Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Jean Claude Marut sur la crise casamançaise: "La diplomatie expéditive américaine a réussi à faire bouger les lignes"
Publié le mardi 3 fevrier 2015  |  Sud Quotidien




Hormis quelques blocages liés aux protagonistes, la résolution de la crise Casamançaise est dans une ‘’bonne perspective’’. C’est Jean Claude Marut, chercheur français au Centre national de recherche scientifique (Cnrs) qui peint ainsi l’implication américaine dans le conflit casamançais. Il animait une conférence, le samedi 31 janvier au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), sur le thème: ‘’Le rôle de la diplomatie américaine dans la crise casamançaise’’.

La diplomatie expéditionnaire américaine en Casamance a permis de bouger les lignes dans les négociations, sous l’égide de la communauté Sant ‘Egidio, une association interreligieuse qui s’investit dans la prévention et la gestion des conflits (médiation). Cette lecture est du chercheur français Jean Claude Marut du Centre national de recherche scientifique (Cnrs) et auteur de nombreuses publications scientifiques sur le conflit casamançais dont ‘’Casamance, ce que disent les armes’’. Il donnait une conférence de presse publique le samedi 31 janvier au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar sur le thème: ‘’Le rôle de la diplomatie américaine dans la crise casamançaise’’.

Pour le chercheur du Cnrs de Paris, «la médiation américaine dans le conflit casamançais, vieux de plus de 33 ans, a permis un meilleur recadrage, et une nouvelle configuration des belligérants, même si quelques blocages liés aux protagonistes subsistent encore». Par conséquent, dira-t-il, «la diplomatie expéditive américaine a atteint son objectif, celle d’avoir réussi à faire bouger les lignes». Selon les explications de M. Marut, «les deux parties sont tombées (d’accord) sur un calendrier de négociation et, sur le plan humanitaire, une commission a été mise en place pour faire le point sur les exactions dans la perspective d’un accord de paix avec Salif Sadio».

A la question de savoir le pourquoi nous en sommes arrivé à ce résultat probant, il répond: «l’implication américaine dans le règlement de la crise casamançaise est significative parce qu’elle donne plus de confiance. Et ce, à cause de son poids, d’une part, et, d’autre part, son appui financier dans l’organisation des rencontres de négociation internes (Casamance) et externes (Rome)».

Dans son argumentaire, il soutient que «l’offre a amené Salif Sadio, un des principaux chefs des groupes armés à proclamer unilatéralement un cessez-le feu qui est, d’ailleurs, toujours en vigueur sur le terrain. Lequel d’ailleurs est respecté par l’armée sénégalaise», fait-il savoir. Mieux poursuit-il: «cette complicité américaine a également permis la libération des militaires qui étaient retenus prisonniers par le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc)», indique le conférencier qui suit la question depuis 15 ans.

S’agissant des actions entreprises par cette diplomatie expéditive, il liste entre autres «l’appui au déminage, même s’il est aujourd’hui suspendu, le retour des réfugiés et leurs réinsertion… » Nonobstant, il a relevé quelques insuffisances de cette diplomatie expéditionnaire, (limitée dans le temps pour mettre immédiatement fin au conflit). Toutefois, magnifiant le leadership américain, il révèle que cette nouvelle configuration, liée à la «division et la marginalisation des chefs rebelles depuis 2007, fait de l’Etat du Sénégal le maitre du jeu, d’où cette heureuse perspective».

Attention, il ne faut pas dormir sur ses lauriers

Il explique que «les chefs des groupes armés sont, aujourd’hui, les interlocuteurs de l’État mais, la difficulté avec eux, c’est qu’ils n’ont pas la formation pour négocier et sont profondément divisés». Par ailleurs, l’expert français relève, comme élément bloquant, «l’offre de l’État du Sénégal qui est essentiellement économique, qui veut que le développement, c’est la paix. D’où la mise en place du Plan de développement économique de la Casamance, lequel tarde encore à prendre forme».

Revenant sur les exactions sporadiques, il affirme que cela s’explique par le fait qu’il n’y a plus de l’argent donné pour nourrir les rebelles. Alors, devant ce fait, pour survivre, ils sont tenus, par moment, de perpétrer des attaques afin de déposséder les populations. Prenant congé des participants, il averti que «le conflit peut rebondir à tout moment, du fait des anti-Salif Sadio, pour des questions de repositionnement politique ou de par le fait que Salif Sadio est le principal interlocuteur du gouvernement dans les négociations menées par Sant ‘Egidio».
Commentaires