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CREI- Comptes et mécomptes de la traque: Un procès, mille péripéties !
Publié le jeudi 12 fevrier 2015  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
Le procès de Karim Wade s`est ouvert à Dakar
Dakar, le 31 Juillet 2014 -Karim Wade, le fils de l`ex- président de la république du Sénégal, a fait face aux juges de la Cour de Répression de l`Enrichissement Illicite (CREI). Ancien ministre durant le règne de son père, Karim Wade est accusé de s`être enrichi de façon illicite.




Plus de six (6) mois après son ouverture, le jeudi 31 juillet 2014, le procès de Karim Wade, ancien ministre d’Etat, pour enrichissement illicite devant la Crei, vient d’épuiser sa première phase. L’ensemble des témoins à charge ou selon à décharge ayant déféré devant le Président de la Cour, Henri Grégoire Diop, et cie, la barre échoit désormais aux plaidoiries. Lesquelles se font à partir de lundi sans la défense de Karim Wade et de ses co-prévenus, qui a boycotté les audiences. A travers ce numéro, Sud quotidien profite de l’occasion pour jeter un regard critique sur le déroulé d’un procès marathon où le judiciaire et le politique semblent si voisins, quand bien même le dit jugement s’est révélé, en six mois d’exécution, riche en rebondissements et en péripéties, voire dynamique dans son évolution. Jugez-en vous-mêmes.

De 694 milliards de F Cfa, la valeur des biens supposés mal acquis par Karim Wade a fondu. L’ex-ministre d’Etat ne pèse désormais que 117 milliards de F Cfa dont 47 milliards d’un compte dit de Singapour vidé avant l’envoi de la commission rogatoire internationale par la Crei. Qui plus est, la salle 4 du Palais de justice de Dakar a abrité un procès émaillé d’incidents entre la Cour et le collectif des avocats de Karim et cie qui finira par boycotter les audiences, en raison des « provocations » du président de la Crei et du non-respect des droits de la défense. Une défense qui s’est évertuée à décliner, tout au long du procès, des stratégies d’endiguement de la Crei, enfin de dé-crédibilisation du procès. A contre-courant, l’ex-chef de l’Etat s’investissait, lui, dans une entreprise mécanique de contestation, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, du procès intenté contre son fils par la Crei taxée de juridiction «illégale», voire inapte à juger Karim Wade. Zoom sur un procès à mille…contours.

LES 694 MILLIARDS DE LA «DISCORDE» REEQUILIBRES PAR LA CREI - KARIM, PUISSANCE 117 !

Inculpé depuis bientôt deux ans pour d’abord un délit d’enrichissement illicite portant sur un montant de 694 milliards de F Cfa, Karim Wade a vu cette charge fondre avec la revue en baisse de cette somme portée désormais à 117 milliards de F Cfa. Dans les avoirs supposés appartenir au fils de l’ancien chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade, sur les 22 sociétés à lui attribuées, la seule société Dubai Port World (DP World) fait 400 milliards de F Cfa. Ce qui, selon ses avocats, «est invraisemblable, alors que cette société contrôle 300 ports dans le monde, y compris ceux de Hong-Kong et de New York».

Mis en demeure le 15 mars 2013, après une audition par la Commission d’instruction de la Crei, de justifier, dans un délai d’un mois, l’origine licite de ses avoirs ainsi que ses biens (voitures, propriétés immobilières, sociétés…) et comptes bancaires, l’ancien ministre d’Etat sera inculpé d’«enrichissement illicite». Le document de 3000 pages (selon le Procureur spécial, 42 pages accompagnées de renvois à l’annexe, indiquant les pièces justificatives, pour la défense) produit et présenté par ses conseils, n’y fera rien. Au terme de cette mise en demeure, l’ancien ministre est emprisonné à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss, avec sept (7) autres personnes, le mercredi 18 avril.

La défense de Karim Wade qui a toujours crié à une surestimation des avoirs de son client, se dépêcha de revenir à la charge, espérant que «la vérité va éclater un jour. On prend date avec le temps. Nous sommes dans le droit et nous le ferons triompher ici, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays», avaient déclaré les avocats de Karim Wade. Seulement, les exceptions de nullité (soulevées au début du procès) évacuées, la suite des événements fut riche en informations avec la valse des témoins à la barre et, en rebondissement, avec le boycott du collectif des avocats de la défense du procès.

En attendant d’être véritablement édifié définitivement sur la paternité de sociétés comme AHS, SHS, ABS Sa, ABS Corporate, etc. qui centralisent les débats actuellement sur les 22 sociétés qui sont prêtées à Karim Wade, la Crei s’était fixé pour objectif de tracer les milliards «flanqués» à Monaco et Singapour, entre autres. Toutefois, pour ce qui est de Monaco, la défense allait s’attaquer au rapport de la Commission rogatoire faisant état de l’existence de 99 milliards de F Cfa, dans 30 comptes bancaires, comme propriété de Karim, et dont certains sous la gestion de prête-noms.

«Le seul compte découvert au nom de Karim Wade, de 2003 à 2012, est le compte 5102960 ouvert le 09 juillet 2003. Ce compte a été ouvert par Karim Wade sur instruction de son père avec un montant de 1 milliards 241 millions 068.585 de FCFA. Cet argent a été offert au président Wade par le Roi de l’Arabie Saoudite. Aucun mouvement n’a été enregistré sur ce compte de 2003 à 2012. Le reste des comptes relatés sur le rapport appartient à des Sénégalais qui n’ont jamais connu ni vu Karim», arguait la défense du prévenu.

Quid du compte bancaire de Karim Wade à Singapour contenant 47 milliards de F Cfa dévoilé par l’expert-comptable Pape Alboury Ndao? Là aussi, l’accusation a toujours nié l’existence de cette manne. Mieux, à un certain moment du procès, Karim Wade, en plus d’attraire Pape Alboury Ndao devant la justice pour «faux et usage de faux et tentative d’escroquerie à jugement», a fait part de sa disponibilité à aider à rapatrier cet argent au Sénégal, s’il existe vraiment. D’ailleurs, Karim Wade a toujours demandé à ce qu’on rapatrie cet argent au Sénégal. Comble de dérision : attrait à la barre, l’expert comptable Pape Alboury Ndao, administrateur provisoire de Dp Wolrd Sénégal, révélait avant-hier seulement (lundi 09 février) que le compte de Singapour a été vidé bien même que la Commission rogatoire internationale activée par la Crei ne se présente à Singapour.

Comme si on voulait couper l’herbe sous le pied de la …Crei, voire effacer toute trace de ces milliards dont le dépôt dans un compte à Singapour était avéré, selon Pape Alboury Ndao !
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