence faite aux femmes le plus fréquemment enregistré. La proportion est de 50% dans les structures de police et de gendarmerie contre 35% dans les tribunaux.
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