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"Dialogue politique", version Macky Sall, à l’Assemblé nationale: Opposition et pouvoir rament à contre courant
Publié le lundi 16 fevrier 2015  |  Sud Quotidien
Christine
© aDakar.com
Christine Lagarde a tenu un discours devant la Représentation Nationale
Dakar, le 30 Janvier 2015 - La Directrice Générale du Fonds Monétaire International s`est adressée aux députés Sénégalais. Christine Lagarde a été reçue à l`Assemblée nationale par le président Moustapha Niass.




A l’ère où le dialogue politique s’imprime de plus en plus sur les lèvres des principaux protagonistes du champ politique (mouvance présidentielle comme opposition), beaucoup de points sombres semblent voisiner les postures des acteurs en lice. En premier lieu, nous apparait-il, du côté du maître du jeu (Macky Sall) qui peine encore, quoiqu’il ait affirmé son ouverture à un dialogue encadré avec l’opposition (en somme, dans le respect des institutions), à matérialiser un de ses derniers engagements portant sur les concertations en question.

Annoncé en effet en grande pompe par le chef de l’Etat, le 23 décembre dernier, lors de la Journée nationale des institutions, le passage du gouvernement à l’Assemblée, tous les 15 jours, qui devait démarrer le 02 janvier dernier aux fins de mettre en route le «dialogue politique», n’est toujours pas effectif. Suffisant pour que parti au pouvoir et opposition rament à contrecourant.

Si l’administrateur général de l’Apr, Pape Maël Thiam, qui se prononçait sur la question, il y a de cela une quinzaine de jours, tentait ainsi de rassurer sur le bien-fondé de la décision du chef de l’Etat tout en se défaussant sur un problème de calendrier à l’Assemblée nationale pour justifier le retard en question, tel n’a pas été le cas pour Mayoro Faye du Pds et Malick Noël Seck, leader du parti Momsarew et ancien patron de Convergence socialiste. Des responsables qui parlaient plutôt d’effet d’annonce, voire d’incapacité de la représentation parlementaire de se défaire de l’emprise de l’Exécutif.

PAPE MAEL THIAM, ADMINISTRATEUR GENERAL DE L’APR : «C’est peut-être lié à un problème d’organisation et de programmation au niveau de l’Assemblée»

A mi parcours du mois de février, le passage du gouvernement à l’Assemblée nationale, aux fins de faciliter le dialogue politique peine à se défaire de son statut d’effet d’annonce. A ce jour, pas l’ombre d’un membre du gouvernement de Mahammed Dionne n’est aperçue du côté de l’hémicycle, si ce n’est pour accompagner l’examen et l’adoption d’un texte de loi touchant son département ministériel. Interpellé dernièrement sur la question, Pape Maël Thiam, administrateur général de l’Apr, a tenu à réaffirmer la disponibilité totale du gouvernement à se soumettre à cette demande du chef de l’Etat, avant de se défausser sur un problème de calendrier à l’Assemblée nationale pour justifier le retard en question. «Je ne suis pas en mesure de vous dire qu’il y a blocage ou pas, je ne le pense pas. A mon avis, ce retard constaté dans la concrétisation de cette volonté du chef de l’Etat est peut-être lié à un problème d’organisation et de programmation au niveau de l’Assemblée nationale. Lorsque le président de la République exprimait son souhait de cet échange entre l’Exécutif et le législatif, il était animé d’une forte motivation. D’abord, d’éclaircissement des activités du gouvernement auprès de l’opinion sénégalaise mais également de recueillir les recommandations des députés qui sont les représentants du peuple, donc susceptibles de faire le feedback qui permet au gouvernement d’opérer des réajustements dans sa politique». Pour le responsable apériste, «cette motivation du chef de l’Etat ne souffre d’aucun doute. Si les choses tardent à se concrétiser, il faut voir du côté du Parlement».

DIALOGUE POLITIQUE : L’OPPOSITION NE JOUE PAS FRANC JEU

S’agissant par ailleurs de l’impasse dans laquelle semble se trouver le dialogue politique que devrait faciliter, par un certain côté, ce passage du gouvernement devant la représentation parlementaire, selon Macky Sall, l’administrateur général de l’Apr n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer l’attitude de l’opposition accusée de ne pas jouer franc jeu. «Je crois que le Président Macky Sall est un homme de dialogue. Il l’a prouvé à plusieurs reprises, avec notamment ses sempiternels appels à tous les Sénégalais à s’unir autour de l’essentiel. Cependant, il faudrait savoir que le dialogue politique n’est pas une négociation de partage d’un quelconque gâteau. Il doit être fait autour des problèmes touchant les Sénégalais», a-t-il tenu à faire savoir. Par suite, Pape Maël Thiam dira: «Jusqu’à l’heure où je vous parle, aucun parti politique d’opposition ne s’est exprimé dans le sens de fournir des propositions relatives au vécu des Sénégalais, à l’exclusion des critiques personnelles à l’endroit du Président et de sa famille. Mais ce ne sont pas du tout des réflexions orientées vers les problèmes majeurs des citoyens». En conclusion, le responsable apériste a indiqué que «le dialogue politique n’a de sens que lorsqu’il ambitionne de régler les problèmes des Sénégalais».

MAYORO FAYE, MEMBRE DU COMITE DIRECTEUR DU PDS : «Encore une promesse qui rejoint la longue liste...»

Du côté de l’opposition, on rejette en bloc les explications brandies par l’administrateur général de l’Apr. «Ce n’est pas un argument valable. L’Assemblée nationale n’est pas submergée, on parle même de ralentissement des activités en cette période. Consacrer une journée à cet exercice n’est pas une tâche insurmontable. Je pense que les membres du pouvoir (gouvernement et ministres-ndlr) ont le temps et l’Assemblée nationale a les moyens de leur accorder ce temps-là. Mieux, ils ont la majorité à l’Assemblée, ça devait être encore plus simple», a répliqué pour sa part Mayoro Faye, chargé de la communication et membre du comité directeur du Pds. Pour autant, il a estimé que «cette promesse du chef de l’Etat ne fait que prolonger la longue liste des engagements non tenus de son régime». Et le responsable du Pds de souligner que Macky Sall n’est pas à son premier effet d’annonce. «Il avait formulé beaucoup de promesses en faveur des Sénégalais mais, depuis lors, rien n’est encore réalisé. Maintenant, s’il prend lui-même la responsabilité de s’engager par rapport à un exercice gouvernemental devant l’Assemblée nationale et qu’aujourd’hui, rien n’est encore fait, cela pose problème »

Mayoro Faye s’est inscrit également en faux contre les arguments du pouvoir sur la situation du dialogue politique au Sénégal. Estimant que ce passage des ministres à l’Assemblée nationale n’a rien à voir avec un quelconque dialogue politique, Mayoro Faye a assuré que c’est le chef de l’Etat qui est plutôt à l’origine de ce statu quo. «Depuis qu’il est au pouvoir, Macky Sall n’a fait aucun appel au dialogue à son opposition, encore moins essayé de s’approcher d’elle. Pour nous donc, il a fait un choix. Au lieu de dialoguer avec son opposition, il a plutôt préféré l’anéantir. On ne peut pas donc parler de rupture en matière de dialogue politique puisqu’il y a jamais eu dialogue depuis qu’il est arrivé au pouvoir », a fait remarquer Mayoro Faye. Avant d’ajouter dans la foulée, qu’«un dialogue politique, c’est comme le faisait en son temps le Président Diouf qui appelait, à un certain moment, son prlincipal opposant à l’époque, le Président Abdoulaye Wade, pour échanger ensemble parce que l’heure était grave, afin de trouver des points de convergence pour une stabilité politique. Le dialogue politique, c’est également ce qu’Abdoulaye Wade faisait avec ses multiples appels à l’endroit de l’opposition qui consacraient des moments de dialogue, d’échange, de partage par rapport à des questions nationales pour aboutir à une situation apaisée».

MALICK NOEL SECK, LEADER DE MOMSAREW ET ANCIEN PATRON DE CONVERGENCE SOCIALISTE : «Déclarations d’intention jamais suivies d’effets...»

De son côté, le leader du parti Momsarew Malick Noël Seck, se prononçant sur ce retard dans la réalisation de cette promesse du chef de l’Etat, a parlé de « déclarations d’intentions qui ne sont jamais suivies d’effets». «Tout cela participe d’une supercherie à l’allure d’un cirque qui ne fait que tromper les Sénégalais. Le président de la République nous a habitués à des déclarations d’intentions qui ne sont jamais suivies d’effets et qui, finalement, ne choquent personne». Pour autant, l’ancien patron de Convergence socialiste a plaidé pour que l’Assemblée nationale reprenne sa liberté et son pouvoir perdu depuis la crise de 1962. «Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, si jamais l’Assemblée nationale n’est pas capable de proposer des lois sauf celles qui viennent de la présidence, cela veut dire qu’il n’y a pas une séparation de pouvoir, donc pas de démocratie. Maintenant, pour faire semblant et montrer au monde entier que nous sommes dans une démocratie, on va dire aux ministres en leur donnant des instructions de venir à l’Assemblée nationale pour pouvoir rendre des comptes. Cependant, quel que soit alpha ou ce qu’ils vont dire, ils seront applaudis comme ont été applaudis mécaniquement les différents Premiers ministres qui se sont succédé à la Primature, lors de leur déclaration de politique générale qui dure parfois plus de trois heures et dont les grandes lignes sont aussitôt oubliées des Sénégalais».

Pour le leader de Momsarew, «le débat n’est pas en fait dans le passage ou pas des ministres à l’Assemblée» mais plutôt sur «la liberté et le pouvoir de l’institution législative au Sénégal». «Il est temps que l’on pose le vrai débat à l’Assemblée nationale. Il s’agit de se demander si on peut se développer sans souveraineté. C’est difficile peut-être pour eux (députés) de dire que nous ne sommes pas dans un pays souverain et libre …Le vrai débat actuellement concerne la liberté de nos institutions et la souveraineté de nos Etats, et je ne vois pas un député qui pose ce problème alors qu’il est fondamental».

MAYORO FAYE, MEMBRE DU COMITE DIRECTEUR DU PDS : «Encore une promesse qui rejoint la longue liste...»

Du côté de l’opposition, on rejette en bloc les explications brandies par l’administrateur général de l’Apr. «Ce n’est pas un argument valable. L’Assemblée nationale n’est pas submergée, on parle même de ralentissement des activités en cette période. Consacrer une journée à cet exercice n’est pas une tâche insurmontable. Je pense que les membres du pouvoir (gouvernement et ministres-ndlr) ont le temps et l’Assemblée nationale a les moyens de leur accorder ce temps-là. Mieux, ils ont la majorité à l’Assemblée, ça devait être encore plus simple», a répliqué pour sa part Mayoro Faye, chargé de la communication et membre du comité directeur du Pds. Pour autant, il a estimé que «cette promesse du chef de l’Etat ne fait que prolonger la longue liste des engagements non tenus de son régime». Et le responsable du Pds de souligner que Macky Sall n’est pas à son premier effet d’annonce. «Il avait formulé beaucoup de promesses en faveur des Sénégalais mais, depuis lors, rien n’est encore réalisé. Maintenant, s’il prend lui-même la responsabilité de s’engager par rapport à un exercice gouvernemental devant l’Assemblée nationale et qu’aujourd’hui, rien n’est encore fait, cela pose problème »

Mayoro Faye s’est inscrit également en faux contre les arguments du pouvoir sur la situation du dialogue politique au Sénégal. Estimant que ce passage des ministres à l’Assemblée nationale n’a rien à voir avec un quelconque dialogue politique, Mayoro Faye a assuré que c’est le chef de l’Etat qui est plutôt à l’origine de ce statu quo. «Depuis qu’il est au pouvoir, Macky Sall n’a fait aucun appel au dialogue à son opposition, encore moins essayé de s’approcher d’elle. Pour nous donc, il a fait un choix. Au lieu de dialoguer avec son opposition, il a plutôt préféré l’anéantir. On ne peut pas donc parler de rupture en matière de dialogue politique puisqu’il y a jamais eu dialogue depuis qu’il est arrivé au pouvoir », a fait remarquer Mayoro Faye. Avant d’ajouter dans la foulée, qu’«un dialogue politique, c’est comme le faisait en son temps le Président Diouf qui appelait, à un certain moment, son prlincipal opposant à l’époque, le Président Abdoulaye Wade, pour échanger ensemble parce que l’heure était grave, afin de trouver des points de convergence pour une stabilité politique. Le dialogue politique, c’est également ce qu’Abdoulaye Wade faisait avec ses multiples appels à l’endroit de l’opposition qui consacraient des moments de dialogue, d’échange, de partage par rapport à des questions nationales pour aboutir à une situation apaisée».
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